France: Débats de société, le pape invite l’Eglise à faire entendre sa voix «sans relâche»
Rome, 17 novembre 2012 (Apic) Alors que la France est le théâtre de manifestations d’opposition au projet de loi gouvernemental sur le «mariage homosexuel», Benoît XVI a encouragé l’Eglise à faire entendre sa voix «sans relâche et avec détermination» dans les débats importants de société.
Dans un discours prononcé au Vatican, le 17 novembre 2012 devant une quarantaine de prélats du Nord-Est de la France en visite «ad limina», le pape a notamment demandé aux évêques comme aux fidèles d’être attentifs aux projets de lois civiles pouvant porter atteinte à la protection du mariage entre l’homme et la femme.
Au 5e jour de la visite au Vatican des évêques du Nord-Est de la France, Benoît XVI a reçu l’ensemble des prélats des provinces ecclésiastiques de Lille, Reims, Paris, Besançon, Dijon, Strasbourg et Metz, mais aussi du diocèse aux armées et les ordinariats des catholiques des Eglises orientales résidant en France.
Dans un discours au ton encourageant, Benoît XVI a évoqué la longue histoire chrétienne de la France, qui ne peut être «ignorée ou diminuée», mais aussi l’importance de «cultiver l’art de célébrer» ou de transmettre la foi aux jeunes générations. Il a assuré que la parole de l’Eglise, que l’on cherche parfois «à ridiculiser ou à marginaliser», était tout de même attendue dans l’Hexagone.
Dans son discours, Benoît XVI a commencé par confier aux 39 évêques des provinces du quart Nord-Est de l’Hexagone que les fidèles du monde entier, et pas seulement de leurs diocèses, attendaient beaucoup de l’Eglise qui est en France, un pays qui possède «une longue histoire chrétienne qui ne peut être ignorée ou diminuée».
«Dans les débats importants de société, la voix de l’Eglise doit se faire entendre sans relâche et avec détermination», a poursuivi le pape. Il a tenu ces propos alors que, ces dernières semaines, les évêques de France n’ont eu de cesse de mettre en garde contre le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux personnes de même sexe, et d’inviter à un véritable débat.
L’Eglise prend la parole «dans le respect de la tradition française en matière de distinction entre les sphères des compétences de l’Eglise et de celles de l’Etat», a justifié le pape. Il a alors expliqué que l’harmonie qui existe entre la foi et la raison lui donne une assurance particulière: «le message du Christ et de son Eglise n’est pas seulement porteur d’une identité religieuse qui demanderait à être respectée comme telle; il porte une sagesse qui permet d’envisager avec rectitude les réponses concrètes aux questions pressantes, et parfois angoissantes, des temps présents».
«En continuant d’exercer, comme vous le faites, la dimension prophétique de votre ministère épiscopal, vous apportez dans ces débats une parole indispensable de vérité, qui libère et ouvre les cœurs à l’espérance», a affirmé Benoît XVI aux évêques avant de se dire convaincu que cette parole était «attendue».
Le matin même, à quelques heures d’importantes manifestations hostiles au «mariage pour tous» dans l’Hexagone, les cardinaux français Vingt-Trois, Ricard et Barbarin avaient signé dans le journal «Le Monde», notamment avec des responsables d’autres religions, une tribune invitant à un débat national sur les enjeux du «mariage pour tous».
Dans son discours, le pape a également appelé les fidèles catholiques à être en cohérence avec leur foi. Et Benoît XVI d’évoquer leur attachement et leur fidélité à l’enseignement moral de l’Eglise tout comme le courage d’afficher leurs convictions chrétiennes, «sans arrogance mais avec respect, dans les divers milieux où ils évoluent».
Puis le pape a lancé une invitation à tous les fidèles, en particulier ceux qui sont engagés dans la vie publique: «Avec les évêques, ils auront à cœur d’être attentifs aux projets de lois civiles pouvant porter atteinte à la protection du mariage entre l’homme et la femme, à la sauvegarde de la vie de la conception jusqu’à la mort, et à la juste orientation de la bioéthique en fidélité aux documents du magistère». Après cette invitation qui laisse peu de place au doute au regard du contexte politique en France, Benoît XVI a jugé plus que jamais nécessaire que de nombreux chrétiens prennent le chemin du service du bien commun en approfondissant notamment la doctrine sociale de l’Eglise.
Benoît XVI a aussi noté «l’énorme défi» à vivre dans une société qui ne partage pas toujours les enseignements du Christ, et qui, parfois, cherche à ridiculiser ou à marginaliser l’Eglise en désirant la confiner dans l’unique sphère privée. Très récemment, le président de l’épiscopat français a été la cible d’un journal satirique. Le pape a assuré que, pour relever ces immenses défis, l’Eglise avait besoin de «témoins crédibles».
Au fil de son discours, le souverain pontife a aussi assuré que la France pouvait s’honorer de compter parmi ses fils et ses filles nombre d’intellectuels de haut niveau, dont certains regardent l’Eglise avec bienveillance et respect. Puis, s’il a soutenu que si d’autres traditions intellectuelles ou philosophiques pouvaient un jour s’épuiser, l’Eglise, quant à elle, trouvait «dans sa mission divine l’assurance et le courage de prêcher, à temps et à contretemps, l’appel universel au salut, la grandeur du dessein divin sur l’humanité, la responsabilité de l’homme, sa dignité et sa liberté».
Puis les évêques ont été invités à «cultiver l’art de célébrer», à aider leurs prêtres en ce sens et à œuvrer sans cesse à la formation liturgique des séminaristes et des fidèles. S’il a relevé le soin dont les évêques français cherchaient à entourer leurs célébrations liturgiques, le pape n’a pas manqué d’inviter au «respect des normes établies», évitant les innovations et «les accommodements subjectifs». Les défis en matière de transmission de la foi aux jeunes générations sont aussi au nombre des thèmes abordés dans ce discours du pape.
La visite «ad limina» sur le tombeau de saint Pierre effectuée par les évêques du quart Nord-Est de la France se poursuit jusqu’au 22 novembre. Depuis le début de leur visite, et leurs rencontres dans les différents dicastères de la curie romaine, les évêques français témoignent du «très bon climat» ambiant. Pour beaucoup, l’attitude des responsables de dicastère a changé depuis la dernière visite de l’épiscopat français, fin 2003 et début 2004. De nombreux chefs de dicastère possèderaient ainsi une plus grande expérience du terrain, car ils étaient encore récemment à la tête d’un diocèse. Ils ont aussi pris conscience que l’épiscopat français avait été parmi les premiers à prendre de plein fouet la vague de sécularisation qui arrive désormais dans leurs pays respectifs. (apic/imedia/ami/be)
La visite «ad limina» vient du latin «ad limina apostolorum», c’est-à-dire «au seuil (des basiliques) des apôtres». Ce nom désigne la visite que chaque évêque fait périodiquement au Saint-Siège. Les évêques européens, et notamment français, font ce pèlerinage tous les 5 ans. Cette visite est d’abord un pèlerinage sur les tombeaux des apôtres saint Pierre et saint Paul. Elle permet également de renforcer les liens avec le Saint-Siège, ainsi qu’entre diocèses voisins et entre provinces proches. Au cours de la visite «ad limina», les évêques rencontrent au Vatican le pape et les responsables des congrégations et des dicastères romains. (apic/cef/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-projet-de-loi-sur-le-mariage-homosexuel-dans-le-collimateur/