Suisse: Lancement d’une large «Alliance pour le repos dominical»
Berne, 13 juin 2012 (Apic) Des Eglises, organisations féminines, syndicats, médecins et partis de gauche ont lancé, une «Alliance pour le repos dominical». Le dimanche ne doit pas être sacrifié à des considérations économiques, ont-ils affirmé le 13 juin à Berne.
L’Alliance pour le repos dominical a dénoncé à l’occasion d’une conférence de presse, le «contournement sournois de l’interdiction du travail du dimanche». Cette tendance concerne surtout le commerce de détail, mais aussi d’autres domaines comme la Poste, ont souligné les organisations fondatrices. le dimanche ne doit pas être sacrifié à des considérations économiques. Il faut au contraire le préserver comme jour de repos et d’activités sociales.
La large Alliance pour le repos dominical regroupe des représentants des Eglises, de partis politiques, des syndicats, des organisations féminines et des médecins du travail. Elle veut s’engager «de toutes ses forces pour que la loi continue de protéger le repos du dimanche et des jours fériés, et refuse l’extension à grande échelle du travail du dimanche dans les shops des stations-service, dont il sera prochainement question au Conseil des Etats».
Aujourd’hui, il est déjà possible de travailler le dimanche si nécessaire, a rappelé devant les médias Kurt Regotz, président du syndicat Syna. Depuis 2006, les magasins peuvent ouvrir ce jour-là dans les grandes gares, comme l’a souhaité le peuple. Entre 2003 et 2009, le nombre d’employés travaillant le dimanche a augmenté de 12%, selon des chiffres publiés par la Confédération.
Une nouvelle extension des horaires ne correspond pas à un besoin général, estiment les syndicats, alors que les Zurichois et les Lucernois se prononcent ce dimanche sur la question. Lors de neuf votations populaires sur dix, des libéralisations ont été rejetées, a relevé Vania Alleva, membre de la direction d’Unia. Sept ans après la votation sur la vente le dimanche dans les gares, les patrons refusent toujours une convention collective de travail (CCT) pour le personnel concerné. Et lors de sondages, tous les salariés s’expriment contre des horaires d’ouverture de magasins plus longs, qui rendent très difficile la conciliation entre le travail et la vie de famille, a souligné Vania Alleva.
Klaus Stadtmüller, président de la Société suisse de médecine du travail, a énumèré les problèmes de santé encourus par la main-d’oeuvre concernée: difficultés à s’endormir et sommeil entrecoupé, manque d’appétit et troubles digestifs, stress et agitation. «De nombreuses études parlent même d’une augmentation de certaines formes de cancer.»
Kurt Regotz, président du syndicat syna, ne mâche pas ses mots: «Loin de créer de nouveaux emplois, le travail du dimanche ne fait que détériorer ceux qui existent». Les premières victimes de cette situation, dans le commerce de détail en particulier, sont les femmes, a constaté Erika Hofstetter, du comité de la Ligue suisse des femmes catholiques. «Les femmes font, une fois de plus, les frais de l’extension des heures d’ouverture des commerces. Elles n’ont guère le choix, car souvent le travail du dimanche est l’unique moyen pour elles de joindre les deux bouts.»
«La constitution d’une alliance nationale pour le dimanche, bien au-delà du cadre des Églises, montre qu’il existe un lien intrinsèque parmi ses signataires, à savoir le souci pour le bien de l›homme», a lancé Wolfgang Bürgstein, secrétaire général de la Commission nationale suisse Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses. «Cette fédération n’est pas seulement censée composer des intérêts divergents: syndicats, partis politiques, médecins du travail, Églises sont liés par l’effort commun de sauvegarder cet espace de liberté qu’est le dimanche au sein de la société, soustrait aux diktats du marché et laissant la place à d’autres nécessités vitales: un temps commun pour la famille, l’engagement dans des associations et des Eglises, le repos ou simplement du temps pour Dieu».
Outre de nombreux syndicats, la nouvelle «Alliance pour le dimanche» regroupe notamment le PS, les Verts, le PEV, le parti chrétien-social, les femmes protestantes en Suisse, l’Eglise évangélique méthodiste ou la Société suisse de médecine du travail. Elle soutiendra un éventuel référendum annoncé contre l’ouverture nocturne et dominicale des magasins de stations-service, acceptée début mai par le Conseil national. Le Conseil des Etats se prononcera cet automne. (apic/com/ag/bb)
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