Augmentation des inégalités de revenus et de fortune
Lucerne, 28 décembre 2011 (Apic) En 2010, l’économie suisse s’est mieux portée que prévu. Mais les classes à revenus inférieurs, ainsi que les personnes pauvres et nécessiteuses n’en ont pas du tout profité. C’est ce que relève Caritas Suisse dans son Almanach social 2012, qui vient de paraître.
L’organisation d’entraide de l’Eglise catholique souligne dans ce rapport que «dans les pays voisins, la dette de l’Etat explose, mais en Suisse, le budget 2010 de l’État se clôt sur un excédent de 3,6 milliards de francs». «On attend un excédent pour 2011 également. Malgré de fortes turbulences sur les marchés financiers européens, l’économie suisse a évolué positivement de manière générale», poursuit Caritas Suisse.
Pourtant, Regula Heggli, responsable de la politique sociale chez Caritas Suisse, fait un bilan mitigé dans son rapport de l’évolution sociale et économique de la Suisse en 2010/2011. «Trop de gens ne peuvent pas vivre du revenu de leur travail. Le nombre de chômeurs de longue durée reste élevé alors même que les entreprises souffrent du manque de personnel qualifié. Et surtout, l’inégalité de répartition des revenus et de la fortune s’est massivement accrue», relève-t-elle.
Dans une étude établie par le Crédit Suisse, la Suisse se trouve en troisième position dans le classement 2010 des inégalités de revenus, juste derrière Singapour et la Namibie. En Suisse, le 3% des contribuables privés dispose d’un revenu net égal aux 97% des autres contribuables. D’ailleurs, cette inégalité de la répartition des revenus ne cesse de s’accroître: entre 1997 et 2008, le nombre de personnes gagnant plus d’un million de francs par an a été multiplié par cinq, alors même que le revenu brut moyen n’a pratiquement pas bougé depuis 1998. Caritas Suisse relève donc que l’écart se creuse fortement entre les ménages à faible revenu et les ménages à revenu élevé.
Selon l’Office fédéral de la statistique, entre 8 et 14,6% de la population suisse est menacée de pauvreté. Le risque est particulièrement élevé pour les personnes peu qualifiées, les personnes élevant leurs enfants seules, les familles nombreuses et les femmes, surtout celles qui sont d’origine étrangère. En un mot: les groupes de populations les plus vulnérables n’ont pas profité de l’accroissement de la richesse de la société. Au contraire, ces groupes doivent même accepter certaines pertes sensibles, déplore Caritas. Par exemple, la qualité de la prise en charge des soins dépend de plus en plus d’un système à plusieurs vitesses dans lequel les personnes pauvres sont nettement défavorisées. L’accès au logement dépend fortement du revenu, et dans de nombreuses villes suisses, il devient désormais presque impossible aux familles à faible revenu de trouver un logement financièrement accessible.
Cette évolution est choquante et inquiétante, selon Regula Heggli, d’autant qu’une répartition équitable du bien-être est garante de la stabilité économique et politique d’un pays. «Lorsque l’écart se creuse entre les pauvres et les riches, c’est une perte pour la société tout entière», lance-t-elle, tout en renvoyant à des études britanniques: «La qualité de vie et le bien-être de tous s’améliorent lorsque les inégalités diminuent.»
Note: L’Almanach social 2012 est disponible en allemand auprès de info@caritas.ch. Point fort de cette année: la pauvreté des enfants.
(apic/com/bb)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/augmentation-des-inegalites-de-revenus-et-de-fortune/