Chine: Pressions des autorités sur la communauté clandestine du diocèse de Suiyuan
Suiyuan, 25 février 2012 (Apic) Les autorités multiplient les actions visant à contraindre le clergé «clandestin» à rejoindre les rangs des «officiels». Désarroi parmi les prêtres «clandestins» du diocèse de Suiyuan, en Mongolie intérieure, a rapporté ’Eglise d’Asie’ (EDA), l’agence d’information des Missions étrangères de Paris, le 24 février 2012.
La dernière action en date remonte au 14 février dernier. Des fonctionnaires du Bureau local des Affaires religieuses, accompagnés de policiers de la Sécurité publique, ont investi les locaux du séminaire «clandestin» du diocèse de Suiyuan et ont chassé tous les étudiants. Quelques jours plus tard, la police a localisé l’administrateur diocésain «clandestin», le Père Gao Jiangping. Arrêté en compagnie du Père Zhao Fu, il est retenu par la police en un lieu inconnu.
Le 30 janvier dernier, six prêtres «clandestins» avaient déjà été arrêtés. Quelques jours plus tard, quatre d’entre eux avaient été relâchés, dont le but était d’intensifier les pressions des autorités sur ces prêtres, afin qu’ils rejoignent les structures «officielles» de l’Eglise locale.
Le 13 février, les quatre prêtres libérés – les Pères Chu Jianli, Ding Zhanmin, Wang Hu et Zhao Runxi –, ont été contraints de concélébrer une messe aux côtés de Mgr Paul Meng Qinglu, évêque «officiel» du diocèse de Hohhot, dans une église de la ville de Baotou. Les quatre prêtres ont ensuite été emmenés vers un lieu secret, afin d’y subir des séances d’endoctrinement, a rapporté l’agence ’Ucanews’ le 23 février. Quand le journaliste a demandé à Mgr Meng si les prêtres avaient été contraints de concélébrer, il est resté évasif. Il a précisé que des «clandestins», assistant à la messe, ont essayé d’empêcher les Pères Ding et Wang d’aller jusqu’à l’autel. Mais «après quelques moments de flottement, les deux prêtres ont finalement pu rejoindre le cœur de l’église au moment de l’homélie».
Agé de 47 ans, Mgr Paul Meng Qinglu est l’évêque «officiel» du diocèse de Hohhot, depuis le 18 avril 2010. Ordonné avec l’accord du Saint-Siège, il est dans la communion ecclésiale, en dépit qu’il soit l’un des vice-présidents de l’Association patriotique des catholiques chinois au plan national et qu’il ait pris part à la cérémonie d’ordination illicite – sans l’accord de Rome – de Mgr Guo Jincai, le 20 novembre 2010, à Chengde dans la province du Hebei.
Pour les autorités chinoises, faire qu’un prêtre «clandestin» concélèbre avec un évêque membre d’une organisation que Rome tient pour incompatible avec la doctrine catholique est une manière de le forcer à reconnaître la légitimité des structures «officielles» de l’Eglise en Chine. Le faire avec un évêque qui s’est placé en-dehors de la communion ecclésiale en ordonnant un candidat à l’épiscopat n’ayant pas reçu de mandat pontifical est une manière supplémentaire d’accentuer la pression sur le clergé «clandestin».
A Suiyuan, les autorités chinoises ont réussi à semer la confusion au sein du clergé «clandestin». «Pourquoi s’accrocher à des principes ecclésiaux pour lesquels nos prédécesseurs ont été jusqu’à donner leur vie?» s’interroge l’un d’eux. Certains prêtres se demandent ouvertement pourquoi demeurer encore dans la clandestinité, si Rome semble accepter qu’un évêque comme Mgr Meng Qinglu occupe un haut poste dans les structures centrales de l’Association patriotique et prend part à une ordination épiscopale illicite. (apic/eda/ggc)
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