Pas d’»autorisation vaticane» pour construire ce mur «illégal» sur les terres de l’Eglise

Jérusalem: Les évêques de Terre Sainte dénoncent les confiscations de terres par Israël à Crémisan

Jérusalem, 24 octobre 2012 (Apic) Les évêques catholiques de Terre Sainte ont dénoncé le 24 octobre 2012 les confiscations de terres par Israël dans la zone de Bethléem-Beit Jala. Contrairement à ce que prétendent les autorités israéliennes, il n’y a pas eu d’»autorisation vaticane» pour construire un mur de séparation sur les terres de l’Eglise dans la vallée de Crémisan, soulignent-ils. Cet ouvrage, «illégal au plan du droit international», est prévu près de la ville de Bethléem et des colonies illégales de Gilo et Har Homa.

L’Assemblée des chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte (AOCTS) condamne le tracé prévu par le projet d’un mur de séparation dans la vallée de Crémisan, rapporte mercredi 24 octobre la presse israélienne. Danny Tirza, un ex-colonel de l’armée israélienne, affirme pour sa part s’être rendu personnellement au Vatican pour négocier les détails d’un accord sur le passage du mur de séparation et qu’il aurait montré des plans au sous-secrétaire d’Etat du Vatican. «Je lui a montré tous les plans et il en a signé certains», a déclaré le colonel Tirza, cité par le quotidien israélien «The Jerusalem Post» du mercredi 24 octobre 2012.

Objection des communautés chrétiennes

Selon le site internet du Patriarcat latin de Jérusalem (http://fr.lpj.org), «il n’y a pas d’accord entre l’Eglise et les autorités israéliennes sur le mur de Crémisan». Le gouvernement israélien, sans tenir compte des objections des communautés chrétiennes locales et des congrégations religieuses concernées, prévoit la construction d’un mur séparant la vallée de Crémisan de Bethléem et des villages voisins. Ainsi les Salésiens de Crémisan n’ont jamais demandé de «passer du côté israélien», comme on l’a improprement fait croire du côté israélien,

«Véritable espace vert, la vallée de Crémisan est le poumon principal sans lequel la population de Bethléem ne peut respirer», affirme l’AOCTS. En effet, séparés de Crémisan, les communautés locales des villages d’Al Walaja et de Beit Jala, une localité majoritairement chrétienne, se verront privées de l’une de ses dernières grandes zones agricoles et récréatives ainsi que de sources d’eau cruciales pour les agriculteurs.

De la terre confisquée à 58 familles chrétiennes de Beit Jala

«58 familles chrétiennes de Beit Jala dont la subsistance dépend essentiellement de cette terre en seront privées», alerte l’AOCTS dans une prise de position signée par son président, le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal. Le document est également signé, entre autres, par Mgr Elias Chacour, archevêque grec-melkite catholique d’Akka et vice-président de l’AOCTS, ainsi que par Mgr Giorgio Lingua, nonce apostolique en Jordanie, Mgr Waldemar Sommertag, chargé d’Affaires de la délégation apostolique à Jérusalem et en Palestine et de la Nonciature apostolique pour Israël et Chypre, et le Père franciscain Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte.

Une école «à l’aspect carcéral» entourée par des barrières militaires

Le communiqué rappelle en outre que les deux congrégations locales salésiennes qui se trouvent sur l’itinéraire du mur de séparation «seront négativement affectées dans leur travail missionnaire envers la communauté locale». Les 450 enfants qui fréquentent l’école des sœurs salésiennes devront aller «dans une école à l’aspect carcéral, entourée de barrières militaires et de check-points».

Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice de La Haye avait jugé le mur de séparation illégal en vertu du droit international. L’Assemblée des évêques ayant la même position, elle a donc donné mandat à une organisation catholique pour les droits humains basée à Jérusalem, la «Société Saint-Yves», de déposer plainte contre les autorités militaires israéliennes.

Un moyen supplémentaire pour faire partir les chrétiens de Bethléem

Le projet de construction du mur mettra davantage de pression dans les rangs des chrétiens qui vivent à Bethléem. Sans un revenu fixe et sans avenir pour leurs enfants, beaucoup plus de gens encore vont prendre la décision de quitter la Terre Sainte.

Les chefs des Eglises catholiques de Terre Sainte, niant «catégoriquement l’existence d’un accord explicite ou implicite entre le Vatican, l’Eglise locale et les autorités israéliennes au sujet de la construction de ce mur illégal», en appellent avec force à l’Etat d’Israël afin qu’il s’abstienne de mettre en oeuvre son plan visant à séparer la vallée de Crémisan de Bethléem. (apic/com/lpj/be)

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