Existe-t-il une réflexion judéo-chrétienne?
Lucerne, 28 octobre 2012 (Apic) Qu’est-ce qui est juif ou chrétien, et y a-t-il une réflexion judéo-chrétienne? C’est à partir de ces questions, et bien d’autres en rapport avec ces deux traditions religieuses, que la Société suisse de théologie (SSTh) a tenu son colloque annuel sur le thème «Les études juives: une interpellation et un défi à la théologie chrétienne», les 25 et 26 octobre à l’Université de Lucerne.
Les intervenants ont abordé cette thématique d’un point de vue moral et éthique, ainsi qu’à partir des différentes traditions de la lecture biblique. Le colloque a été organisé avec la collaboration de l’Institut œcuménique et de l’Institut pour la recherche judéo-chrétienne, de l’Université de Lucerne.
Christoph Dohmen, de Ratisbonne en Allemagne, a mis en évidence les différences entre juifs et chrétiens dans la lecture biblique. La Bible juive est la Bible hébraïque, que les chrétiens appellent «Ancien Testament». Et, selon la tradition chrétienne, elle se lit avec l’éclairage du Nouveau Testament, ce qui peut en modifier le sens. La lecture biblique juive se situe à l’intérieur d’une tradition exégétique. L’interprétation rabbinique ne se considère pas comme un commentaire avec une distance scientifique, mais comme un discours uniquement biblique, et comme une extrapolation du texte biblique.
Des voix juives se sont exprimées lors de ce colloque. Myriam Bienenstock, de l’Université François Rabelais à Tours en France, s’est exprimée sur la question: «Tu te rappelleras» est-il un impératif spécifiquement juif? Selon la grammatique hébraïque ancienne, «se rappeler» concerne autant le passé que le futur. Il ne s’agit donc pas seulement d’un «moyen mnémotechnique» culturel, mais également d’une interpellation avec une dimension morale, qui peut même avoir des conséquences vers un engagement juridique ou politique.
Le rabbin Moshe Navon, d’Emmendingen en Allemagne, a abordé une approche juive de Jean le Baptiste et Jésus de Nazareth. Il a donné un éclairage particulier des textes du Nouveau Testament en les interprétant avec des correspondances tirées de la Bible hébraïque et des textes de Qumran. Ainsi, Jean le Baptiste apparaît comme un représentant du courant de pensée essénien et d’une eschatologie imminente, alors que l’enseignement de Jésus le place plutôt vers une pensée pharisaïque et une eschatologie différée. Cela signifie que pour lui, la fin des temps est perçue comme un processus. (apic/rw/bb)
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