Les chrétiens de Kusayr dans le collimateur des islamistes
Rome, 3 avril 2012 (Apic) Le Saint-Siège a réaffirmé son appel à cesser la violence en Syrie, en proie à un conflit qui a déjà fait quelque 10’000 morts, des civils, des soldats gouvernementaux et des rebelles armés. Le pays se dirige peut-être vers une sortie de crise, relève Radio Vatican mardi 3 avril. La médiation de Kofi Annan devrait porter ses fruits: selon l’émissaire international, la Syrie devrait avoir retiré ses troupes des villes d’ici le 10 avril.
L’accord de Damas sur un désengagement militaire avant le 10 avril et les préparatifs pour un déploiement d’observateurs de l’ONU en Syrie offrent une lueur d’espoir. Damas a promis de commencer à mettre en œuvre le plan de paix de l’ONU et de la Ligue arabe, d’après Kofi Annan.
Ce désengagement pourrait aussi être le résultat de la conférence «des amis du peuple syrien» qui s’est tenue à Istanbul dimanche dernier. Plus de 70 pays réunis avaient plaidé pour une cessation des violences. Le Saint-Siège était représenté à cette réunion par le nonce apostolique en Egypte Mgr Michael Fitzgerald.
Au cours de cette réunion celui-ci s’est fait l’écho du message de Benoît XVI lors de l’angélus du 12 février dernier. Un message de paix pour mettre définitivement un terme aux affrontements meurtriers dans le pays.
Pendant ce temps, à Kusayr, important village des environs de Homs, à la frontière avec le Liban, les minorités ethniques et religieuses – alaouites, chrétiens et chiites – sont la cible d’actes de violence et d’atrocités perpétrées par des groupes armés sunnites qui exercent une vengeance sanglante, selon des sources du diocèse de Homs relayées par l’agence d’information vaticane Fides.
La famille chrétienne Kasouha a perdu nombre de ses membres, tués de sang froid. Les meurtres et les enlèvements sont accomplis par vengeance par des militants islamistes sunnites qui avaient d’antiques contentieux et qui aujourd’hui se présentent comme des «factions de la résistance». Ces bandes «cherchent de ressusciter les vieilles querelles intracommunautaires ou de porter à une guerre sectaire contre les minorités qui ne s’unissent pas à l’opposition», explique une source de Fides.
La population chrétienne de Kusayr, après un certain nombre de massacres et d’attaques, s’est enfuie. Des édifices de chrétiens ont été détruits ou incendiés après avoir été saccagés. La maison du curé du lieu, le Père George Louis, frappée par quatre tirs de mortier, a été complètement détruite.
Selon des sources locales, les biens meubles et immeubles des chrétiens ont d’ores et déjà été redistribués aux familles musulmanes sunnites. Dans de nombreuses localités, la population civile – explique une source de Fides – est prise dans un tir croisé. Les civils ont subi des pressions et des violences.
Les acteurs de la vie civile constituent une cible privilégiée pour la résistance armée: chauffeurs de taxi, vendeurs ambulants, fonctionnaires de l’administration civile ont subi des violences gratuites afin de les contraindre à se retirer de la vie civique et de paralyser les institutions étatiques.
Des agressions répétées ont contraint les écoles à fermer leurs portes. Les minorités sont victimes d’abus constants: automobiles, meubles et maisons placés sous séquestre, hommes, femmes et enfants pris en otage et relâchés seulement en échange du paiement d’une rançon. Selon les sources de Fides, le risque concret existe que les «nobles objectifs» proclamés par l’opposition syrienne soient phagocytés par l’islamisme, à cause de la présence de groupes armés qui ont pour seul but de créer «une guerre sectaire similaire à celle ayant eu lieu au Liban».
De nombreuses zones chrétiennes, poursuit Fides, même dans la ville d’Homs, sont devenues des cibles afin de venger le fait que les chrétiens ou d’autres minorités ne se sont pas alliés à l’opposition. Au sein de l’opposition armée, «il existe différentes factions, indépendantes les unes des autres, avec des motivations et des buts différents. Ce n’est plus un secret que les salafistes sont actifs dans de nombreux endroits et en particulier à Homs».
Les chrétiens ne sont pas victimes d’une persécution systématique parce que les factions ne sont pas toutes salafistes, remarque Fides, qui relève que la majorité des musulmans en Syrie dénoncent les salafistes et leurs rapports avec le wahhabisme.
«Le but de ces groupes armés est d’encourager les minorités à s’armer en vue du déclenchement d’une guerre confessionnelle. Mais cette réaction n’a pas eu lieu: les minorités ne se sont pas armées et n’ont pas cédé à la logique de la violence», conclut la source de Fides. (apic/rv/fides/be)
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