«Je voudrais vous parler d’amour… et de sexe», un best-seller controversé

Québec: Le livre de Sœur Marie-Paul Ross, docteure en sexologie, suscite des remous

Québec, 16 janvier 2012 (Apic) Le livre de Sœur Marie-Paul Ross, «Je voudrais vous parler d’amour… et de sexe», paru l’an dernier aux Editions Michel Lafon, suscite toujours des remous au sein du clergé québécois. L’ouvrage de la docteure en sexologie a été un best-seller en France et au Québec, mais il a suscité les critiques de la revue du diocèse de Québec «Pastorale-Québec». La religieuse estime que la publication a attaqué sa crédibilité.

Un passage en particulier, à la fin du livre, a créé la polémique: «Entre 10 % et 20 % des prêtres et des religieuses que j’ai croisés en formation ou soignés affirment avoir respecté ou respectent leurs promesses de célibat sacerdotal et religieux. Ce qui veut dire qu’environ 80 % d’entre eux ont eu des écarts…», écrit la religieuse de la congrégation des Missionnaires de l’Immaculée Conception qui a effectué des recherches au niveau international (26 pays, au cours d’une démarche scientifiquement reconnue).

Dans la terminologie adoptée par la religieuse sexologue, le mot «écart» peut recouvrir cependant un grand nombre de comportements. «Faut-il savoir ce qu’est un engagement au célibat, écrit-elle dans sa réponse à la revue. Ce fut ma grande surprise lors de mon investigation en constatant que l’engagement au célibat n’était pas clair. Pour beaucoup d’entre eux, ça se résumait à ne pas avoir de relations sexuelles. Pourtant, c’est beaucoup plus profond que cela…»

Confrontée à la misère sexuelle dans les bidonvilles d’Amérique latine

Fondatrice de l’IIDI (Institut International de Développement Intégral) à Québec et créatrice du Modèle d’Intervention Globale en Sexologie – MIGS, une forme de thérapie intégrale, SÅ“ur Marie-Paul Ross se veut la promotrice d’une saine sexualité. C’est notamment son passage comme missionnaire sur le terrain en Amérique latine et la misère sexuelle qu’elle a rencontrée dans les bidonvilles, qui l’ont poussée à s’investir dans ce domaine. Elle a obtenu le premier doctorat en sexologie clinique, titre qu’elle a obtenu à l’Université Laval de Québec

Mais ses propos soulèvent des questions délicates qui ont provoqué la réaction de certains membres du diocèse de Québec. Ils critiquent des propos de la sexologue, dont l’auteure en assume l’intégrité, ainsi que la démarche scientifique reconnue par le milieu universitaire québécois.

Une «médiatisation controversée»

Dans le numéro de novembre de la revue Pastorale-Québec, un article intitulé «Le récent livre de SÅ“ur Marie-Paul Ross. Une médiatisation controversée», donne la parole à divers intervenant afin d’apporter un point de vue différent de ce qu’écrit la sexologue dans son ouvrage. Ainsi les chiffres avancés par la religieuse de la congrégation des missionnaires de l’Immaculée Conception sont mis en doute. «Bien sûr, il y a ce chiffre de 80% qu’elle a lancé, qui ne veut rien dire: de quels écarts parle-t-on? Et puis, 80%, c’est une conclusion exagérée, une généralisation qui fausse la réalité. C’est dommage parce que si les gens ne retiennent que cela – ce qui risque d’arriver «ˆ’ ils perdent l’essentiel de son livre», écrivait l’abbé Martin Laflamme, psychologue au Grand Séminaire de Québec.

Dans l’article de la revue officielle du diocèse de Québec, il était clair qu’en plus de certains passages du livre, c’est la médiatisation autour du lancement de l’ouvrage qui dérangeait.

«Le traitement plutôt sensationnaliste de ses propos dans les médias ne rend pas justice à la fidélité et à la réalité d’un grand nombre de personnes. De plus, je ne crois pas que le public puisse évaluer à sa juste valeur ce qu’il en est vraiment», avançait quant à elle sœur Anne-Marie Richard, qui n’avait pourtant pas lu le livre au moment d’écrire ces lignes.

Suite à la réaction écrite de Sœur Marie-Paul Ross, le diocèse s’est défendu d’avoir remis en question ses compétences. Lors du point de presse convoqué par la religieuse la semaine dernière, le directeur des communications du diocèse de Québec a lancé un appel au dialogue. L’article original du mois de novembre piloté par l’abbé René Tessier, rédacteur en chef de la revue, la réaction de Sœur Marie-Paul Ross et la réponse à cette réaction de l’abbé Tessier sont aujourd’hui disponibles sur le site de la revue Pastorale-Québec. www.pastoralequebec.ecdq.org (apic/rvm/be)

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