Un des plus riches trésors dévoilés par la cathédrale de Fribourg
Fribourg, 7 mars 2012 (Apic) Lors d’une rencontre avec la presse, le 7 mars à la Cathédrale St-Nicolas, François Guex, conseiller scientifique au Service des biens culturels de l’Etat de Fribourg, a souligné l’importance de la découverte, fin 2011, d’un ensemble de peintures murales datant du 14e siècle. Cette œuvre était cachée par le retable de l’autel de la Nativité, qui a été retiré dans le cadre de travaux de restauration. «La période de découverte d’anciennes peintures est révolue. Cela devient rare», a–t-il lancé devant les journalistes.
Il s’agit, selon lui, d’un des plus riches trésors dévoilés par la cathédrale de Fribourg. Cette peinture a été réalisée durant la phase de construction de l’édifice, laquelle a démarré en 1283. L’oeuvre date donc du 14e siècle. François Guex s’étonne que la petite ville de Fribourg (5’000 habitants à l’époque) ait eu les moyens de réaliser une œuvre de cette qualité pour son église paroissiale. Les niches et les tourelles qui l’entourent constituent «une belle richesse de décor architectural».
L’identification des personnages représentés a été rendue possible par l’observation des détails qui les accompagnent, malgré le fait que l’oeuvre soit en bonne partie recouverte d’un badigeon. Au sommet de la peinture murale se trouve Saint Nicolas de Myre, patron de la ville, reconnaissable aux boules d’or qu’il remet à trois jeunes filles afin de les sauver de la traite humaine. Plus bas, sur la droite, un personnage auréolé comme un saint abrite des élus à la hauteur de sa poitrine, pour les protéger. Il s’agit d’Abraham, même s’il a été «christianisé», assure François Guex. A sa gauche, un soldat, un étendard à la lance, un écu à son bras gauche et un glaive à la main, semble quitter le piédestal sur lequel il est installé. Tous ces détails font penser à Saint Maurice d’Agaune. En bas à droite, un plateau de balance atteste de la représentation de l’archange Michel. De l’autre côté de la colonne de droite, un petit garçon est juché sur l’épaule d’un grand personnage traversant un point d’eau baigné de poissons: Saint Christophe transportant l’enfant Jésus. Enfin, une trace de retaille au milieu atteste de la présence d’une console sur laquelle se dressait une statue, probablement celle de Notre-Dame, à qui la chapelle était dédiée.
Cet ensemble de personnages qui n’ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres est «un peu déconcertant», admet François Guex. Leurs points communs? La popularité de leur culte et le recours à leur intercession lorsque les croyants allaient passer de vie à trépas.
Il ne s’agit pas d’une fresque, indique l’architecte Stanislas Rück, actuellement en charge des travaux de restauration. L’œuvre a été peinte à sec sur la pierre, probablement à l’huile. «Mais ce sera encore confirmé par des analyses».
Selon l’architecte, d’autres peintures se trouvent actuellement couvertes par des oeuvres plus récentes. «A Fribourg, on a toujours peint par-dessus. D’autres couches constituent donc les témoignages de différentes époques». Des travaux ont permis de découvrir qu’un autre autel, sur la droite de la cathédrale, dissimulait également des peintures, mais pas d’époque gothique.
Que faire face à cette accumulation d’œuvres superposées? Alors qu’autrefois la tendance était de redonner aux œuvres leur lustre d’antan, on cherche maintenant davantage à conserver une certaine unité de style à l’intérieur de l’édifice. Ainsi, malgré leur énorme richesse artistique et historique, les peintures murales découvertes lors des travaux de restauration seront tout de même recouvertes par le retable de l’autel de la Nativité. Mais de façon à ce que l’on puisse le retirer assez facilement, pour garder la possibilité de montrer à nouveau ces oeuvres. Le public peut encore les admirer jusqu’au 7 avril.
Encadré:
La Cathédrale Saint-Nicolas, à l’image de la sainte Eglise catholique, se trouve en éternel chantier.
Le cycle de sa restauration a débuté vers 1920 déjà, par la tour. «Les plus anciens se souviennent qu’une grue a coiffé le sommet de la cathédrale durant plusieurs décennies», rappelle l’architecte Stanislas Rück. Le chantier s’est ensuite déplacé vers les bas-côtés dans les années 70, à l’intérieur de l’édifice dans les années 80 (avec notamment la restauration de l’orgue), puis au porche d’entrée et son portail du Jugement dernier dans les années 90. Depuis 2000, le chantier est revenu à l’intérieur de la cathédrale. «La restauration d’une chapelle latérale dure en général une année. Et même s’il y a peu de travailleurs à l’œuvre à la fois, cela représente tout de même une cinquantaine d’entreprises qui défilent», précise l’architecte.
Les travaux sont interrompus cette année afin de ne pas perturber les festivités du 500e anniversaire de Chapitre de Saint-Nicolas. Ils seront repris en 2013 avec le portail sud, qui est couvert depuis près de 40 ans. Il restera ensuite quelques travaux dans le chœur et sur les façades de la sacristie notamment.
Et c’est ainsi que sera clos le cycle des travaux de restauration, qui aura duré près de 100 ans. Et après? «On recommencera avec la tour», sourit Stanislas Rück.
Encadré:
L’édifice appartenant à l’Etat, c’est lui qui assure la plus grande partie des frais de restauration, qui se montent entre 700 et 900’000 francs par an (parfois plus d’un million en cas de gros travaux), y compris la mise à jour technique du bâtiment (chauffage, électricité, …). La «Fondation pour la conservation de la Cathédrale Saint Nicolas», présidée par l’ancien conseiller d’Etat Augustin Macheret, soutient également le financement de certains travaux. Elle vient d’éditer à cet effet une série de cartes et d’affiches d’art sur la cathédrale. Elles seront en vente à partir de Pâques à l’entrée de l’édifice dès la saison des visites.
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