Non à une médecine à deux vitesses

Suisse: Mgr Büchel et l’Abbé Werlen contre l’initiative «Financer l’avortement est une affaire privée»

Zürich, 21 novembre 2012 (Apic) Le futur président de la Conférence des évêques suisses, Mgr Markus Büchel, s’oppose à l’initiative «Financer l’avortement est une affaire privée». Le projet touche davantage les femmes en situation difficile que celles qui sont aisées, affirme l’évêque de St-Gall sur le site du quotidien alémanique Blick. Le Père Abbé d’Einsiedeln Martin Werlen reproche à l’initiative de réduire l’avortement à une affaire privée.

Pour l’Eglise, la protection de la vie est une question absolument centrale, indique Mgr Büchel. Mais l’initiative passe «à côté de ce but». Elle ne concerne «expressément que le financement de l’avortement. Son but n’est en aucun cas la réduction du nombre d’interruption de grossesse», ajoute l’évêque.

Il y aura encore et toujours des femmes qui opteront pour un avortement. «En tant qu’Eglise, nous ne pouvons pas l’empêcher, et l’initiative ne l’empêchera pas non plus», affirme Mgr Büchel, qui considère ce projet comme «un pas vers une médecine à deux vitesses». «Nous incitons les femmes et leurs proches à opter en faveur de l’enfant non encore né. C’est là notre but le plus important», ajoute-t-il.

L’initiative ne remet pas en question l’avortement

Pour sa part, le Père Abbé d’Einsiedeln affirme dans le Blick: «L’initiative populaire part d’une bonne intention, en s’en prenant à la ’normalité institutionnalisée’ de l’avortement». Le problème, pour Mgr Werlen, c’est qu’elle ne remet pas en question le principe de l’interruption de grossesse, mais la réduit à une affaire privée. «Et elle n’en est justement pas une». L’Eglise a pour tâche de s’engager le plus possible afin qu’il n’y ait plus de raisons d’avorter, lance le Père Abbé d’Einsiedeln.

L’initiative populaire fédérale «Financer l’avortement est une affaire privée – Alléger l’assurance-maladie en radiant les coûts de l’interruption de grossesse de l’assurance de base» a été lancée par un comité hors partis. En juillet 2011 elle a abouti en recueillant 111’000 signatures. Elle a été rejetée en mai dernier par le Conseil fédéral, qui n’a pas opposé de contre-projet. Elle devrait être soumise au peuple au plus tôt fin 2013.

La Conférence des évêques suisses n’a pas encore pris position sur cette initiative. Elle en parlera lors de son assemblée plénière de décembre, a indiqué à l’Apic son porte-parole Walter Müller. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a exprimé son opposition à cette initiative dans une brochure qu’elle a remise le 1er novembre à la Commission fédérale de la sécurité sociale et de la santé publique. «L’avortement n’est pas une affaire privée», affirme-t-elle. La FEPS considère juste que l’assurance maladie prenne en charge les coûts d’un avortement lorsque des femmes enceintes se trouvent dans une situation de détresse sociale. La privatisation du financement de l’avortement serait un premier pas vers la privatisation des avortements, prévient-elle. (apic/gs/bb)

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