Fribourg : Rapport sur les communautés religieuses dans le canton

Entre diversité et stabilité

Fribourg, 24 septembre 2012 (Apic) Malgré une diversité grandissante, la situation des communautés religieuses dans le canton de Fribourg est restée plutôt stable depuis une vingtaine d’années. Tel est le principal constat du rapport commandé par le Conseil d’Etat du canton de Fribourg, présenté à la presse le 24 septembre 2012. Pour la Conseillère d’Etat Marie Garnier, il n’y a pas de problèmes aigus. Ni d’urgence à intervenir pour la paix confessionnelle, même s’il faut continuer à soigner l’intégration.

Fribourg, fortement imprégnée de catholicisme par son histoire, est-il un canton à part au plan religieux ? Pas vraiment, constate l’auteur de cette enquête d’une centaine de pages, Jean-François Mayer. Pour le directeur de l’institut Religioscope, l’émergence de nouvelles communautés musulmanes, évangéliques ou orthodoxes n’a pas fondamentalement bouleversé le paysage religieux fribourgeois. Et si ces communautés ont une place modeste et peu visible, elles n’en revendiquent pas forcément beaucoup plus.

Dans l’ensemble, selon les témoignages recueillis sur le terrain, les relations avec la société fribourgeoise sont plutôt bonnes. A terme, la question des lieux de cultes et celles des cimetières musulmans pourraient néanmoins se poser. Dans l’immédiat, les communautés minoritaires attendent surtout une meilleure reconnaissance morale des autorités politiques. Le Conseil d’Etat prévoit, à la suite du rapport, de mettre sur pied des rencontres de travail avec les nouvelles communautés actives dans le canton, a assuré la Conseillère d’Etat Marie Garnier.

Pas d’invasion des musulmans

Quant à ceux qui craignent une invasion des musulmans, ils se trompent, affirme Jean-François Mayer. L’évolution démographique permet de dire que les musulmans formeront environ 10% de la population suisse en 2050. Mais chez eux aussi, une majorité ne fréquentent pas les lieux de culte, et le défi de la transmission de la foi aux plus jeunes se pose. Les quelque 10’000 musulmans vivant dans le canton de Fribourg, à majorité originaires de Turquie et des Balkans, vivent en paix avec leurs voisins. Ils ont à leur disposition sept lieux de culte. Sur le plan local, ils ne se plaignent pas de signes d’hostilité, mais subissent les pressions de la situation internationale, relève Jean-François Mayer.

Quant à la présence d’islamistes radicaux, le chercheur ne l’a pas constatée, même s’il souligne que son enquête ne lui a pas permis d’approfondir la question et que la sécurité publique relève d’abord de la police.

Sur le plan scolaire, il n’y a pas non plus d’incident majeur à relever, remarque Marie Garnier. Le principal problème est venu d’un groupuscule catholique intégriste. Le «mémento sur la diversité religieuse et culturelle à l’école», édité en 2010 par la Direction de l’instruction publique, a démontré sa pertinence.

L’accès à des lieux de culte convenables

Les deux principaux autres groupes religieux minoritaires sont les orthodoxes et les communautés évangéliques, notamment africaines. La plupart ont émergé au cours des 30 dernières années. Mais là encore leur augmentation n’est pas exponentielle. On compte ainsi 2’500 à 3’000 orthodoxes et environ 2’000 évangéliques répartis en une vingtaine de communautés, dont quatre africaines.

De fait, le principal souci des groupes minoritaires est le maintien et le développement de leur structure ainsi que l’aménagement de leurs locaux de prière ou de rencontre. Si les Eglises majoritaires catholique et protestante pratiquent en quelques cas l’hospitalité, la plupart se rassemblent dans des locaux peu ou mal aménagés, note Jean-François Mayer.

«Chez les catholiques on chante juste»

Quant aux deux Eglises reconnues, catholique et protestante, le rapport n’apporte pas de révélation, admet Jean-François Mayer. Sauf peut-être la confirmation de l’attachement des Fribourgeois à leurs institutions. Si la pratique religieuse est en baisse constante et si les jeunes générations sont majoritairement absentes des messes ou des cultes, ceux qui font le pas de la sortie d’Eglise et refusent l’impôt ecclésiastique restent assez peu nombreux. On estime ainsi à 600 le nombre annuel des sorties d’Eglise chez les catholiques. Il y en a eu 334 en 2010 chez les protestants. «L’église est encore bien au milieu du village, même si on n’en construit plus et si l’idée de fermeture n’est plus un tabou». A noter que malgré cela, les deux communautés augmentent en nombre absolu du fait de l’immigration internationale et intercantonale.

Quant à l’imprégnation des institutions fribourgeoises par le catholicisme, elle n’est pas purement folklorique. Elle résulte bien d’un sentiment d’appartenance. Pour les Fribourgeois, la religion n’est pas seulement une pratique, c’est aussi une culture. Ou pour le dire comme Marie Garnier: «Les catholiques fribourgeois chantent juste!»

Appartenance religieuse de la population fribourgeoise en 2011

184’851 catholiques romains

39’949 réformés

53 israélites

56’637 autres, sans indication, sans confession

dont (estimations)

10’000 musulmans

1’500 alévis

3’000 orthodoxes

2’000 évangéliques

1’000 Témoins de Jéhovah

300 néo-apostoliques

500 bouddhistes

300 hindous

38’000 sans appartenance religieuse

Le rapport: «Les communautés religieuses dans le canton de Fribourg» est disponible sur le site de l’Etat de Fribourg: http://appl.fr.ch/friactu_inter/handler.ashx?fid=5980

(apic/mp)

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