Vaud: Les agents pastoraux en session à Annecy

Accueillir les familles en deuil

Lausanne, 15 octobre 2012 (Apic) L’accompagnement des familles en deuil a été au centre des conférences, réflexions et débats organisés, du 9 au 11 octobre 2012 par l’Eglise catholique du canton de Vaud, à Saint-Jorioz près d’Annecy en France. 140 prêtres, diacres, agents pastoraux laïcs vaudois et bénévoles actifs dans les célébrations de funérailles ont suivi la session.

La thanatologue Alix Noble a raconté, par le conte, ce que vivent les accompagnants des mourants. Elle a ouvert la session sur la pastorale du deuil en rapportant l’angoisse d’une femme émotive. Elle recueille un oiseau venant de s’écraser. Sous un douillet duvet, elle ne sent qu’un pauvre squelette démembré, précise un communiqué de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud (ECVD) du 15 octobre.

«Je donne à mon public une image à ce que nous ne connaissons pas», a confié la spécialiste vaudoise, d’origine réformée. La conférencière se souvient, «toute petite, d’un énorme bûcheron que je prenais pour un ogre et dont j’ai entendu dans un temple les sanglots inarticulés, la tête et le visage entièrement dissimulés derrière son chapeau. J’ai compris qu’il disait: maman!». Cette image est restée gravée dans la mémoire d’Alix Noble. Aujourd’hui comme anthropologue, elle encourage l’expression de notre angoisse face à notre fin.

Vidéo «Accompagner la mort, c’est accompagner des vivants !», réalisée par Pascal Fessard

Se confronter avec le corps mort

«Il faut oser cette confrontation avec le corps mort. C’est l’envers de ce que pratiquent de plus en plus nos sociétés occidentales, avec des funérailles souvent confiées à des entreprises de pompes funèbres et avec une jeunesse familière de la violence dans des jeux vidéo sanglants. La mort devient imaginaire et est escamotée», a déclaré cette mère d’enfants aujourd’hui adultes.

Cherchant à prendre le contre-pied de cette évolution, Alix Noble a encouragé la mise en place de rituels pour enterrer nos morts. «Nous en avons besoin pour faire le deuil de nos proches. Heureusement, vous les catholiques, vous avez encore des rites et vous devez vous efforcer de les garder et de les développer».

Les rites et la liturgie de l’Eglise catholique pour accompagner les personnes décédés et leurs proches sont précis. «Mais ils ne nous disent pas comment agir concrètement», a indiqué le Père Angelo Sommacal du diocèse de Toulon, intervenant le second jour. A ses yeux, il est prioritaire d’intégrer l’amour des uns envers les autres dans notre vie de baptisés, à l’exemple du Christ bouleversé par la mort de Lazare. «C’est une attitude de compassion et d’amour face à ceux qui sont dans le deuil. C’est la charité de l’Eglise d’accompagner le défunt, qu’il soit un bandit, un saint ou un incroyant. L’officiant adressera aux endeuillés une parole chaleureuse, en affirmant la puissance de la vie et en présentant la mort comme un passage».

Et après l’enterrement?

Des questions plus terre à terre, comme la collaboration avec les pompes funèbres, le cercueil ouvert à l’église, l’accueil des demandes folkloriques de la part de proches, ont été abordées par des prêtres de paroisse lors de la table ronde, animée par le journaliste Fabien Hunenberger, animateur des émissions religieuses de la Radio Télévision Suisse (RTS).

«J’ai l’impression de vivre un nouvel enterrement, a réagi une agente pastorale. Beaucoup de familles regrettent que l’Eglise soit absente auprès des familles endeuillées après les funérailles. Quelle proposition pouvons-nous leur faire?»

Le Père Angelo Sommacal a insisté sur l’importance de l’écoute avant et après les funérailles. «L’aspect liturgique peut se réduire à peu de choses et nous avons, dans ces occasions, à nous remettre en question sur le témoignage de notre foi». Le vicaire épiscopal, Marc Donzé, a insisté sur l’importance d’organiser le temps des funérailles comme un moment qui aide à porter l’épreuve vécue par l’entourage des défunts.

Des funérailles avec des laïcs

La mission des Equipes d’accompagnement aux funérailles (EAF) est en voie de s’organiser dans les Unités pastorales (UP) du canton de Vaud, à partir des orientations pastorales débattues et formalisées ces dernières semaines. Des EAF se constitueront ces prochains mois, avec un temps de formation et d’accompagnement pour les bénévoles en charge de ce ministère en paroisse (lire encadré). «Nous aurons des EAF comprenant au moins un prêtre et un agent pastoral laïc dans chacune d’entre elles», a insisté l’abbé Donzé. Ce dernier a soutenu le souhait d’Alix Noble de voir les EAF offrir des cérémonies et des accompagnements non ecclésiaux aux personnes éloignées de l’Eglise.

Grandir par la bonté

La mise en place des EAF a été confiée à Dieu, lors d’une messe clôturant la session. Le vicaire épiscopal Marc Donzé a rappelé aux agents pastoraux présents que c’était l’occasion de confier à Dieu tout ce que nous avons encore à organiser et de se rappeler qu’il y a cinquante ans, le 11 octobre 1962, s’ouvrait le Concile Vatican II. Ouvert par le bon pape Jean XXIII, il «a d’abord été un événement de paroles qui allaient dans tous les sens, mais qui étaient guidées par l’Esprit. Ces paroles ont ensuite été régulées par Paul VI». «Qu’il en soit ainsi pour faire grandir chacun de nous!».

Encadré

Formation des bénévoles pour les EAP

Le Service Formation et accompagnement (SEFA) du département des adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud organisera une première session de formation, au printemps, et une seconde, en automne 2013. Chacune comprend un cycle de cinq mardis, de 9h à 16h30 à l’hôtel de La Longeraie à Morges, suivi d’un stage pratique. Les personnes formées recevront ensuite un mandat officiel du vicaire épiscopal pour animer et présider les funérailles, au nom de la communauté où habite le défunt.

Date de la session de printemps

5 mars 2013: La mort, le deuil et ses rites

19 mars 2013: A l’écoute des familles éprouvées

16 avril 2013: La foi et la résurrection et l’espérance chrétienne

7mai 2013: Un rituel adapté aux situations

28 mai 2013: Questions pratiques et pastorales.

Les inscriptions sont enregistrées jusqu’au 15 février.

Plus d’informations au 021 613 23 33 ou sur service.formation@cath-vd.ch. (apic/com/ggc)

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