Des groupes extrémistes rejetés par la plupart des habitants
Alep, 22 novembre 2012 (Apic) La montée en force des islamistes armés dans la zone d’Alep, au Nord de la Syrie, inquiète sérieusement les chrétiens, mais également les musulmans modérés. «Il y a beaucoup d’étrangers de la mouvance salafiste qui combattent à Alep… Ces groupes extrémistes sont rejetés par la plupart des habitants, qui ne les appuient pas», a déclaré jeudi 22 novembre à l’Apic une source chrétienne qui désire conserver l’anonymat.
Depuis quelques temps, les interlocuteurs critiques ne veulent plus parler que sous le couvert d’anonymat, de peur de représailles. «La situation syrienne est complexe. Elle a des racines dans le pays, mais aussi à l’extérieur… A Alep, les djihadistes étrangers venant de Turquie sont nombreux et visibles. A cause de ces groupes fondamentalistes et des combats, beaucoup de gens quittent le pays, notamment les plus riches. Ceux-là sont déjà partis avec leur famille, notamment vers le Liban», confie notre interlocuteur. Il estime que le régime de Bachar al-Assad a encore des ressources et qu’il n’est pas prêt de tomber. On se trouve dans une situation de ’’pat’’, une impasse, affirme-t-il. Et pour le moment, personne n’est en mesure de gagner.
Notre interlocuteur, qui dénonce la répression indistincte des forces gouvernementales, affirme que la guerre en cours n’a pas que des causes internes, même si le régime doit se réformer en profondeur. «Nous sommes victimes du contexte international, c’est une guerre qui sert avant tout des intérêts étrangers», lance-t-il en pointant son doigt vers les pays de la Péninsule arabique. «Ces pays, qui sont loin d’être des démocraties, prétendent vouloir la ’démocratie’ pour la Syrie…»
«Le monde nous a abandonnés… Le régime se durcit de plus en plus, alors que s’accumulent les morts et les destructions. Il faut à tout prix une intervention internationale sur le plan diplomatique, mais surtout pas une intervention militaire, qui aggraverait encore la situation. Il est nécessaire de favoriser les négociations et d’éviter les provocations. Nous voulons d’abord la paix dans le pays et la sécurité pour les citoyens. La démocratie viendra après!»
De son côté, le patriarche d’Antioche Grégoire III Laham qualifie la situation de «tragique et chaotique». Pour lui, cette guerre est une «révolution» sans visage et sans identité. «Il y a dans les 2’000 groupes qui se réclament de la révolution, des droits de l’Homme, on ne sait pas s’ils sont syriens ou étrangers…»
Sur le terrain, les djihadistes du Front Al-Nosra pour le peuple du Levant, une organisation terroriste qui a revendiqué la plupart des attentats-suicides commis depuis le début du soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad, rejette la nouvelle coalition de l’opposition syrienne réunissant 14 groupes et mouvements, dont le Conseil national syrien (CNS). A l’instar du groupe salafiste «Liwaa al-Tawhid», qui combat également à Alep, le Front Al-Nosra a rejoint les islamistes radicaux qui veulent instaurer un Etat islamique en Syrie. Ce qui fait peur non seulement aux minorités chrétiennes, mais également aux musulmans sunnites modérés, aux alaouites, aux chiites, aux druzes et aux autres groupes minoritaires. (apic/be)
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