Afrique: Les musulmans ont entamé le mois de ramadan

Entre vie socio-économique difficile et crise politico-militaire

Dakar, 21 juillet 2012 (Apic) Le mois de ramadan a commencé vendredi 20 et samedi 21 juillet en Afrique, où environ 100 millions de musulmans, comme leurs coreligionnaires du reste du monde, s’abstiendront, pendant un mois, de manger et boire, de l’aube au coucher du soleil.

Le mois de jeûne est l’un des cinq piliers de l’Islam, après la profession de foi, la prière, et avant le pèlerinage aux lieux saints en terre d’Arabie et l’acquittement de la zakat ou aumône. Il impose une vie austère aux musulmans, qui doivent fréquemment invoquer le nom de Dieu, prier, s’abstenir de toute action séductrice et provocatrice, de toute parole agressive et blessante. Les femmes enceintes, les malades et les voyageurs peuvent ne pas jeûner pendant le ramadan. Il leur est cependant recommandé de jeûner lorsqu’ils seront en état de le faire.

En Afrique du Nord et en Afrique au sud du Sahara, le début de ramadan a eu lieu à des dates différentes, selon les pays. En Egypte, Tunisie, Soudan, Algérie, Libye, ainsi qu’au Burkina Faso, en Côte-d’Ivoire, au Mali, en République Démocratique du Congo (RDC), en Guinée (Conakry), entre autres, le ramadan a commencé le 20 juillet. Dans le reste de l’Afrique, allant du Maroc, au Sénégal, en passant par la Mauritanie, et dans plusieurs pays de l’Océan indien, les musulmans ont entamé le lendemain leur mois de jeûne, qui dure 29 ou 30 jours.

En Afrique, le ramadan 2102 (ou 1433 de l’hégire / calendrier musulman qui compte 355 jours), a lieu dans un contexte de vie socio-économique difficile pour les uns, et de crise politico-militaire, pour les autres.

Au nord du Mali, zone sous contrôle, depuis mars, des salafistes d’Al Qaeda Maghreb, d’Ansar Dine (les gardiens de la religion islamique), et du MUJAO (Mouvement pour l’unité et la justice en Afrique de l’ouest), la population redoute un ramadan particulièrement pénible.

Un ramadan sous tension au nord du Mali

Selon le site internet de radio France internationale (rfi.fr), le mois de jeûne a commencé vendredi à Tombouctou, siège de ces groupes musulmans radicaux, avec «un goût amer» pour les habitants de la région qui souffrent du diktat des islamistes armés. Les «fous de Dieu» y appliquent la charia sans état d’âme, et ont prévu d’envoyer des agents dans les mosquées pour contrôler les imams. Selon un fidèle cité par rfi.fr, les agents des groupes radicaux viennent dans les mosquées avec des armes de guerre et des grenades, ce qui est contraire aux préceptes islamiques. «Ce sera vraiment l’un des ramadans les plus difficiles», a affirmé un artisan de la ville, ajoutant que le millet, principal aliment de base, est «excessivement cher».

Dans Tombouctou désertée par la majorité de sa population, un doyen resté seul, qui entame son soixantième ramadan, conclut: «En islam, toute chose a une fin. On espère donc que cette sale période va finir bientôt.Ainsi, la paix reviendra».

En RDC, la minorité musulmane a placé le ramadan 2012 sous le signe de «la recherche de la paix» dans le pays, a rapporté radio Okapi, une station locale sur son site internet radiookapi.net. Depuis mai dernier, l’Est de la RDC est secoué par une guerre civile provoquée par des rebelles probablement soutenus par le Rwanda. Ces troubles ont contraint plus de deux millions d’habitants à fuir la province pour se réfugier à l’intérieur du pays ou en Ouganda voisine. «Que nous soyons heureux, que la paix revienne dans notre pays, qu’il enlève à jamais les querelles et la guerre à l’est de la République», a souhaité un responsable musulman du pays, l’Imam Cheikh Issa Ahmad Kingombe.

Hausse des prix en Tunisie

En Tunisie, une hausse «inattendue» des prix de certains produits alimentaires, dont la viande et les légumes, a été notée sur les marchés, à la veille du début du Ramadan. Le quotidien «La Presse» de Tunis a rapporté que cette hausse a surpris la population Plusieurs membres du gouvernement ont rassuré les consommateurs: l’Etat a pris des mesures pour assurer la stabilité des prix pendant le mois de jeûne, ont-ils affirmé.

Au Burkina Faso, le gouvernement a annoncé, le 17 juillet dernier, un train de mesures visant à lutter contre la flambée des prix qui a lieu chaque année pendant le ramadan. Selon le journal burkinabé en ligne: faoszine.com, parmi ces mesures, figure un contrôle des prix des produits de première nécessité.

Au Sénégal, à l’occasion du ramadan, l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar organise, le 24 juillet, une conférence sur le thème: «le Dialogue interreligieux: approches comparées de l’expérience américaine et de l’expérience sénégalaise». Des enseignants et chercheurs d’universités sénégalaises et américaines, ainsi que des représentants de l’Islam et de l’Eglise catholique interviendront lors de cette conférence. (apic/ibc/bb)

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