Ottawa: L’Eglise Unie du Canada fortement touchée par l’érosion du nombre de ses fidèles

Un modèle d’Eglise qui a fait son temps ?

Ottawa, 6 août 2012 (Apic) L’Eglise Unie du Canada, la dénomination protestante la plus importante en nombre de fidèles au Canada, est fortement touchée par l’érosion du nombre de ses fidèles. Cette Eglise majoritairement anglophone joue son avenir lors de son 41e Conseil général, qui se tient du 11 au 18 août 2012 à la Carleton University d’Ottawa.

Cette rencontre, qui a lieu une fois tous les trois ans, rassemblera 400 délégués venant de tout le Canada sur le thème «Rechercher, aimer, cheminer», annonce Radio Ville-Marie, la radio chrétienne basée à Montréal. Les délégués aborderont notamment divers dossiers épineux, dont les finances vacillantes de l’Eglise, ses structures de fonctionnement et l’avenir de ses ministères en langue française.

Au Québec notamment, les Eglises protestantes historiques commencent à connaître le même sort que l’Eglise catholique, qui a déjà vendu de nombreux édifices religieux en raison de la désaffection des pratiquants ces dernières décennies. L’Eglise Unie du Canada, qui compte aujourd’hui sur tout le territoire canadien quelque 3’200 paroisses réparties d’un océan à l’autre, est née en 1925 de l’union des Eglises méthodiste, congrégationaliste et presbytérienne.

A la croisée des chemins

«Nous sommes vraiment dans une période de transition», souligne Stéphane Gaudet, coordonnateur du programme «Témoignage et mission» pour les Ministères en français de l’Eglise Unie. Il identifie plusieurs enjeux urgents et déterminants pour l’avenir de la communauté. Le premier d’entre eux est la question de son avenir financier. «Nous avons identifié un ’mur financier’ en 2014. L’Eglise en est consciente et en a déjà parlé, mais les décisions avaient été repoussées. Elles devront être prises cette fois-ci».

Parmi les éléments à considérer, il y a celui de la structure de l’Eglise. En effet, sa forme de gouvernance s’appuie sur un modèle à quatre niveaux: les quelque 3’200 paroisses sont réunies en 85 consistoires, eux-mêmes réunis en 13 synodes. Le Conseil général chapeaute le tout.

L’Eglise Unie doit fermer 50 paroisses par année au Canada

«L’Eglise a-t-elle encore les moyens de soutenir cette structure à quatre niveaux ?», s’interroge Stéphane Gaudet. «L’idée d’abolir l’un des niveaux a été abordée en 2006 et en 2009. Mais qui dit abolition dit perte d’emplois. Dans ces circonstances, plusieurs demeurent réticents face à un changement…»

Le Conseil général donne déjà l’exemple, en quittant ses bureaux situés dans un gratte-ciel d’Etobicoke, dans la région du grand Toronto, pour s’établir à Toronto, dans un endroit qui coûte moins cher. L’Eglise Unie dépense en effet plus qu’elle ne reçoit. En 1961, les 3 millions de Canadiens appartenant à cette Eglise offraient 29 millions de dollars à l’institution. Selon des données de 2008, l’Eglise compte aujourd’hui 2,8 millions d’adhérents, dont 525’000 pratiquants réguliers, et le total des dons est resté le même qu’il y a quarante ans. L’Eglise Unie doit fermer 50 paroisses par année au Canada.

Plus qu’une question d’argent, «c’est un modèle d’Eglise qui est derrière nous»

Mais l’enjeu financier soulève surtout une pléthore de questions sur les moyens à mettre en œuvre pour accomplir la mission de l’Eglise. Car l’idée même de la mission dans la société canadienne actuelle évolue, rappelle Radio Ville-Marie. «Ce n’est pas juste une question de sous. Est-ce qu’une époque est terminée et qu’une nouvelle ère commence ? Aujourd’hui, les gens passent d’une Elise à l’autre, c’est mouvant, c’est fluctuant. On ne peut plus s’attendre à ce que les gens restent membres d’une même Eglise jusqu’à leur mort. C’est un modèle qui est derrière nous… Les nouvelles générations ont-elles envie de donner des sous pour des murs, des toits… Veulent-ils que leur argent serve à cela ? Donc, l’enjeu financier pose à son tour la question de la vocation, à travers des nouveaux modèles que l’on pense voir émerger», relève encore Stéphane Gaudet. (apic/rvm/be)

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