L’objectif: les pousser à partir, affirme l’archevêque de Sarajevo
Sarajevo, 25 janvier 2012 (Apic) L’archevêque catholique de Sarajevo revendique le droit à l’égalité pour les chrétiens de la capitale de la Bosnie-Herzégovine et dans le reste du pays. Le cardinal Vinko Puljic, en visite au siège de l’œuvre d’entraide catholique internationale Aide à l’Eglise en Détresse (AED) à Königstein (Allemagne), affirme que sur le marché de l’emploi, dans les établissements d’enseignement et dans d’autres domaines de la vie les catholiques sont désavantagés. L’objectif est de les pousser à quitter le pays, affirme-t-il.
Les catholiques de Bosnie-Herzégovine doivent être traités avec égalité, exige le cardinal Vinko Puljic. L’archevêque de Sarajevo déplore que les terrains et bâtiments de l’Eglise confisqués du temps du communisme n’ont pas été restitués, les permis de construire pour des églises sont retardés pendant des années. Le gouvernement «ne montre aucun intérêt à rendre à l’Église catholique les propriétés confisquées». Les propriétés musulmanes, par contre, elles, le sont, poursuit-il.
Le cardinal âgé de 66 ans observe avec beaucoup de soucis l’islamisation croissante en Bosnie-Herzégovine. Grâce aux pétrodollars venus d’Arabie Saoudite, des centres musulmans et des mosquées sont édifiés en de nombreux endroits.
Rien qu’à Sarajevo, au moins 70 nouvelles mosquées ont été construites au cours des dernières années. Entre 3’000 et 5’000 «wahhabites» – adeptes d’un islam radical importé d’Arabie Saoudite – sont présents dans le pays. Ils tenteraient de gagner en influence dans la société. «Aucun membre du gouvernement n’a le courage de s’opposer à cette évolution!» , déplore le cardinal Puljic.
«Dans cette société, l’Eglise catholique est la seule force qui s’engage en faveur d’une cohabitation égalitaire et pacifique entre les différents groupes ethniques et religieux», poursuit Mgr Vinko Puljic. «Nous sommes une minorité, mais nous représentons une puissance constructive qui a la volonté de contribuer à la réussite de notre société».
En Bosnie-Herzégovine, 40 % de la population se réclame de l’islam et quelque 31 % sont fidèles à l’Eglise serbe-orthodoxe. Le reste appartient à d’autres communautés religieuses. Le taux de catholiques s’élève à environ 10 %. Avant la guerre, entre 1992 et 1995, 820’000 catholiques – essentiellement de culture croate – vivaient encore en Bosnie-Herzégovine. Aujourd’hui, il n’en reste que 460’000, et la vague d’expatriations se poursuit.
De plus en plus souvent, note l’AED, des religieuses portant l’habit sont injuriées en pleine rue en Bosnie-Herzégovine. Soeur Ivanka Mihaljevic, mère supérieure provinciale de la congrégation des Sœurs franciscaines du Christ-Roi relève que par crainte d’exactions verbales, «les religieuses ne quittent plus leur couvent qu’à deux, dans la mesure du possible».
En général, note-t-elle, la vie au quotidien devient plus difficile. Ainsi, de plus en plus de musulmans extrémistes venus d’Arabie Saoudite ouvrent des magasins. Souvent, les religieuses n’ont d’autre choix que de faire leurs achats chez eux, mais y subissent fréquemment des discriminations et des humiliations. Dernièrement, l’une d’entre elles a voulu acheter du pain. «Bien que les miches de pain étaient disposées devant elle, le propriétaire du magasin a prétendu qu’il n’y avait pas de pain», poursuit Sœur Ivanka.
«Il ne voulait simplement pas vendre son pain à une religieuse catholique. Nous ressentons bien souvent que nous ne sommes pas les bienvenues, alors que nous sommes chez nous ici!», relève la mère supérieure.
Par contre, les musulmans bosniaques établis de longue date sont «pacifiques» et ont souvent honte du comportement de leurs coreligionnaires extrémistes ayant immigré en Herzégovine, souligne encore la religieuse.
A Sarajevo, les Sœurs franciscaines du Christ-Roi s’engagent tout particulièrement pour une cohabitation pacifique de toutes les religions. Elles ont mis en place un programme portant sur trois ans, intitulé «Je te tends la main pour une convivialité pacifique». Dans le cadre de cette initiative, catholiques, musulmans et chrétiens serbes-orthodoxes s’engagent ensemble en faveur de la tolérance, de la non-violence et du respect mutuel. Cette année, il aurait été prévu d’agir en commun contre les exactions verbales, explique la Mère supérieure provinciale. «Ce sont de petites étapes synonymes de paix et de bonne volonté, mais nous voulons donner courage aux hommes». La congrégation des Sœurs franciscaines du Christ-Roi en Herzégovine compte 260 religieuses, dont une quinzaine vit à Sarajevo. (apic/com/be)
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