Belgique: L’évêque auxiliaire de Bruxelles face à la problématique des églises qui ferment

40 églises menacées de fermeture sur le territoire bruxellois

Bruxelles, 10 janvier 2012 (Apic) L’église Sainte-Catherine, située au cœur de la capitale belge, accueillait dimanche 8 janvier la toute dernière messe célébrée dans ce lieu de culte catholique qui sera désacralisé, faute de fréquentation suffisante. Cet édifice néogothique protégé va sans doute être transformée en marché couvert.

La Ville de Bruxelles envisage en effet de le transformer en marché aux fruits et légumes, au grand dam des fidèles, qui se sont constitués en une association appelée «Les Amis de Sainte-Catherine». Cette association, qui regroupe des chrétiens bruxellois, espère conserver le côté spirituel de l’église. Sa pétition en ligne et sur papier comptait déjà dimanche dernier près de 8’000 signatures.

Sur le site internet de la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF) www.rtbf.be, Pierre Argaut, membre des «Amis de Sainte-Catherine», affirme qu’au-delà du cas de Sainte-Catherine, la problématique de la fréquentation touche bon nombre d’autres églises bruxelloises, qui vont être désacralisées.

’’40 églises sur 110 seraient concernées. Quelles sont les églises concernées exactement, je ne le sais pas encore, affirme Pierre Argaut. Par rapport au manque de fidèles dans les églises, je pense qu’il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Il est là et c’est – à mon sens – aussi la responsabilité des fidèles de faire en sorte d’animer les églises, de les ouvrir. La question doit être posée. Il faut qu’il y ait débat. C’est là notre principale critique quant à la procédure de désacralisation engagée vis-à-vis de Sainte-Catherine’’.

Pour Mgr Kockerols, la désacralisation des églises est toujours source d’émotions

La désacralisation des églises est un sujet d’actualité qui attise les passions, comme c’est le cas dans la capitale belge à propos de l’église Sainte-Catherine. Mgr Jean Kockerols, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, souligne que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il faut fermer des lieux de cultes. ’’Nous devons être proactifs si nous voulons éviter qu’on nous impose des solutions inadéquates. La question fondamentale porte sur la vision d’Eglise que nous voulons avoir’’, affirme-t-il dans un propos rapporté par catho.be, le site de l’Eglise catholique en Belgique.

Même si on voyait se profiler cette problématique depuis des années, la désacralisation d’églises est une question neuve pour tous les acteurs concernés, souligne Mgr Jean Kockerols, qui évoque d’emblée la souffrance qu’elle engendre non seulement pour les paroissiens confrontés à la fermeture totale ou partielle de leur lieux de culte, mais aussi pour les autorités de l’Eglise, qu’on oublie parfois.

Une civilisation où l’Eglise n’a plus une place dominante

’’Pourquoi doit-on en arriver à fermer des églises ? On a évoqué la baisse de la pratique religieuse. C’est un argument, mais il n’est ni primordial, ni unique. Dans ce dossier, chaque cas est particulier et il est donc impossible de mettre en place des solutions ›standardisées’’’, relève-t-il. Mgr Kockerols rappelle qu’une des causes qui sous-tend la désacralisation vient de ce que nous vivons dans une civilisation où l’Eglise n’a plus une place dominante. Par ailleurs, le patrimoine immobilier religieux a été pensé dans une autre ère. La fusion des communes dans les années 70 explique aussi que certaines entités possèdent plusieurs églises sur leur territoire. C’est un fait de société, mais qui ne doit pas occulter le fait que ces églises ne sont pour autant devenues inutiles’’.

Ces églises ’’constituent toujours des lieux symboliques forts qui doivent être préservés’’, souligne l’évêque auxiliaire, ajoutant que la question fondamentale est d’avoir une vision d’Eglise. ’’Que veut-on vivre en Eglise ?’’, s’interroge Mgr Kockerols, amorçant une ébauche de réponse en précisant que les communautés doivent être signifiantes et porter un projet. ’’Notre souci pastoral est d’avoir un lien fort, permettant de maintenir un lieu symbolique au cœur de la cité à conjuguer avec un souci de projet d’Eglise’’.

Garder un côté émotionnel fort

Pour l’évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, la question est avant tout pastorale et il n’existe pas de solution unique. ’’On peut dégager quelques grands principes de discernement, mais dans les faits cela restera toujours une solution spécifique. A titre personnel, je plaide pour la conservation d’un lieu symbolique fort avec, quand c’est possible, le maintien d’un lieu de prière, c’est-à-dire une désacralisation partielle. A défaut, nous optons pour une affectation profane qui ne soit pas inconvenante’’, ce qui nécessite un dialogue avec les pouvoirs publics. ’’Attendre en pensant que l’on reviendra à une situation qu’on a connue dans le passé, c’est manquer de réalisme !’’

L’option prise de réaffecter l’église Sainte-Catherine, au centre de Bruxelles, en marché couvert de fruits et légumes a été réfléchie, souligne Mgr Kockerols. «Il est vrai qu’elle est, pour l’Eglise, difficile, délicate et ne se fait pas sans peine. Elle implique le maintien sur place d’un lieu de culte, certes plus modeste, mais permettant aux passants de se recueillir et d’y trouver un aire de repos, de silence et de ressourcement. L’avenir de Sainte-Catherine s’intègre dans une réflexion globale pour l’ensemble des églises du Centre Ville». (apic/catho.be/rtbf/be)

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