Suisse: Redécouverte des enluminures à l’église du Pasquart
Bienne, 19 décembre 2011 (Apic) L’enluminure, un des héritages artistiques majeurs du Moyen Âge, tombe dans l’oubli. L’exposition «Page de lumière», mise sur pied en l’église du Pasquart à Bienne, remet à l’honneur cet art grâce aux œuvres de la Jurassienne bernoise Jacqueline Girard.
«Je souhaite faire revivre un patrimoine exceptionnel méconnu du grand public, ressusciter des chefs-d’œuvre désormais cachés dans les bibliothèques, les musées ou les collections privées. Et j’aimerais par-dessus tout inviter les visiteurs à une fabuleuse découverte esthétique.» Pour Jacqueline Girard, l’art de l’enluminure, cette technique qui consiste à décorer et à illustrer les manuscrits, est devenue la passion d’une vie. La pimpante et amène Jurassienne bernoise reproduit depuis une vingtaine d’années les merveilles créées au Moyen Âge par des moines copistes ou des peintres laïcs, tels que les Français Jean Colombe et Jean Fouquet.
Avec persévérance, professionnalisme et dynamisme – véritable pied de nez à ses 78 ans –, Jacqueline Girard a tissé dans son atelier de Saint-Imier une œuvre d’une grande richesse. Témoins d’un esprit globe-trotter, ses enluminures sur parchemin et ses fresques sur papier aquarelle propulsent les esthètes dans des aires culturelles aussi différentes que l’Occident chrétien, l’Afrique du Nord, le Proche et le Moyen-Orient.
Jusqu’au 8 janvier 2012, l’église réformée du Pasquart, à Bienne, accueille 95 enluminures et fresques réalisées par cette ancienne enseignante férue de beaux-arts et de chant grégorien. L’exposition, organisée par l’’association Présences’, propose un voyage à travers l’enluminure religieuse avec des œuvres tirées de la Bible, des psautiers, des évangéliaires et des livres d’heures. Les enluminures profanes, avec un très beau «Tristan et Yseult», des tableaux consacrés aux plantes médicinales ainsi que des manuscrits arabes, complètent la découverte d’un art que l’invention de l’imprimerie, au 15e siècle, a condamné à la marginalité.
«J’ai choisi, au gré de mes voyages, les œuvres qui me parlaient, qui faisaient vibrer la corde de mes émotions. Et dans mon travail de copie, je cherche à retrouver les couleurs originales, à reproduire les visages le plus fidèlement possible, à m’imprégner d’une technique très différente de la peinture de chevalet», explique Jacqueline Girard, qui se définit comme une simple artisane. Point de quête mystique ou d’arrière-fond religieux chez la Jurassienne bernoise. «Protestante non pratiquante, je m’en tiens à une stricte démarche culturelle et historique», précise-t-elle.
Cet amour de l’enluminure, Jacqueline Girard le doit en grande partie aux peintres primitifs italiens: «La fascination que j’ai toujours éprouvée pour les chefs-d’œuvre de Fra Angelico, de Giotto et de Cimabue m’ont donné le goût de cette technique artistique.» Et d’ajouter: «J’ai appris la discipline au gré de cours de calligraphie et de stages d’enluminure à l’abbaye de Marbach, en Alsace.» Son admiration pour l’époque médiévale a également joué un rôle majeur dans sa vocation de spécialiste de l’enluminure: «J’aime l’idée d’être reliée aux moines copistes qui travaillaient d’arrache-pied dans les ateliers sombres des monastères.»
Plus d’informations sur www.presences.ch. (apic/euda/ggc)
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