Non au «mariage de quelques-uns imposé à tous»

Lourdes : Mgr Vingt-Trois ouvre l’assemblée de la Conférence des évêques de France

Lourdes, 3 novembre 2012 (Apic) Dans son discours d’ouverture de l’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France le 3 novembre 2012 à Lourdes, le cardinal André Vingt-Trois n’a pas manqué d’interpeller le pouvoir politique français sur la question du mariage homosexuel, de la protection de la vie et de la laïcité. «L’élection présidentielle et les élections législatives ne constituent pas un blanc-seing automatique, surtout pour des réformes qui touchent très profondément les équilibres de notre société» a souligné l’archevêque de Paris.

Le gouvernement veut faire «passer en urgence des mutations profondes de notre législation qui pourraient transformer radicalement les modalités des relations fondatrices de notre société. Des changements de cette ampleur imposaient un large débat national qui ne se contente pas d’enregistrer des sondages aléatoires ou la pression ostentatoire de quelques lobbies», a relevé d’emblée le président de la Conférence épiscopale. «Puisque ce débat n’a pas encore été organisé, nous voulons du moins exprimer un certain nombre de convictions et alerter nos concitoyens sur la gravité de l’enjeu».

Une transformation du mariage qui toucherait tout le monde.

«Contrairement à ce que l’on nous présente, le projet législatif concernant le mariage n’est pas simplement une ouverture généreuse du mariage à de nouvelles catégories de concitoyens, c’est une transformation du mariage qui toucherait tout le monde. Ce ne serait pas le ’mariage pour tous’ (étrange formule qu’il ne faut sans doute pas prendre au pied de la lettre !). Ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous», a relevé le cardinal.

«La question fondamentale est celle du respect de la réalité sexuée de l’existence humaine et de sa gestion par la société». Imposer, dans le mariage une vision de l’être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait «une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants» a insisté Mgr Vingt-Trois.

L’archevêque de Paris appelle les chrétiens, et tous ceux qui partagent leur analyse à saisir leurs élus en leur écrivant des lettres personnelles, pour faire connaître et entendre leur point de vue. «Nous ne sommes pas dans une défense de je ne sais quels privilèges confessionnels. Nous parlons pour ce que nous estimons le bien de tous. C’est pourquoi nous ne mettons pas en avant la question du sacrement de mariage qui est une vocation particulière, mais la fonction sociale du mariage qui ne dépend d’aucune religion.»

Le droit de l’enfant

Le cardinal a également insisté sur le droit de tout enfant venu au monde à connaître ceux qui l’ont engendré et à être élevé par eux, conformément à l’article 7 de la ’Convention Internationale relative aux droits de l’enfant’ ratifiée par la France en 1990. Face au débat de bioéthique, Mgr Vingt-Trois a rappelé le principe de base selon le quel «aucun être humain n’a le pouvoir de disposer de la vie de son semblable, à quelque stade que ce soit de son développement ou de son itinéraire et quels que soient les handicaps dont il peut être frappé ou la détérioration de son état de santé. Chacun de nous est responsable du respect de cet interdit absolu du meurtre et notre société doit s’employer à éliminer les manquements à cette obligation.»

Vatican II est devant nous !

De retour du Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation à Rome, le président de la conférence épiscopale s’est également attardé sur l’héritage du Concile Vatican II. «Le Concile Vatican II n’est pas derrière nous, il est devant nous ! Il est encore largement devant nous pour ses fruits. Il est devant nous pour sa fécondité. Il est devant nous pour le développement des dynamismes qu’il a suscités dans l’Église, par l’intérêt qu’il a soulevé dans le monde.»

«Nous ne sommes pas les gardiens nostalgiques d’un esprit du Concile qui serait partout sauf précisément dans les textes du Concile. Nous ne sommes pas les survivants d’une espèce de vieille armée, blanchie sous le harnais, et qui veut à tout prix entretenir les souvenirs de sa jeunesse,» a relevé Mgr Vint Trois.

L’attention à la parole de Dieu, l’ouverture au monde le dialogue œcuménique et interreligieux sont aux yeux du cardinal trois des principaux acquis de Vatican II. Pour la France, «le passage d’un christianisme sociologique à un christianisme de conviction s’est accéléré et nous en retrouvons les traces dans l’éloignement pratique de beaucoup de baptisés par rapport à la vie de leur Église. Moins que d’une hostilité, qui est plutôt le fait de quelques militants, il s’agit plutôt d’une indifférence. Mais ces chrétiens «indifférents» sont aussi nos fidèles et tous nos efforts pastoraux sont mobilisés pour les rejoindre et raviver, s’il se peut, la mèche qui fume encore. D’autres secteurs entiers de notre société sont complètement ignorants du christianisme dont ils ne connaissent que les caricatures médiatiques». Cette grande diversité de notre environnement social appelle à une révision constante des approches et des initiatives, a plaidé le président de la CEF. (apic/com/mp)

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