L’archevêque de Ouagadougou présente ses voeux
Ouagadougou, 30 décembre 2011 (Apic) L’Eglise catholique du Burkina Faso ne veut pas d’un nouveau mandat pour le chef de l’Etat. Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par la force en 1987, domine depuis cette date la vie politique du pays.
En rencontrant les médias pour la fin d’année, l’archevêque métropolitain de Ouagadougou, Mgr Philippe Ouédraogo, a déclaré que la Conférence épiscopale s’opposait à la révision de l’article constitutionnel limitant le nombre de mandats à la tête de l’Etat. Le prélat a indiqué que les évêques se fondaient sur la doctrine sociale de l’Eglise, notamment le souci du bien commun. Il a précisé que si l’Eglise prenait position sur une question politique, elle ne se situait ni dans la mouvance présidentielle ni dans l’opposition. La révision de l’article constitutionnel est depuis des mois au centre des débats politiques du pays et la déclaration de l’archevêque a tout de suite suscité un débat animé entre partisans et adversaires.
Le Burkina Faso est toujours marqué par les graves désordres du printemps 2011 où les jeunes, les militaires et les commerçants ont exprimé, souvent par des actes très violents, leur ras-le-bol. Une mauvaise récolte due aux précipitations insuffisantes fait craindre une famine en première moitié de l’année 2012. L’archevêque souhaite pourtant regarder la nouvelle année avec «une attitude de confiance et d’espérance». «Il ne faut pas se laisser abattre par les tribulations multiples qui nous assaillent: crise économique, vie chère, pénurie alimentaire, maladies et souffrances diverses… Regardons notre monde tel qu’il est, en vérité et avec optimisme. Alors, ensemble, nous vaincrons les obstacles et relèverons les défis multiformes».
Malgré son optimisme, l’homme d’Eglise ne ferme pas les yeux devant la grande détresse d’une partie de la population burkinabé. Il a rappelé que tout en étant pasteur, il vivait au milieu du peuple et côtoyait chaque jour ses problèmes. Selon lui, les personnes sans ressources sont toujours plus nombreuses à venir solliciter un soutien matériel auprès de l’Eglise. Bien que le pays ait fait quelques progrès économiques, Mgr Ouédraogo ne mâche pas ses mots: «Les gens sont pauvres; je dis que ce n’est pas la pauvreté, c’est de la misère. Il y a des familles aujourd’hui qui ne peuvent même pas résoudre un problème de 5’000 francs CFA (environ 9 francs suisses). On ne me l’a pas dit, je l’ai vu.» L’archevêque promet que toutes les organisations sociales de l’Eglise du Burkina et ses partenaires à l’étranger feront leur possible pour apporter leur contribution «que se soit pour des céréales, la santé, l’éducation et les autres aspects du développement.» L’Action de Carême de catholiques suisses est d’ailleurs présente au Burkina Faso depuis 1971 et concentre depuis des années ses activités sur l’amélioration de la situation alimentaire.
Selon l’archevêque, l’année 2011 a été très dure pour l’Eglise. Jamais le clergé n’a été aussi agressé que cette année. Il y voit un mouvement orchestré, mais ignore qui en est à l’origine. Il se sent aussi interpellé par le nombre croissant de catholiques qui se tournent vers d’autres confessions et sectes et souhaite que les communautés de base chrétiennes vivent encore mieux la solidarité.
L’Eglise du Burkina espère que sa première basilique mineure, en chantier depuis 20 ans à Yagma, sera achevée en février 2012. La dédicace pourrait être faite par le cardinal Bertone, le numéro deux du Vatican. L’ambition est de faire de Yagma un lieu de pèlerinage pour toute l’Afrique de l’Ouest. (apic/jpr/amc)
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