La Conférence épiscopale réfléchit aux moyens pour en finir avec l’hémorragie de ses fidèles
Brasilia, 28 septembre 2012 (Apic) Les catholiques au Brésil sont désormais moins des deux tiers de la population, même s’ils demeurent néanmoins largement majoritaires dans le pays, avec plus de 123 millions de fidèles. Les évangéliques sont par contre en forte croissance. Les évêques brésiliens formant le Conseil épiscopal pastoral (CONSEP) se sont réunis le 25 septembre au siège de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) pour réfléchir aux moyens pour en finir avec l’hémorragie de leurs fidèles.
Les évêques ont analysé la cartographie des religions du pays, présentée dans le cadre du recensement 2010 effectué par l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE). La réflexion a notamment porté sur les initiatives pastorales qui doivent être prises ou renforcées pour faire face à la baisse confirmée du nombre de fidèles.
Selon l’IBGE, les résultats du recensement démographique 2010 ont démontré la montée de la diversité des groupes religieux au Brésil. Le nombre de catholiques a continué à baisser, passant de 70,2% à 64,6% de la population entre 2000 et 2010. Ces données confirment ainsi une tendance observée ces deux dernières décennies. Les catholiques demeurent néanmoins largement majoritaires dans le pays, avec plus de 123 millions de fidèles. Parallèlement, la croissance de la population évangélique s’est consolidée, passant de 15,4% de la population en 2000 à 22,2% en 2010. L’étude révèle également que le nombre de «sans religion» représente aujourd’hui 8% de la population.
Le Père Thierry de Linard de Guertechin, président de l’Institut brésilien de développement, (IBRADES), un organisme lié à la CNBB, a présenté un résumé de la situation mise en lumière par cette nouvelle cartographie religieuse. Selon lui, il faut dépasser l’observation du clivage existant entre catholiques et évangéliques. «Il y a en effet de nouvelles communautés chrétiennes qui ont connu un essor important, a-t-il souligné. Sans oublier le nombre croissant de personnes déclarant être sans religion».
Le Père Thierry a néanmoins pointé les limites de certains résultats, sachant que le mariage a été un élément important dans l’analyse de la situation actuelle. «Un nombre très important d’unions sont considérées comme non régulières et sont restées en dehors de tout comptage officiel des membres de l’Eglise, a-t-il indiqué. Enfin, on ne doit pas oublier qu’il y a des déclarations faites par des gens qui ne sont pas pratiquants».
«Nous devons prendre en compte les résultats de ce recensement dans l’élaboration des plans de pastorale de nos diocèses», a suggéré Mgr Joaquim Mol, évêque auxiliaire de Belo Horizonte, dans l’Etat brésilien du Minas Gerais. Le président de la Commission éducation et culture de la CNBB pense notamment à des structures d’accueil plus simples et plus nombreuses pour les communautés.
Président de la Commission épiscopale pour la vie et la famille, Mgr Joao Carlos Petrini, évêque de Camaçari, dans l’Etat de Bahia, a pour sa part insisté sur «le nombre de non pratiquants qui, après avoir été catholiques, se sont tournés avec facilité vers l’offre proposée par d’autres églises qui, par exemple, font du porte à porte, en proposant la lecture de la Bible.»
«Les résultats montrent que notre catéchèse est encore insuffisante», a estimé Mgr Jacinto Bergmann, archevêque de Pelotas, dans l’Etat de Rio Grande du Sud, et président de la Commission épiscopale pastorale pour l’animation biblique. Ce dernier considère en effet que la formation des groupes bibliques peut être un signe d’espérance dans l’évangélisation.
«Il faut prendre au sérieux ces résultats, a assuré le cardinal Claudio Hummes, archevêque émérite de Sao Paulo et président de la Commission épiscopale pour l’Amazonie. Car depuis que des statistiques ont commencé à être publiées sur les catholiques au Brésil, la chute du nombre de fidèles n’a jamais cessé. Il faut donc partir de la foi du peuple et ne pas mettre en doute la foi que les personnes manifestent, même si elle ne répond pas à une base théologique élaborée». Le cardinal a également souligné l’importance des laïcs. Un point de vue partagé par le professeur Geraldo Aguiar, conseiller au sein du CONSEP. «Croyez à l’importance des laïcs, a-t-il lancé, et il y aura un processus de transformation de notre Eglise !»
Mgr Guilherme Werlang, évêque de Ipameri, dans l’Etat de Goias, président de la Commission épiscopale pastorale pour la charité, la justice et la paix, a souligné l’importance de la formation des ministres ordonnés, considérant que «l’eucharistie est la source et l’horizon de l’Eglise».
Il a, lui aussi, souligné l’importance des laïcs et la notion «d’aller vers le peuple.» Dans cette optique, le professeur Sergio Coutinho, de la Commission pour les laïcs, a rappelé l’importance du lien entre le nombre de paroisses, l’augmentation du nombre de paroissiens et l’élargissement du cadre des responsabilités des diacres. «Les communautés ecclésiales de base sont très importantes pour le dynamisme de l’Eglise.»
«Si nous ne prenons pas en compte la profondeur de la réalité sociale, nous courons le risque de faire de bonnes analyses sans pour autant que cela ait une incidence sur notre travail pastoral», a enfin mis en garde Mgr Sergio da Rocha, archevêque de Brasilia, la capitale, et président de la Commission épiscopale pastorale pour la doctrine et la foi. «Former de vrais chrétiens, c’est cela le grand objectif de l’évangélisation et cela se concrétisera, sans nul doute, dans les statistiques.» En espérant freiner l’hémorragie, car il y a urgence: en dix ans, l’Eglise catholique brésilienne a perdu plus de 15 millions de fidèles.
Les évangéliques constituent le segment religieux qui a le plus augmenté au Brésil, passant de 26,2 à 42,3 millions de personnes, d’après l’IBGE. Parallèlement, le nombre de catholiques n’a cessé de chuter, en particulier dans les grandes villes et dans les régions les plus pauvres, au bénéfice des évangéliques. Autre point notable dans cette cartographie religieuse du Brésil, la montée des spirites (adeptes du spiritisme). S’ils ne représentent que 3,8 millions de personnes, soit 2% (sur une population totale de 195 millions), leur essor est notable puisqu’ils n’étaient que 2,3 millions en 2000 (1,3%). Enfin, si le nombre de personnes se déclarant adeptes de l’umbanda et du candomblé (religion afro-brésiliennes) se sont maintenus à un taux de 0,3% de la population, le nombre de «sans religion», lui, est passé, en 10 ans, de 12,5 à 15 millions de personnes. (apic/jcg/be)
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