Une version édulcorée
Jérusalem, 2 juillet 2012 (Apic) Yad Vashem, le Mémorial de l’Holocauste à Jérusalem présente depuis le 1er juillet 2012, un nouveau texte explicatif plus positif sur le comportement du pape Pie XII face à l’extermination des juifs. Le groupe d’experts en charge des travaux de recherche estime que les découvertes récentes mettent en lumière un tableau plus complexe qu’auparavant.
Yad Vashem a remanié les informations présentées dans le musée relatives au comportement du pape Pie XII durant la Deuxième guerre mondiale. Le Mémorial précise que le texte a été modifié pour tenir compte des recherches récentes. Yad Vashem a indiqué avoir notamment pris en compte l’ouverture par le Vatican en février 2012 des archives de Pie XII. Les experts ont également bénéficié des conclusions d’un colloque tenu en 2009 sous l’égide de Yad Vashem.
La nouveauté est principalement que, tout en gardant les arguments critiques de l’ancienne version contre Pie XII, le nouvel exposé présente aussi le point de vue de ses défenseurs.
Les précédentes informations relevaient que Pie XII ne s’était pas dressé contre les exactions des nazis envers les juifs. Il lui était en particulier reproché de n’avoir pas signé, en décembre 1942, une déclaration des Alliés condamnant l’extermination des juifs, et de n’avoir rien fait pour empêcher la déportation à Auschwitz des juifs de Rome.
Les défenseurs de Pie XII arguent, dans le nouveau texte, qu’il avait permis de nombreux sauvetages clandestins à différents niveaux de l’Eglise. Le nouveau libellé est également clair sur le fait que Pie XII n’était pas encore pape lors de la signature du fameux «Reichskonkordat», conclu entre le Vatican et le régime nazi. Le document entérinait les «droits de l’Eglise allemande» contre une reconnaissance implicite du Troisième Reich. La nouvelle version présentée à Yad Vashem ne mentionne pas non plus que Pie XII aurait «classé» un projet d’encyclique condamnant le racisme, le colonialisme et l’antisémitisme.
Le texte actualisé parle tout de même d’une «faute morale» de la part du pape de l’époque, qui ne peut être qualifié de «juste», relève le quotidien israélien «Haaretz». Le «manque d’une ligne de conduite claire» aurait laissé «beaucoup d’espace à la collaboration avec le régime nazi».
L’ancien texte explicatif était l’objet d’une querelle constante entre le Vatican et le mémorial israélien. Le dossier avait failli provoquer plusieurs fois des incidents diplomatiques.Yad Vashem a clairement précisé que la modification ne résultait pas d’une pression du Vatican.
Le monde juif a toujours été divisé sur Pie XII. Mordechaï Lewy, Ambassadeur d’Israël auprès du Saint-Siège, a ainsi déclaré, le 21 juin 2012, qu’»il y a tout lieu de penser que les institutions religieuses catholiques ont recueilli des juifs avec l’accord et le soutien de la plus haute hiérarchie vaticane. Ce serait donc une erreur de dire que l’Eglise catholique, le Vatican et le pape lui-même n’ont rien voulu faire pour sauver des juifs. C’est le contraire qui est vrai.»
Mais quelques groupes juifs contrariés ont affirmé que les commentaires de Lewy étaient moralement dommageables, historiquement inexacts et blessants pour les survivants de l’Holocauste.
Quelques jours plus tard, l’ambassadeur affirmait cependant que son jugement personnel sur Pie XII avait été «prématuré», étant donné que le problème est toujours à l’étude.(apic/com/rz)
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