Plus de 1’300 bienvenus chez Lui

Fribourg: Le festival «Prier Témoigner» fait «université comble»

Fribourg, 11 novembre 2012 (Apic) Le 23ème festival pour la nouvelle évangélisation «Prier Témoigner» a rassemblé, les 10 et 11 novembre 2012 à l’Université de Fribourg, plus de 1’300 catholiques de Suisse romande, dans l’émotion et la bonne humeur. La rencontre, avec le thème «Entrez…Bienvenus chez Lui», a développé le sujet de la conversion, ou entrée dans la foi. Témoignages poignants, concerts, ateliers et cérémonies ont souligné l’importance de découvrir et de conserver la foi, malgré les épreuves de la vie.

«Devant vous, se trouve une folle!» C’est ainsi que la Burundaise Marguerite Barankitsé a apostrophé l’audience, lors d’un des moments les plus émouvants du festival. «Mais à la sortie de cette salle, vous devrez être fous ou folles comme moi», a-t-elle asséné. «Maggy» Barankitsé a appelé les quelques 1’000 adolescents présents dans une aula de l’université de Fribourg archi pleine à avoir la folie de «proclamer de par le monde votre fierté d’appartenir à la famille chrétienne». L’exemple, comme moyen d’évangélisation a souvent été à l’honneur lors du festival. Et celui de «Maggy» est exceptionnel. Elle a créé, après le massacre interethnique de 1993 au Burundi, la Maison Shalom. La structure a permis de sauver des milliers d’orphelins. La Burundaise raconte les tortures qu’elle a subies, les menaces mortelles qu’elle a affrontées, et les décès de nombre de ses proches. Malgré cela, sa foi est restée entière et intense. La «maman» du Burundi affirmant même la nécessité de pardonner à ses bourreaux. Dans cette optique, elle a délibérément accueilli dans sa structure des enfants de ces «bourreaux». «Maggy» a expliqué, avec une énergie communicative, comment elle s’efforce de créer une génération d’enfants «qui ne se vengera pas».

Le frigo du Bon Dieu est ouvert

Le Frère dominicain David Macaire, présentant avec entrain et humour le thème de la rencontre, a souligné l’importance de se conduire correctement lorsqu’on est accueilli «chez Lui», c’est-à-dire dans le monde. Un monde ou Dieu a «tout préparé pour notre bonheur». Dans cette «civilisation de l’amour» établie par Dieu, nous ne devons pas oublier que nous avons tout «reçu», et que nous devons éviter de nous sentir «propriétaires». Pour lui, c’est cette idée de l’homme que tout lui appartient, qui l’amène à détruire la nature ou son corps. Tout en appelant les jeunes présents à respecter les dons qui leur ont été offerts, il les a envoyé profiter du programme du festival en assurant que «le frigo du Bon Dieu est ouvert».

Tai chi et caravanes

Les autres témoignages présentés lors de la soirée du samedi 10 novembre ont tous souligné la beauté et la grandeur de la découverte et de l’entretien de la foi dans des circonstances difficiles. Un jeune garçon est venu expliquer comment, après le douloureux divorce de ses parents, il a réussi, grâce à la foi présente dans sa famille, à se reconstruire dans une vision positive de l’existence. Un jeune Egyptien copte orthodoxe a parlé de ses actions pour entretenir une bonne cohabitation avec ses voisins musulmans, dans un pays où le fait même d’être chrétien est une épreuve. D’un autre pays où la foi chrétienne rencontre des difficultés, la Chine, un jeune converti a présenté une démonstration de tai chi. Aude Morisod, de l’aumônerie suisse des gens du voyage est également venue expliquer comment sa foi se retrouve affermie au contact de ces chrétiens à la culture et aux mœurs si différents des nôtres.

De Voltaire à la Vierge

Pour clôturer les témoignages de la soirée, le philosophe français Fabrice Hadjadj, nouveau directeur de l’Institut «Philanthropos» à Bourguillon/Fribourg, a partagé avec le public l’expérience de sa conversion à la foi catholique. D’une famille juive, imprégnée d’idéaux voltairiens et farouchement anticléricale, la découverte de la foi chrétienne était, pour le philosophe, loin d’être acquise au départ. Il a raconté comment il a vécu pas à pas sa rencontre avec le Christ. Il a expliqué comment il s’est tout d’abord rendu compte que la vérité de l’homme était dans son «déchirement», son «cri vers le ciel», relatif au mystère de son existence. Ensuite, lors d’une tentative de détournement littéraire des textes sacrés, il a été impressionné par la «puissance» et la réalité des récits prophétiques de l’ancien Testament. Il dit avoir connu plus tard une «paix de l’être», en priant la Vierge dans une église pour son père malade. C’est à partir de là qu’il a commencé son «chemin d’unité» vers le Christ.

Une conversion continue

Mgr Charles Morerod a souligné, dans un atelier du dimanche 11 novembre, que «la foi grandit seulement quand elle est vécue». Dans le contexte de l’Année de la foi et de la lettre apostolique «Porta Fidei» (la porte de la foi) de Benoît XVI, l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg a commenté avec à-propos les paroles de sagesse du Saint-Père. En accord avec le thème du festival, il a rappelé que l’Année de la foi était un appel à la conversion. Mais pas juste à la conversion des personnes non chrétiennes. Pour les croyants, c’est un appel à «comprendre et à vérifier notre foi». Car être chrétien, a assuré Mgr Morerod, c’est refuser la suffisance. Au contact des témoins aussi exemplaires que ceux qui sont intervenus lors du festival, «nous réalisons que nous ne sommes jamais complètement à la hauteur», a conclu l’évêque.

Encadré

Trois âges, trois motivations

Même si le festival «Prier Témoigner» est principalement destiné aux jeunes, c’est toute la diversité du monde catholique de Suisse romande qui s’y retrouve. Toutes les générations s’y côtoient et chacun y trouve son compte. Les adolescents et jeunes ont particulièrement apprécié les concerts du groupe de rock chrétien «Syméon» qui a ponctué de ses mélodies les différentes parties de l’événement. Des activités et une garderie étaient prévues pour les touts petits et les adultes ont pu profiter d’exposés plus pointus au niveau théologique.

Marie-Noëlle, 55 ans, vient depuis vingt ans chaque année de Genève à «Prier Témoigner». Même si elle se rend surtout pour les témoignages, d’autres aspects des festivités lui sont importants. Cette épicurienne apprécie entre autres le repas pris en commun, où on peut «à la fois bien manger et faire des rencontres intéressantes». Animée principalement par le raffermissement de sa foi, elle met en avant le côté extrêmement convivial de la rencontre.

David, 27 ans, venait pour la première fois au festival. Avec son groupe de «scouts d’Europe», il espérait «voir ce que l’Eglise catholique peut offrir aux jeunes en Suisse romande». Il a particulièrement apprécié que les organisateurs n’aient pas pris les jeunes «pour des abrutis». Il a été content de voir que les activités s’adressaient «autant au cerveau qu’au cœur». Il a aussi noté la «bonne qualité d’écoute» de la jeunesse présente, qu’il a trouvé «studieuse» et plutôt sage. Le scout a regretté toutefois qu’il n’y ait pas eu plus de jeunes dans la tranche 20 à 30 ans.

Marie, 17 ans, vient chaque année au festival, depuis qu’elle est toute petite. L’habitante de Villaz-St-Pierre, dans le canton de Fribourg, dit surtout apprécier les témoignages. Comme beaucoup d’autres jeunes présents, elle a été très émue par l’intervention de «Maggy» Barankitsé, qu’elle a trouvé extrêmement courageuse. Elle apprécie aussi le fait de pouvoir rencontrer beaucoup de monde, notamment lors du repas en commun. La jeune fille estime que cette année, les témoignages étaient particulièrement bouleversants et l’ambiance «très sympa». (apic/rz/ggc)

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