Acte de satanisme, terrible présage pour l’ensemble de la société russe

Moscou: Les «Pussy Riot» toujours dans le collimateur de l’Eglise orthodoxe russe

Moscou, 1er août 2012 (Apic) Malgré les appels à la clémence de nombreux intellectuels et le malaise grandissant parmi les fidèles orthodoxes, le patriarcat de Moscou ne cesse de réclamer un châtiment sévère pour les chanteuses de «Pussy Riot». Le groupe féministe est accusé par l’Eglise russe d’un «crime pire qu’un meurtre», à savoir une «prière punk» improvisée le 21 février dernier en la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.

Pour l’archiprêtre Alexandre Chargounov, il s’agit ni plus ni moins d’un acte de satanisme qui constitue «un terrible présage pour l’ensemble de la société russe».

«Que personne ne se fasse d’illusions à ce sujet en Russie, en Europe ou au-delà de l’océan. Nous appelons tous, orthodoxes, catholiques, protestants, musulmans, bouddhistes, croyants, athées, à s’unir contre cette menace», a insisté le Père Alexandre, connu en Russie pour son militantisme au sein du «Comité public pour la renaissance morale de la Patrie».

Lors d’une interview à la radio russe «Radonej», l’archiprêtre a affirmé que l’incident survenu en la cathédrale du Christ-Sauveur touche l’ensemble de la société russe: «Notre devoir est d’appeler le crime par son nom et non pas de le qualifier par un euphémisme. Il est impossible de justifier ces criminelles dans un pays touché par une terrible dévaluation des valeurs spirituelles».

Un avant-goût de calamités pires que celles de la Seconde Guerre mondiale

Selon l’archiprêtre, cité par l’agence de presse russe RIA-Novosti, l’extrémisme et le satanisme sont des ennemis communs ainsi que des défis pour toute la civilisation: «Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, des centaines de millions de victimes des régimes totalitaires, la Shoah pourront être qualifiés d’avant-goût si nous ne faisons pas face à ce mal ensemble».

Le 21 février dernier, cinq membres du groupe féministe «Pussy Riot», portant des cagoules, ont fait une «prière punk» devant l’autel de la cathédrale, haut lieu du culte orthodoxe situé dans le centre de Moscou, en demandant à la Vierge Marie de «chasser Poutine».

Vaste controverse au sein de la société russe

Le «concert» a été filmé et la vidéo a obtenu un grand nombre de visionnages sur internet. En détention provisoire depuis le mois de mars 2012, trois membres du groupe, Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova, ont comparu lundi 30 juillet devant un juge à Moscou. Elles ont rejeté le chef d’accusation de «hooliganisme» porté contre elles, mais ont présenté leurs excuses aux chrétiens.

Si les poursuites engagées à l’encontre des «Pussy Riot» ont suscité une vaste controverse au sein de la société russe et provoqué une vive réaction auprès de l’élite culturelle du pays, nombreux sont les hommes de culture, journalistes, blogueurs et personnalités publiques qui reconnaissent que ce «concert» dans une cathédrale était choquant.

Mais ils dénoncent en chœur la sévérité manifestée par la justice à l’égard des membres du groupe. Pour l’archiprêtre Alexandre Chargounov, il n’y a cependant pas de pardon. Cet avant-goût de «désastre global» requiert les efforts combinés de toutes les communautés religieuses et des athées.

La plupart des Russes sont opposés à des peines de prison

Le prêtre orthodoxe estime que leur permettre d’éviter de rendre des comptes et de propager leur blasphèmes sous la protection de la loi équivaudrait à une tentative d’imposer à la population russe un «satanisme d’Etat» à la place de l’athéisme communiste. Et le Père Chargounov d’insister en affirmant que «l’extrémisme et le satanisme sont notre ennemi commun et une menace visant la civilisation toute entière».

Selon une enquête d’opinion menée auprès de 1’600 personnes du 20 au 23 juillet par les sociologues du Centre Levada à Moscou, et citée par l’agence de presse russe Interfax, la plupart des Russes sont opposés à des peines de prison pour les membres du groupe «Pussy Riot». Plus d’un tiers des personnes interrogées estiment cependant que les féministes ont violé les règles morales. Plus de la moitié (53%) sont d’avis que les citoyens ont le droit de contester publiquement la position de l’Eglise orthodoxe russe sur les grands problèmes sociaux. Mais ils ne sont pas en faveur de protestations dans les églises. (apic/interfax/rianovosti/be)

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