Le ministre de l’économie à Pékin pour signer un accord de libre-échange
Berne, 9 juillet 2012 (Apic) Des ONG suisses, dont Alliance Sud, demandent à Johann Schneider-Ammann de s’engager davantage pour les droits humains en Chine. Le conseiller fédéral est actuellement à Pékin, avec pour mission de faire avancer les négociations sur un accord sino-helvétique de libre-échange.
La Suisse sera peut-être, avant la fin de l’année, le premier pays européen à signer un accord de libre-échange avec la Chine, rapporte le collectif d’ONG dans un communiqué du 9 juillet 2012.
Alliance Sud, la Déclaration de Berne, la Société pour les peuples menacés, la Société pour l’amitié helvético-tibétaine et Solidar se disent consternées par les signaux donnés par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), qui joue un rôle dirigeant dans ces négociations. Pour le SECO, la Suisse est en position de solliciteuse. La question des droits humains ne pourrait donc, au mieux, que figurer dans le préambule, une partie non contraignante de l’accord, a expliqué la délégation suisse chargée des négociations.
Dans leur lettre ouverte publiée le 9 juillet, les ONG estiment ce cahier des charges «largement insuffisant». Elles demandent davantage de courage au Conseiller fédéral. Selon le collectif, l’accord de libre-échange doit contenir des prescriptions contraignantes et tangibles en matière de protection des droits humains et du travail.
Les camps de travail forcé constituent un exemple particulièrement choquant de violation des droits humains. Il en existe plus d’un millier en Chine. On estime que trois à cinq millions de prisonniers, hommes et femmes, y travaillent. Pour le collectif d’ONG, on ne saurait admettre que des marchandises issues du travail forcé, profitent de l’accord de libre-échange et viennent concurrencer des produits suisses sur le marché intérieur. D’autres points, comme les libertés syndicales ou la protection des minorités, doivent aussi figurer dans l’accord avec la Chine.
La Commission de politique extérieure du Conseil national a chargé le Conseil fédéral d’intégrer dans l’accord un chapitre sur le développement durable, contenant en particulier les «principes défendus par les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT)». Mais ses recommandations sont uniquement de nature consultative et non contraignante.
Hans-Jürg Fehr, conseiller national socialiste et président de Solidar Suisse souligne que «si le Conseil fédéral passe outre nos revendications, et ce faisant aussi le mandat de la Commission de politique extérieure, nous combattrons l’accord, que ce soit au parlement ou par un référendum».
En septembre, à la demande des ONG signataires, Harry Wu viendra en Suisse. Wu a été interné durant 19 ans dans un camp de travail forcé. Il dirige aujourd’hui la Laogai Research Foundation, à Washington. (apic/com/rz)
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