Genève: La liberté religieuse doit intéresser les hommes politiques, estime l’AED
Genève, 15 novembre 2012 (Apic) La liberté religieuse est «un droit universel non négociable» et le droit de se convertir est encore méconnu dans un grand nombre de pays, estime Roberto Simona, responsable de l’œuvre d’entraide «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED) pour la Suisse romande et italienne. Dans ce domaine, «la situation est de plus en plus dramatique», commente l’expert suisse des minorités chrétiennes en terre d’islam.
Le chercheur d’origine tessinoise a participé au débat sur «la liberté religieuse et les défis législatifs au plan institutionnel et sur le terrain» qui s’est tenu vendredi 9 novembre 2012 au siège de l’Organisation des Nations Unies à Genève. Il a travaillé à la rédaction du «Rapport 2012 sur la liberté religieuse dans le monde» publié par l’AED en octobre dernier.
Cette rencontre, organisée par Caritas Internationalis, a permis à Roberto Simona de présenter ce nouveau Rapport à un parterre d’ambassadeurs, de représentants de différents Etats et de responsables d’ONG. L’expert a affirmé à cette occasion que le grand défi pour les pays concernés par le non respect de cette liberté fondamentale «consiste à modifier leur propre Constitution». Il s’agit aussi de s’assurer que les changements adoptés sont bel et bien mis en pratiques et appliqués dans la vie quotidienne, martèle-t-il.
Interrogé par Hélène Destombes, de Radio Vatican, sur l’évolution de la liberté religieuse au cours des deux dernières années, Roberto Simona s’est montré pessimiste. Il n’a pas décelé de véritables signes d’un renversement de tendance et, à ses yeux, la situation est au contraire encore plus dramatique aujourd’hui. Le nombre de personnes détenues ou assassinées en raison de leurs convictions religieuses ne fait qu’augmenter, assure-t-il.
Quel est le rôle de l’ONU dans ce domaine? Pour Roberto Simona, l’ONU pourrait devenir le promoteur de projets de formation individuelle et sociale pour améliorer la compréhension et l’éducation vis-à-vis de ce droit. A la question de savoir s’il était satisfait de la rencontre au Palais des Nations, il a répondu qu’il était un homme de terrain, habitué à vérifier sur place les effets des paroles. Pour lui, il ne suffit pas de dénoncer une situation, il faut que les choses changent effectivement.
Pour Mgr Silvano Maria Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à Genève, des indices sont là pour dire que les choses commencent à changer. Des gouvernements mettent désormais, dans leur politique étrangère, la question de la liberté religieuse en tant que l’une des conditions pour traiter avec les autres Etats. On trouve dans différentes capitales des observatoires chargés de suivre les questions religieuses et d’évaluer la possibilité de prévenir les violences contre les communautés religieuses. D’autre part, les médias publient de plus en plus de reportages sur les discriminations dont elles sont victimes.
Le représentant du Vatican espère, avec d’autres pays, l’instauration d’une petite structure indépendante, dans le cadre du système des Nations Unies ou dans le bureau du Haut Commissaire pour les droits de l’Homme. Elle pourrait suivre l’évolution du respect de la liberté religieuse dans le monde. Cet observatoire indépendant pourrait faire intervenir la communauté internationale quand des communautés religieuses sont victimes de violences. Il pourrait aussi permettre à la communauté internationale de jouer un rôle de médiation et de soutien pour garantir la coexistence, avant que n’aient lieu des explosions de violence contre des personnes ou des groupes en raison de leur foi. Une telle idée est déjà en discussion ici et là. L’observateur permanent du Saint-Siège espère qu’elle pourra prendre forme.
Mgr Silvano Maria Tomasi a salué la publication d’un document de l’Université d’Al-Azhar, au Caire, qui soutient la liberté pour toutes les religions. «C’est un développement très nouveau et positif qui pourrait nous indiquer la possibilité, dans la continuité du dialogue avec l’islam, d’arriver à des convergences qui pourront éviter des conflits dans le futur». (apic/com/be)
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