Commémoration du bombardement américain du 6 août 1945
Hiroshima, 6 août 2012 (Apic) C’est sur fond de profonde méfiance envers l’énergie atomique suite à l’accident nucléaire de Fukushima que plus de 50’000 personnes ont commémoré le lundi 6 août le bombardement américain sur Hiroshima, il y a 67 ans. La ville japonaise d’Hiroshima, sur l’île de Honshu, était rasée le 6 août 1945 par la première bombe atomique de l’Histoire. Une messe a été célébrée dimanche 5 août dans la cathédrale catholique d’Hiroshima en mémoire des victimes.
Rassemblée en silence au Mémorial de la Paix d’Hiroshima, la foule a pu entendre lundi le maire d’Hiroshima Kazumi Matsui appeler à mettre un terme à l’usage de l’énergie nucléaire, également pour des buts civils.
Dans le pays depuis le 21 juillet dernier à l’occasion du 25ème anniversaire d’une rencontre interreligieuse de prière tenue près de Kyoto, Mgr Pier Luigi Celata, secrétaire émérite du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, a co-présidé dimanche une messe pour les victimes de la bombe A. Dans un discours prononcé au début de la célébration, l’actuel vice-camerlingue a évoqué les 250’000 victimes de la bombe atomique, un «crime horrible» auquel les Japonais ont fait face. Ils ont su tourner cette «page profondément obscure de l’histoire» avec «courage et une ferme détermination».
Dans son discours, le prélat italien a invité les fidèles à dépasser leurs peurs pour s’ouvrir aux autres même s’ils sont différents, car «nous sommes tous membres d’une unique famille humaine, liée par un destin commun».
Il est ainsi «nécessaire de s’accepter et de se respecter réciproquement, dans la sacralité de la vie, dans nos choix de conscience, en matière religieuse et dans la dignité de toute personne, car nous sommes appelés à unir nos énergies spirituelle et matérielle pour collaborer à l’édification d’une société plus juste et solidaire», rapporte Radio Vatican.
«Au service de la paix»
Dans le cœur de chaque être humain et chaque peuple, a poursuivi Mgr Celata, existe «la tentation de l’égoïsme, de la domination, de l’accaparement des biens et de commettre des abus, souvent par le moyen de manipulation, de la violence et de la guerre. Tous, croyants en Dieu ou hommes de bonne volonté, nous devons réagir face à un tel risque, en se mobilisant au service de la paix». Dimanche 5 août, Mgr Celata a également visité le musée de la bombe atomique et participé à la marche pour la paix qui a eu lieu à Hiroshima.
Notons que les évêques catholiques du Japon, suite au grave accident de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, plaident désormais pour une fermeture immédiate des installations nucléaires. Les évêques avaient déjà fait une évaluation critique sur les centrales nucléaires, dans leur message pour le 21ème siècle: «Regard sur la vie».
Ils affirmaient: «Bien que (le développement de l’énergie nucléaire) ait fourni à l’humanité une énorme quantité d’énergie, – comme jamais auparavant -, il peut aussi apporter un grave dommage aux membres des générations suivantes, comme le montrent les bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, l’accident de Tchernobyl, – qui ont tué un grand nombre de personnes, en un instant -, mais aussi l’accident critique de Tôkai-mura (le 30 septembre 1999, un grave accident avait touché le berceau de l’énergie nucléaire au Japon, ndr) qui a exposé les vies de beaucoup de gens au danger et lourdement menacé leur vie quotidienne».
Avec l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima s’est effondré «le mythe de la sécurité», écrivaient les évêques japonais dans leur message publié à Sendai, le 8 novembre 2011. «Ce ’mythe de la sécurité’ s’est développé, parce que l’on a trop fait confiance à la science, et faute d’une ’sagesse qui sait les limites humaines’. Il faut décider tout de suite l’abolition des centrales nucléaires pour sauvegarder, non pas la théorie de l’économie pour l’économie, qui laisse la priorité aux intérêts et à l’efficacité immédiate, mais la vie précieuse et la belle nature. (…) L’abolition des centrales nucléaires est absolument nécessaire pour réduire au minimum les fléaux engendrés par une catastrophe naturelle».
Les évêques japonais plaident depuis la catastrophe de Fukushima pour un changement de politique nationale, qui donne la priorité au développement et à la promotion des énergies naturelles. (apic/radvat/cbcj/be)
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