Zurich: L’avenir de la pastorale des migrants au cœur de l’assemblée de la RKZ

La diversité des langues et des cultures: une richesse et un défi pour l’Eglise

Zurich, 29 mars 2012 (Apic) L’assemblée plénière de la Conférence centrale catholique de Suisse (RKZ) s’est penchée sur les questions de la pastorale des migrants, du dialogue avec les collaborateurs pastoraux et des finances de l’Eglise. Réunie à Unterägeri, dans le canton de Zoug, les 23 et 24 mars 2012, elle a été présidée pour la première fois par Hans Wüst.

L’avenir de la pastorale des migrants a constitué le thème de réflexion principal de l’assemblée plénière de la RKZ. Les exposés de Mgr Martin Gächter, du directeur national de migratio Marco Schmid, du président de la Commission de financement et de planification de migratio, Alois Theiler, ainsi que du secrétaire général de la Conférence centrale, Daniel Kosch, ont permis de réaliser ce qu’il y avait à faire dans ce domaine. Les nombreux membres de l’Eglise catholique issus de l’immigration constituent à la fois un enrichissement et un défi. Que la pastorale des migrants soit une tâche, non plus temporaire mais permanente, de l’Eglise n’est pas une nouveauté en Suisse. Et tout porte à croire que la mobilité des individus à l’échelon international, les flux migratoires, le multilinguisme et la diversité culturelle continueront à marquer durablement la Suisse de leur empreinte et, plus particulièrement, l’Eglise catholique. Il n’y a pas de réponses simples et universelles aux questions pastorales et organisationnelles que cette réalité soulève. Les situations diffèrent en effet selon les régions du pays. Ainsi, au sein de la population catholique résidente, la part des personnes n’ayant pas de passeport à croix blanche oscille entre 5% et plus de 40% selon les cantons.

Les intervenants ont aussi insisté sur la nécessité d’envisager des angles d’attaque nouveaux. Marco Schmid a plaidé pour que l’on «construise des passerelles» entre la pastorale indigène et la pastorale des minorités linguistiques. Mgr Martin Gächter a exprimé le vœu d’une souplesse accrue, afin de réagir rapidement à des besoins sans cesse nouveaux. Alois Theiler a parlé de la nécessité d’abandonner certaines tâches assumées jusqu’ici pour permettre d’innover. Quant à Daniel Kosch, il a appelé à un changement de perspective et de modèle. Il s’agit d’abandonner le concept «une mission par minorité linguistique» au profit d’une «approche interculturelle», qui investisse plus dans une cohabitation que dans une existence parallèle des langues et des cultures.

Promouvoir le dialogue entre les collaborateur pastoraux

Les concepts pastoraux et organisationnels ainsi que la formation de base et la formation complémentaire des collaborateurs pastoraux doivent favoriser la collaboration et le dialogue. Les barrières linguistiques entravent les échanges au sein de la cellule locale ou à l’échelon du décanat. A ce niveau, il appartient au premier chef aux collaborateurs pastoraux allophones d’apprendre la langue officielle du lieu et à leurs collègues «indigènes» d’aller au-devant d’eux en faisant preuve d’ouverture, d’intérêt et de volonté de les intégrer. Gérer les différences culturelles requiert des compétences spécifiques à acquérir dans le cadre de la formation de base et de la formation continue.

Un autre défi réside dans la diversité des visions concernant l’Eglise, le rôle des prêtres et des collaborateurs pastoraux, ou encore la liturgie, la catéchèse et la formation religieuse. Il ne s’agit pas seulement de tolérer ces différences, mais encore de les aborder de manière constructive. Il est difficile de devoir vivre une situation de concurrence entre les uns, jugés rétrogrades, et les autres, qualifiés de «plus vraiment catholiques», et de dépasser les préjugés à cet égard.

La diminution des ressources humaines et financières à disposition fait qu’il faut fixer des priorités et renoncer à certaines activités existantes au profit d’autres tâches. Des bâtiments ecclésiaux doivent être utilisés à plusieurs, des pourcentages de poste partagés, des moyens financiers transférés.

Les finances de l’Eglise

La nécessité de faire face aux défis financiers a constitué le dénominateur commun de la plupart des objets inscrits à l’ordre du jour. Pour toutes les décisions et évolutions en matière financière, il y aura lieu de prendre pour critères les nécessités pastorales, mais aussi une vision réaliste des possibilités matérielles. Les comptes 2011, qui ont été bouclés avec un excédent de CHF 120’000.-, révèlent que les fonds ont été gérés avec parcimonie. Ce n’est que grâce à la planification financière à long terme et à la mobilisation de réserves existantes que la Conférence centrale est parvenue à compenser la chute des recettes de l’Action de Carême. Ce solde positif a été attribué au Fonds de financement de projets et d’innovations de la Conférence centrale, afin d’assurer qu’en période d’économies aussi, la possibilité de soutenir des projets ou des innovations importants reste maintenue.

Un projet de document stratégique a fait l’objet d’une première lecture. La formulation proposée de la vision stratégique (»Afin de contribuer à l’existence d’une Eglise crédible et en phase avec son temps, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse promeut la collaboration et la solidarité en matière financière») a été accueillie favorablement. Les délégués ont exprimé le souhait que le contenu du document soit plus concret sur les deux points suivants: le rôle futur de l’Action de Carême en matière de financement des activités de l’Eglise en Suisse, et les tendances qui se dessineront s’agissant des contributions dues à la Conférence centrale et du crédit du cofinancement.

La question de l’évolution des contributions de la Conférence centrale fait actuellement l’objet d’une consultation auprès de ses membres. Les organisations ecclésiastiques cantonales ont été priées d’exprimer leur avis à propos de la répartition des recettes de l’Eglise catholique en Suisse entre les échelons paroissial, cantonal et national. Elles ont été invitées à faire part de leur opinion concernant une diminution de l’engagement en Suisse de l’Action de Carême et les possibilités d’un relèvement des contributions perçues par la Conférence centrale pour compenser celle-ci.

La question de l’abrogation de l’assujettissement des personnes morales à l’impôt ecclésiastique est aussi un sujet que la RKZ va suivre avec attention. (apic/com/js)

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