Les ’sorties d’Eglise’ au coeur du débat
Berne 6 septembre 2012 (Apic) La Conférence des évêques suisses (CES), réunie du 3 au 5 septembre 2012 à Bex (VD), pour sa 297e assemblée ordinaire, a renouvelé son présidium. La présidence de la CES reviendra à Mgr Markus Büchel, pour la période 2013-2015. L’évêque de St-Gall sera secondé dans sa tâche par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg comme vice-président et par Mgr Denis Theurillat, évêque auxiliaire de Bâle, membre du présidium.
Outre l’élection du présidium d’autres questions étaient à l’ordre du jour de l’assemblée de la CES. Les évêques ont discuté des «sorties partielles d’Eglise». Ces échanges font suite à un arrêt du Tribunal fédéral (TF) du 9 juillet 2012 sur une «sortie partielle d’Eglise» dans le canton de Lucerne. Le Tribunal conteste le fait qu’une discussion de la personne voulant quitter l’Eglise avec le vicaire général du diocèse de Bâle soit devenue une condition pour la réalisation de la «sortie partielle d’Eglise». Le TF entend par «sortie partielle d’Eglise» le cas où une personne sort d’une corporation ecclésiastique, mais veut en même temps continuer à faire partie de la communauté des fidèles catholiques-romains. Le diocèse de Bâle est en train de réexaminer ses lignes directrices à la lumière du jugement du TF.
Ces situations sont particulièrement complexes, a relevé Mgr Norbert Brunner. Puisqu’en Suisse les relations Eglise-Etat dépendent des cantons et non pas de la Confédération. Ce qui fait qu’un même diocèse peut connaître trois ou quatre régimes différents, selon les cantons. D’où la nécessité, pour les évêques, d’établir une réponse concertée. Si l’obligation pour le fidèle catholique de participer à l’entretien de l’Eglise locale figure bien dans le droit canon, les modalités d’application divergent. Les cas tels que celui saisi par le Tribunal fédéral sont plutôt rares, a conclu Mgr Brunner.
La question des abus sexuels dans l’Eglise reste délicate, même si elle a perdu de son acuité. Selon les statistiques annuelles 2011 sur «Les abus sexuels dans le cadre de la pastorale», les diocèses ont fait état de 23 victimes annoncés et de 24 auteurs dénoncés, pour des faits allant des années 1950 à nos jours. Seules deux de ces annonces concernent des abus sexuels commis sur des enfants.
Des victimes continuent à s’annoncer pour des abus remontant à de nombreuses années, et dont les auteurs sont déjà décédés ou n’exercent plus comme prêtres. Les abus actuels se situent surtout dans le domaine du harcèlement sexuel ou de comportements et de gestes déplacés. Dans plus d’un tiers des cas annoncés, les victimes des abus sont des femmes adultes.
La CES a aussi évoqué la création d’une commission romande pour les abus sexuels dans l’Eglise. Si Mgr Brunner y voit un intérêt pour l’échange d’informations, la formation des agents pastoraux ou la prévention, il estime néanmoins qu’une commission romande ne pourrait pas remplacer les commissions diocésaines. Pour lui, seule une commission diocésaine est apte à accueillir les victimes et à prendre les mesures nécessaires. La proximité et la rapidité étant des critères essentiels.
Autre sujet brûlant à l’ordre du jour, la réorganisation du secrétariat de la Conférence des évêques suisses et de ses commissions. «Je comprends les récriminations des institutions concernées. Il est difficile et douloureux de prendre certaines décisions, s’est justifié Mgr Brunner. Mais nous sommes confrontés à un dilemme : d’une part nous devons développer l’efficacité de nos services, de l’autre nos moyens financiers se réduisent. Nous devons définir des priorités et faire des choix.» L’actuel président de la CES a souligné en outre que si la Commission Justice et Paix était la plus touchée par les restructurations en cours, les autres services tels que Migratio et le secrétariat de la CES subissaient aussi des réductions de postes. En rassemblant les divers services au siège de la CES à Fribourg, on crée aussi des synergies utiles, en particulier sur le plan administratif.
Certains parmi les premiers postes mis au concours ont déjà été attribués. Ainsi, les évêques confirment Walter Müller comme chargé d’information de la CES (langue allemande) et Simon Spengler comme secrétaire exécutif de la «Commission pour la communication et les médias».
Ils ont nommé l’abbé Nicolas Betticher chargé d’information à temps partiel pour la langue française. Nicolas Betticher, ancien vicaire général de Mgr Bernard Genoud, reviendra sur les bords de la Sarine et au sein du secrétariat de la CES où il avait déjà oeuvré, comme attaché de presse, en tant que laïc, de 1995 à 2000. L`abbé Betticher conserve cependant son poste à la nonciature à Berne, ainsi que celui d`official de l`Officialité interdiocésaine.
Suite aux événements des dernier mois dans diverses localités de Suisse, les évêques rappellent que les Jenisch, reconnus par la loi comme une minorité nationale, font aussi partie de la Suisse. Ils disposent de leur propre aumônerie catholique. Les Jenisch, tout comme les Manouches (Sinti) de nationalité suisse, souhaitent disposer de suffisamment de lieux de stationnement. Ceux-ci ne sont pas à confondre avec les aires de transit pour les gens du voyage traversant notre pays.
Les évêques ont désigné Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, pour participer au Synode des évêques sur le thème «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne», du 7 au 10 octobre prochain à Rome
Au chapitre des nominations il faut signaler encore celle d’Astrid Kaptijn, professeur de droit canonique à la Faculté de théologie de Fribourg (Suisse) et du Père Vinson Joseph MST, licencié en droit canonique à Fibourg, comme juges à l’Officialité interdiocésaine.
Quant au conseiller national PDC soleurois Stefan Müller-Altermatt, il est nommé membre de la Commission «Bioéthique». (apic/mp)
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