Caritas relève de grandes différences dans les chiffres
Lucerne, 27 avril 2012 (Apic) L’Office fédéral de la statistique (OFS) a publié ces derniers mois des chiffres sur la pauvreté. Mais sur quels chiffres se baser? Selon les critères, il y a entre 230’000 et plus d’un million de pauvres en Suisse, relève Caritas Suisse dans son service de presse diffusé le 27 avril.
La statistique de l’aide sociale ainsi que la nouvelle enquête européenne comparative sur le revenu et les conditions de vie (SILC) livrent des données sur la situation de pauvreté en Suisse. Mais leurs résultats diffèrent beaucoup. La Suisse compte-t-elle 230’000, 590’000 ou un million de pauvres?
Ainsi, si l’on considère comme pauvres les gens qui ont recours à l’aide sociale, on en recense 231’000. Il s’agit de toutes les personnes qui ont eu recours au soutien de l’aide sociale durant une année (dans ce cas, 2010). «On sait très bien qu’un grand nombre de personnes qui auraient droit à l’aide sociale n’y ont pas recours pour autant», relève Regula Heggli, responsable du service spécialisé en politique sociale à Caritas Suisse.
L’OFS, se basant sur l’enquête SILC sur les revenus et les conditions de vie en Suisse, a publié en décembre 2011 deux chiffres qui se fondent sur un seuil de pauvreté relatif. D’une part, il utilise le seuil de pauvreté de l’UE selon lequel est pauvre ou menacée de pauvreté toute personne qui dispose de moins de 60% du revenu moyen. En Suisse, cela représente 14,2% de la population, soit 1’064’000 personnes.
Mais si on utilise d’autre part le seuil relatif de pauvreté de l’OCDE, toute personne qui dispose de moins de 50% du revenu moyen est pauvre. En Suisse, cela représente 7,6% de la population, soit 572’000 personnes.
Enfin, l’OFS parle d’un seuil de pauvreté absolu. Pour elle, toute personne dont le revenu disponible est moins élevé que la somme de ses coûts de logement et de ses besoins fondamentaux est pauvre. Selon les normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), cela représente 7,8% de la population vivant en Suisse, soit 586’000 personnes.
Pour Caritas, la pauvreté va au-delà du manque de ressources financières. «Elle s’exprime, non seulement par la faiblesse du revenu, mais aussi par le fait que les possibilités d’agir et de prendre part à la vie de la société sont limitées pour les personnes concernées. Cela est visible dans différents domaines de l’existence comme la santé, le logement, l’éducation et les loisirs», souligne Regula Heggli. Selon cette définition, Caritas part du principe que de 700’000 à 900’000 personnes sont touchées par la pauvreté en Suisse. «Indépendamment du nombre exact de personnes touchées par la pauvreté en Suisse, il n’en reste pas moins que la pauvreté en Suisse est présente dans des proportions inacceptables», conclut l’article.
Caritas Suisse a lancé fin 2009 un programme visant à réduire de moitié la pauvreté en Suisse entre 2010 et 2020. (apic/com/bb)
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