Elle n’est pourtant pas relâchée sous caution
Islamabad, 30 août 2012 (Apic) La commission médicale pakistanaise chargée d’examiner la fillette chrétienne inculpée de profanation du Coran a estimé son âge à environ 14 ans. Elle ne pourra donc être déférée que devant un tribunal pour mineurs, rapporte le 29 août l’agence d’information des missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie. En rapport aux conclusions de la commission, son avocat pensait pouvoir la faire libérer sous caution. Mais le 30 août, la cour de justice a décidé de la maintenir en détention.
L’avis médical éloigne la perspective d’un jugement au pénal, où la fillette encourait une peine de prison à vie. Une décision sur sa possible libération sous caution a pourtant été reportée, le 30 août, par la cour de justice d’Islamabad, rapporte le quotidien britannique «The Guardian». Les juges ont demandé une clarification du rapport médical et le cas sera réexaminé le 1er septembre.
Depuis son incarcération dans un centre pour mineurs, le cas de Rimsha Masih soulève une vive agitation au Pakistan comme au sein de la communauté internationale. La fillette a été arrêtée le 16 août 2012 après qu’une plainte eut été portée contre elle pour profanation du Coran.
Elle est immédiatement apparue comme étant une nouvelle victime des lois anti-blasphème, qui punissent de mort toute offense à Mahomet et de prison à vie toute profanation du Coran. Cette législation est régulièrement accusée d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels ou exercer des pressions sur les plus faibles de la société pakistanaise, notamment ses minorités religieuses.
Au Pakistan, la majorité est fixée à 18 ans. Les enfants de moins de 15 ans ne peuvent être déférés que devant une juridiction pour mineurs. Les actes d’un enfant de moins de 12 ans ne peuvent être qualifiés de délits. Dans le cas de Rimsha Masih, il y a une absence d’état-civil fiable.
Les parents de la fillette ont toujours assuré que leur enfant était âgée de 11 ans et qu’elle souffrait de handicap mental. La Commission médicale ne s’est pas prononcée sur une éventuelle trisomie 21 dont serait atteinte la fillette. Elle a néanmoins défini le niveau mental de Rimsha comme étant «inférieur à celui des enfants de son âge».
Selon différents observateurs locaux, ce diagnostic semble taillé sur mesure. En effet, il place Rimsha Masih dans une tranche d’âge qui la rend justiciable devant une juridiction pour mineurs, tout en ouvrant la possibilité d’un non-lieu pour irresponsabilité du fait de sa déficience mentale.
Pour Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission ’Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, il est trop tôt pour se montrer optimiste. Dans des affaires comme celle de Rimsha Masih, les autorités politiques ou judiciaires prennent rarement clairement position. Elles préfèrent prendre des décisions en demi-teinte et évitent de s’exposer à un sort semblable à celui de Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses, ou de Salman Taseer, gouverneur de la province du Pendjab. Les deux hommes politiques ont été abattus en 2011 parce qu’ils avaient pris position en faveur d’une révision des lois anti-blasphème. (apic/ag/rz)
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