Palestine: Bethléem fête l’admission de sa Basilique au patrimoine de l’UNESCO

Une victoire d’étape vers la reconnaissance d’un Etat souverain

Bethléem, 1er juillet 2012 (Apic) Joie à Bethléem, déception à Jérusalem. C’est avec des feux d’artifice et des banderoles que les Palestiniens fêtent depuis le 29 juin l’admission de la Basilique de la Nativité au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du premier monument des Territoires palestiniens à figurer sur cette liste. La décision avait été prise à Saint-Pétersbourg par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture par 13 voix contre 6 et 2 abstentions.

Beaucoup de Palestiniens voient dans cette décision une victoire d’étape sur la route vers la reconnaissance d’un Etat souverain.

Plusieurs oppositions se sont manifestées lors des débats de l’UNESCO en vue de l’admission de la Basilique de la naissance de Jésus, entre autres d’Israël, d’Allemagne et des Etats-Unis. Déjà l’accueil des Palestiniens dans cette organisation de l’ONU en automne 2011 avait incité Israël à geler à court terme les taxes et impôts perçus pour les Palestiniens. Et l’UNESCO payait sa décision par une suspension des contributions des Etats-Unis.

Des représentants des Eglises avaient mis l’UNESCO en garde face à une instrumentalisation de la Basilique de la Nativité à des fins politiques et culturelles, au détriment de l’indépendance de l’Eglise dans les lieux saints.

Après l’admission de la Basilique de Bethléem au patrimoine mondial de l’UNESCO, les réactions du côté des Eglises sont plutôt réservées. Le custode de Terre sainte Pierbattista Pizzaballa a affirmé dans une première prise de position qu’il s’agissait en premier lieu d’une reconnaissance de l’ensemble de la Vieille-ville de Bethléem et non seulement de l’église de la Nativité. Ce qui donne un nouvel éclairage à cette décision, estime le religieux franciscain italien.

La Basilique reste un lien de célébration

La Basilique de la Nativité est «d’abord et surtout un lieu de célébration», souligne le custode. C’est pourquoi «les éléments politiques et culturels, qu’ils soient de nature locale ou internationale» doivent en rester éloignés. «Les lieux saints doivent demeurer un espace de paix et de recueillement pour tous les pèlerins et ne doivent pas devenir des lieux de cohabitation difficile», ajoute le Père Pizzaballa. Il salue l’affirmation du président palestinien Mahmud Abbas selon laquelle l’autonomie des Eglises est préservée dans la gestion de la Basilique de la Nativité et le statu quo est respecté. «Cette assurance est très importante», souligne le custode de Terre sainte.

Les experts du Conseil international des monuments et des sites (Icomos) avaient rappelé que l’inscription sur les listes de l’Unesco implique la responsabilité de la gestion du site, qui se trouve actuellement en mauvais état, en raison des difficultés de collaboration entre les trois communautés chrétiennes en place: l’Eglise orthodoxe de Jérusalem, l’Église catholique romaine et l’Église apostolique arménienne.

Une reconnaissance des droits culturels des Palestiniens

Mais les autorités palestiniennes n’expriment actuellement que joie et fierté pour leur premier «monument national». Le premier ministre Salam Fayyad a parlé d’une «victoire de la justice», qui procurera de l’espoir au peuple palestinien. Le ministre des affaires étrangères Riyad al-Malki a remercié l’UNESCO pour la reconnaissance des droits culturels des Palestiniens. La responsable de l’OLP Hanan Ashrawi a vu dans cette décision la confirmation de l’extraordinaire héritage culturel des Palestiniens.

Pour le récent Etat membre de l’UNESCO cette décision pourrait constituer le signal de départ pour d’autres initiatives et un précédent pour faire reconnaître d’autres sites historiques ou culturels.

L’interprétation est tout autre du côté israélien. Selon le bureau du ministre-président Benjamin Netanjahu, la décision de l’UNESCO prouve que l’organisation prend ses décisions à partir de réflexions politiques et non culturelles. Ajoutant: «Le monde doit se rappeler que l’église de la Nativité, qui est sainte aux yeux des chrétiens, a été autrefois désacralisée par des terroristes palestiniens». (apic/kna/ak/bb)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/une-victoire-d-etape-vers-la-reconnaissance-d-un-etat-souverain/