Lucerne: Une étude affirme que l’islam n’est pas un obstacle à l’intégration des jeunes

L’orientation religieuse peut favoriser l’échange et la participation sociale

Lucerne, 28 novembre 2012 (Apic) L’orientation religieuse des jeunes musulmans en Suisse ne constitue pas un obstacle à l’intégration. Au contraire, elle peut parfois favoriser l’échange et la participation à la vie sociale. C’est à cette conclusion qu’aboutit une étude du Centre pour la recherche religieuse de l’Université de Lucerne, présentée le 27 novembre à la presse.

Les auteurs du rapport affirment avoir rencontré des groupes constitués de jeunes musulmans tout à fait normaux, qui respectent le droit et s’appuient sur leur foi. L’atmosphère est parfois semblable à celle des groupes de jeunes chrétiens.

Tout comme avec les communautés chrétiennes, il existe un large spectre dans le domaine de la piété. Mais les chercheurs n’ont décelé aucun point d’appui en vue d’une dérive sociale, a souligné Andreas Tunger, collaborateur au Centre pour la recherche religieuse. «Nous n’avons pas trouvé de poseurs de bombes».

Quelque 440’000 musulmans vivent actuellement en Suisse, ce qui représente une part de 5,5% de la population. Près d’un tiers appartient à la catégorie des jeunes et des jeunes adultes. Parmi eux, la proportion des pratiquants est estimée à 10 à 15%.

Une majorité de pratiquants liés à leur nationalité

Depuis deux ans, le Centre pour la recherche religieuse de l’Université de Lucerne s’est intéressé à l’intégration sociale des jeunes musulmans. Une équipe sous la direction du Professeur Martin Baumann a entrepris des recherches sur cette thématique. Deux sortes de groupes de jeunes ont été mises à jour. Une claire majorité parmi eux sont liés à des mosquées et vivent des traditions et rapports culturels nationaux, comme les Bosniaques, les Albanais et les Turcs. D’autre part, il existe des groupes indépendants, qui se réfèrent à une compréhension globalisante et souvent idéaliste d’une communauté islamique.

Ces groupes de jeunes ont en commun un sentiment d’appartenance à la communauté musulmane et la volonté de s’engager dans le domaine religieux. Cela se traduit par l’observation des prescriptions alimentaires et souvent par la séparation hommes – femmes lors des rassemblements religieux.

Dans les groupes non liés aux mosquées, les langues nationales en Suisse constituent une base commune. Leurs membres se considèrent comme des musulmans suisses, et non comme des Turcs ou des Albanais, relève Jürgen Endres, un des auteurs de la recherche.

Renforcer leur identité et partager leurs expériences

Dans les deux types de groupes, les jeunes trouvent un espace dans lequel ils n’ont pas besoin de se protéger contre la mauvaise image – injustifiée à leurs yeux – de l’islam dans la société. Ils peuvent y renforcer leur identité et partager leurs expériences. Les jeunes y trouvent aussi une aide face aux problèmes du quotidien et pour leurs rapports avec les autorités.

Les jeunes peuvent aussi s’appuyer sur ces groupes pour montrer à l’extérieur une image positive de l’islam et pour bâtir des ponts. Ils ont par exemple collaboré à l’organisation de la Fête fédérale d’Action de grâce (Jeûne fédéral).

Les auteurs de l’étude émettent également des recommandations. Ils invitent les groupes de jeunes musulmans à réaliser encore davantage de projets avec des non musulmans. Ils devraient également plus s’engager au niveau des écoles, ainsi que du travail social et de la jeunesse. Les chercheurs estiment enfin que les médias ne parlent pas assez du monde des jeunes musulmans. (apic/com/ag/job/bb)

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