Conduire les pèlerins à la Source
Fribourg, 5 novembre 2012 (Apic) Plus de 200 hospitaliers ont participé au 5e Congrès des Hospitalités helvétiques de Notre-Dame de Lourdes, à l’Université de Fribourg du 3 au 4 novembre 2012. Plusieurs conférences et témoignages ont marqué cette rencontre, dont les interventions du Père Horacio Brito, recteur des sanctuaires de Lourdes. Il a exhorté les congressistes à montrer aux pèlerins la ’Source’, à l’instar de la Vierge Marie à Bernadette.
Foule de pèlerins en marche, bougies à la main, moments de ferveur et de prières, trains transportant des malades vers Lourdes… Le film projeté en début de Congrès par l’Hospitalité de Suisse Italienne a plongé l’Aula Magna de l’Université de Fribourg dans cette formidable atmosphère des pèlerinages à Notre-Dame de Lourdes. Sur les visages des hospitaliers, on pouvait deviner toutes les émotions que suscite Lourdes.
Après Sion en 1987, Lugano en 1989, Einsiedeln en 2004 et Genève en 2008, ce fut au tour de Fribourg d’accueillir le 5e congrès des Hospitalités helvétiques, ce week-end du 3 et 4 novembre 2012 à l’Université. «Hospitaliers et pèlerins», tel fut le thème de ce rassemblement qui a tenu en haleine les 200 congressistes venus des quatre coins de la Suisse.
Dans son mot d’accueil, la présidente de l’Hospitalité de Suisse Romande (HSR), Sylviane Python-Terreaux, a rappelé l’engagement et le rôle des hospitaliers dans la vie de l’Eglise. «Ils s’engagent volontairement et bénévolement à rencontrer dans l’amitié chaque malade et à découvrir toujours mieux le monde de ceux qui souffrent. Ils participent, à leur frais, au pèlerinage interdiocésain et, par divers services, ils le rendent possible aux malades et aux personnes handicapées. Ils s’engagent aussi à l’effort fait dans les diocèses par tous ceux qui, à titres divers, sont membres de la pastorale de la santé. Les membres de l’Hospitalité sont dans la vie courante des membres actifs de leur communauté chrétienne habituelle. Ils participent à la vie liturgique de l’Eglise», a-t-elle valorisé.
Dans ses interventions, le Père Horacio Brito, recteur des sanctuaires de Lourdes, a proposé une lecture de l’histoire des apparitions de Bernadette à la lumière de l’Evangile. Cette approche a souligné le rôle de la Vierge Marie dans la vie d’un chrétien, à partir de l’épisode des noces de Cana (Jean 2, 1-12). Selon le Père Brito, Marie n’était pas la protagoniste de cette histoire. Au contraire, elle se présente comme une servante. «La Vierge, en demandant à Jésus de faire quelque chose, porte chacun d’entre nous à son Fils et, en servante, elle vient nous dire: ’Faites tout ce qu’il vous dira’». Ces paroles de la Vierge ont, selon le Père Brito, un lien avec celles de Jésus le jeudi saint: ’Faites ceci en mémoire de moi’». Le rôle de Marie consistera à ouvrir un espace pour que l’homme puisse prononcer sa parole de détresse, de pauvreté, de misère et de pécheur. Ensuite, elle ouvrira l’espace pour que le fils de Dieu, le Christ, puisse prononcer sa parole, de telle manière que la parole de Dieu fasse alliance avec l’Homme.
Lors des apparitions, la Vierge Marie, en servante, montrera à Bernadette la Source. Marie n’est pas la Source, mais elle en est le fruit le plus précieux. S’adressant aux congressistes, le Père Brito a déclaré que «de la même façon, l’hospitalier n’est pas la Source. Mais il montre, aux malades et aux pèlerins, le chemin qui y conduit. Si l’hospitalier ne s’efface pas pour montrer la Source, il risque de la cacher, de la boucher, voire de l’ignorer». Et de cette rencontre avec la Source jaillit quatre fruits: la charité et le service, le témoignage et la mission, la prière et enfin la vie sacramentelle, à savoir les sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie.
De son côté, l’abbé Gérald Carrel, aumônier au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), a témoigné de son expérience auprès des malades et des personnes âgées. Dans son ministère, il cherche à imiter l’attitude de Jésus cheminant avec les disciples d’Emmaüs. Une attitude faite d’écoute, permettant à l’autre d’exprimer sa déception, sa souffrance et sa tristesse. Une posture qui évite de se contenter de mots ou de concepts, mais qui permet d’être présent à l’autre. Cela demande une attitude d’ouverture, d’accueil de l’autre, de disponibilité et de confiance. Car «ma foi et mon image de Dieu ne sont pas celles des malades auxquels je suis confronté», a-t-il affirmé.
L’expérience de Dieu de l’abbé Carrel s’est approfondie au fil des rencontres avec les patients. Ainsi distingue-t-il le Dieu de Jésus Christ, en qui il croit, du Dieu logique, du Dieu interventionniste qui punit et du Dieu juste et menaçant. «Ces conceptions de Dieu très répandues parmi nous résultent des éducations reçues et des chemins de vie divers. Dans mes rencontres, la première image de Dieu que j’arbore est l’image du Dieu de Jésus-Christ, un Dieu Père à l’exemple du père de l’Enfant prodigue (Luc 15, 12-32). S’il y a une bonne nouvelle à porter aux malades, c’est celle-ci: ’Dieu t’aime comme un père. Il t’aime le premier, inconditionnellement, infiniment et gratuitement’. Et la foi, c’est découvrir que je suis aimé et accepter d’être aimé gratuitement», a-t-il poursuivi. Enfin, l’abbé Carrel a salué l’engagement auprès des patients, en particulier le travail du personnel soignant du service des soins palliatifs du CHUV.
Dans sa conférence sur le thème «l’hospitalité dans le cadre du pèlerinage», Mgr Rémy Berchier, directeur du pèlerinage interdiocésain de printemps de la Suisse romande à Notre-Dame de Lourdes, a touché les congressistes par un ’hymne’ à l’hospitalité. Celui qui accueille est normalement le maître. Mais dans le pèlerinage à Lourdes, le maître sera le malade. «Accorder l’hospitalité signifie que l’on laisse l’autre, quel qu’il soit, entrer chez soi. Dès lors, cela peut entraîner de ’sacrés’ dérangements, d’inévitables déplacements, engendrer une part d’inconnu et d’inattendu. Il en nécessitera donc une très grande disponibilité intérieure, une saine et sainte perméabilité, une ouverture et une acceptation de se laisser bousculer, voire même, transformer par l’autre qui vient chez moi», a-t-il affirmé. Pour le vicaire épiscopal de la partie francophone du canton de Fribourg, l’hospitalité gagne en qualité «si nous sommes disponibles et bien avec nous-mêmes. Cette disponibilité nous emmène vers une autre conclusion: offrir l’hospitalité devient tout autant recevoir que donner! Je ressors grandi, construit, façonné, nourri intérieurement en offrant l’hospitalité! C’est peut-être pour cette raison que la langue française, pourtant si riche en nuances et si difficile, donne un double sens au mot ’hôte’. En effet, il englobe autant celui qui accueille que celui qui est accueilli. Ne serait-ce pas, justement, parce que les deux offrent et reçoivent?», s’est-il demandé. Souscrivant à l’affirmation d’Enzo Bianchi, prieur de la communauté de Boze en Italie, Mgr Berchier a rappelé qu’on offre l’hospitalité parce qu’on est Homme, pour devenir Homme, pour humaniser sa propre humanité.
Selon Mgr Berchier, l’hospitalité dans le cadre d’un pèlerinage est une manière de vivre ensemble, une manière d’être. «Nous sommes enrichis personnellement et spirituellement quand nous vivons et pratiquons l’hospitalité, c’est une bénédiction: ’Venez les bénis de mon Père!’», a-t-il témoigné.
L’hospitalité est un élément essentiel de l’édification d’une communauté chrétienne. Elle est le meilleur moyen de promouvoir l’amour fraternel. Elle est un outil d’évangélisation efficace, à la portée de tous et dans lequel tout le monde se retrouve. «Dans le même sens, à la suite du Christ qui s’agenouille aux pieds de ses apôtres pour leur laver les pieds, vous nous rappelez le sens du service et la parole de Jésus: ’Vous devez aussi vous laver les pieds les uns des autres’. Vous êtes l’image du Christ serviteur et vous nous incitez à l’être à sa suite», a-t-il exhorté.
Ce 5e Congrès a connu également les conférences d’Antoine Tierny, président de l’Hospitalité internationale, et de Francis Rime, médecin du pèlerinage de Suisse romande.
A la fin de la première journée, les congressistes ont assisté, à la cathédrale St-Nicolas de Fribourg, à une messe célébrée par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg. Les autres moments de prières ont été dirigés par le chanoine Jean-Pierre Liaudat.
Les hospitalités regroupent les associations des hospitaliers et hospitalières de Notre-Dame de Lourdes des régions linguistiques de Suisse. Elles sont au nombre de trois: l’Hospitalité de Suisse romande (HSR), l’Hospitalité de Suisse alémanique et rhéto-romane, et l’Hospitalité de Suisse italienne, présidées respectivement par Sylviane Python-Terreaux, Paul Metzger et Ivo Pelligrini. Selon Sylviane Python-Terreaux, le Congrès est une occasion privilégiée pour rassembler les Hospitalités chaque quatre ans, pour partager les difficultés et les expériences diverses. Il permet de mieux se connaître et de collaborer.
L’HSR a la spécificité de regrouper les trois associations diocésaines d’hospitalières et d’hospitaliers de Suisse romande: Lausanne-Genève-Fribourg, Sion, Bâle-Jura pastoral. Les parties germanophones de Fribourg et du Haut-Valais font partie intégrante de l’HSR.
Plus d’informations sous www.hospitalitesuisseromande.ch. (apic/ea/ggc)
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