Tanzanie: L’île de Zanzibar secouée par des violences religieuses

Les dirigeants de l’union multiplient les mises en garde

Dar es Salam, 13 juin 2012 (Apic) Les dirigeants de la république de Tanzanie multiplient les mises en garde et condamnations, à la suite de violences confessionnelles, fin mai dernier, à Zanzibar, une île semi-autonome dominée par les musulmans.

Selon les médias tanzaniens et africains, des musulmans, membres de l’organisation islamiste et indépendantiste locale «Uamsho» (»Réveil» en langue kiswahili) ont incendié deux églises lors de manifestations, les 27 et 28 mai. Ils protestaient contre l’interpellation d’un imam, membre de leur groupe.

Le gouvernement de Zanzibar a accusé la direction de Uamsho et le Forum de la renaissance islamique de Zanzibar, une autre organisation active de l’île, d’avoir commandité les troubles. Le président du mouvement Uamsho, cheikh Farid Hadi Ahmed, a rejeté ces accusations. Tout en condamnant les émeutes, il a réaffirmé son engagement à poursuivre la lutte jusqu’à ce que Zanzibar obtienne son indépendance et se libère de la domination tanzanienne. Cette lutte, a-t-il précisé, se fera par la voie pacifique, telle que l’organisation d’un référendum sur l’union entre le Tanganyika et Zanzibar. Car, a-t-il estimé, il appartient à la population de décider si oui ou non elle a «besoin de cette union», a relayé le site d’information tanzanien www.geocurrents.info

Inquiétude des Eglises et religions

Après la déclaration de cheikh Farid Hadi Ahmed, les leaders musulmans modérés, ainsi que les Eglises catholique, anglicane, et pentecôtistes de Zanzibar ont publié une déclaration commune dans laquelle ils expriment l’inquiétude de leurs fidèles pour leur sécurité et celle de leurs biens. Cette déclaration est signée de Mgr Augustino Shayo, évêque de Zanzibar, du Révérend Michael Hafidh de l’Eglise anglicane, et du vice-président de l’Union des Eglises pentecôtistes de l’île, le pasteur Timothy Philémon.

Quelques jours auparavant, le chef de l’Eglise anglicane de Tanzanie, le Révérend Mokiwa Valentino, avait dénoncé les conditions de vie des chrétiens à Zanzibar, faisant observer qu’ils étaient relégués au statut de seconde classe. Le prélat ajoutait que depuis 2001, 23 bâtiments de l’église avaient été incendiés dans les îles qui composent Zanzibar.

Le 9 juin, l’ancien président tanzanien Al-Hajj Ali Hassan Mwinyi a dénoncé les instigateurs des violences religieuses, qui prêchent le nom de Dieu. «C’est tout à l’encontre des enseignements islamiques», a-t-il estimé. Il s’adressait à des centaines de personnes, peu avant l’ouverture officielle de la mosquée Muhajirana à Dar es Salam, a rapporté le quotidien Tanzania Daily News. L’ancien président a ajouté que les troubles de Zanzibar n’étaient pas conformes aux enseignements du prophète Mahomet, mais relevaient «plutôt de l’hooliganisme».

Pour sa part, le président actuel Jakaya Kikwete a mis en garde les dirigeants du Forum de la renaissance islamique de Zanzibar, qu’il a accusé d’avoir fomenté le chaos dans l’Île. Il a affirmé que son gouvernement utilisera la force pour décourager les menaces et la violence dans les îles. (apic/ibc/bb)

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