Difficile de vivre avec des pratiquants du jeûne pendant ce mois de pénitence
Dakar, 20 août 2012 (Apic) Les chrétiens vivant à Dakar, au Sénégal, subissent indirectement les effets de la rigueur du ramadan. Ce mois de jeûne musulman s’est achevé, selon l’observation lunaire et les divers pays, le dimanche 19 ou le lundi 20 août. Les chrétiens sénégalais ont vu leur vie quotidienne perturbée par les changements d’horaires au travail, par les menus dans les restaurants, et par leur mode d’habillement. Minoritaires, ils sont obligés de s’adapter.
Interrogés par l’Agence de presse sénégalaise (APS), plusieurs chrétiens se sont plaints de leurs conditions de vie pendant la période de ramadan, tant sur le plan, alimentaire, que sur le plan vestimentaire, pour ne pas apparaître dans la rue comme provocateurs.
Dans les restaurants, explique Etienne Diouf, un fonctionnaire de l’Etat, il y a moins de diversité dans les menus. «En temps normal, nous avions plus de choix, mais depuis le début du ramadan, ce sont les mêmes plats qu’on nous propose. La restauratrice a même fermé la salle climatisée pour n’ouvrir que celle non climatisée», ajoute-t-il.
Sa co-religionnaire, Viviane Diatta, employée d’une entreprise de communication, souligne que dans les restaurants, les plats sont devenus chers. «Les gérants ne nous proposent que des plats à base de farine, tels que les hamburgers, les sandwichs, qui sont moins consistants, mais jamais des plats de riz». Selon elle, cette hausse est injustifiée.
Marie Senghor, une mère de famille à la Cité Impôts et Domaines, banlieue nord de Dakar, relève que les chrétiens n’ont pas fondamentalement de problèmes avec les musulmans. Toutefois, déplore-t-elle, pendant le ramadan, «nous éprouvons certaines difficultés à faire le marché ou à trouver du pain pour le petit-déjeuner ou le repas de midi». Les produits de première nécessité font défaut dans certaines boutiques de quartier et même au marché.
Elle se plaint aussi du bruit du voisinage quand ses voisins musulmans se lèvent à l’aube pour manger. «Il y a également le fait que les habitants du quartier veillent jusque tard dans la nuit, accompagnés par des chants ou des récitations de Coran. Lors de ces veillées, ils mettent à fond les hauts parleurs, sans se préoccuper de nous autres», regrette-t-elle.
Son époux Aimé Senghor indique que depuis le début du ramadan, les rares fois où la famille a eu du bon pain sont les jours où il s’est rendu à la boulangerie très tôt, à 5h du matin. «Sinon, nous n’avons le choix qu’entre le pain de la veille et les biscuits qui nous servent d’alternative au pain…Avec le ramadan, c’est comme s’il y avait une pénurie de pain. D’abord, il faut faire la queue pour en avoir, ensuite il y a des vendeurs qui servent d’abord les musulmans avant nous», observe Aimé Senghor
Sa fille Félicia renchérit: «comme nous ne jeûnons pas, nous ne sommes pas à l’aise dans cette société. Nos voisins nous regardent avec dédain à cause de ce que nous portons. Du coup, nous sommes obligés de nous habiller comme eux… Quand nous buvons ou grignotons quelque chose dans la rue, l’on nous regarde avec des gros yeux. Il y en a qui ne comprennent pas que tout le monde n’est pas musulman dans ce pays», poursuit-elle.
Aminata Samb, une musulmane, mère d’une fille de trois ans, reconnaît que certaines difficultés évoquées par les familles chrétiennes ne lui sont pas totalement étrangères. Car elle-même a vécu ces réalités, lorsqu’elle allaitait sa fille. (apic/ibc/be)
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