Zurich: Les remarques de Mgr Huonder sur les droits humains irritent
Zurich, 6 décembre 2011 (Apic) Avec son message pour la Journée des droits humains, Mgr Vitus Huonder a soulevé une tempête. Les voix s’élèvent pour condamner l’affirmation de l’évêque de Coire selon laquelle l’Eglise «prend connaissance» de la Déclaration des droits humains. Le 6 décembre 2011, l’évêché de Coire a rejeté les critiques, affirmant que le prélat ne relativisait pas ces droits fondamentaux.
Le message devait être publié le 10 décembre, pour la Journée des droits humains. Mais une partie du document était déjà connue, sous le titre «Education sexuelle imposée par l’Etat». Dans son édition du 4 décembre, la «NZZ am Sonntag» publiait une interview dans laquelle Mgr Huonder présentait le droit des parents à l’éducation de leurs enfants comme supérieur à celui de l’école, en matière d’éducation sexuelle.
Le 5 décembre, l’évêché a lui-même publié la lettre. L’évêque y écrit que «l’Eglise prend connaissance de la Déclaration des droits humains. Elle jauge les formulations et revendications de cette convention à la lumière de la révélation divine.»
«Les communautés religieuses ne doivent en aucun cas relativiser la Déclaration universelle des droits humains», déclare le Réseau évangélique suisse dans un communiqué, diffusé le 6 décembre. Les droits inscrits dans cette convention doivent sont valables pour tous, de la même manière et indépendamment de la religion. Cet avis est partagé par Geoff Tunnicliffe, secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale, et Christine Schirrmacher, spécialiste de l’islam et conseillère de l’organisation faîtière. «Ces deux personnalités du monde évangélique défendent une idée bien différente de Mgr Vitus Huonder». L’évêque est accusé de soumettre la Déclaration à la religion et de relativiser les droits humains.
Daniel Graf, le porte-parole d’Amnesty International, a affirmé dans le «Tages Anzeiger» qu’il était «irritant» que soixante ans après la signature de la Déclaration, un haut représentant de l’Eglise ne soutienne pas pleinement la Déclaration, et le fasse savoir à l’occasion de la Journée des droits humains.
Walter Kälin, directeur du Centre de compétence suisse pour les droits humains et professeur de droit international à l’Université de Berne, considère la position de l’évêque comme «inquiétante». «Au vue du péril universel qui pèse sur les droits humains, j’espérais d’un chef de l’Eglise suisse qu’il les soutienne et non pas qu’il les remette en question».
Pour Adrian Loretan, spécialiste du droit canon, il convient «non pas de prendre seulement connaissance des droits humains, mais bien plus de les intégrer dans son système de pensée.»
Dans son message, Mgr Huonder prétend que l’école «conseille avant tout l’utilisation du préservatif aux enfants». Une accusation rejetée par la cheffe du Département de l’instruction et des sports du canton de Nidwald, Vreni Völkle. Dans la «Luzerner Zeitung», elle affirme que, sur le thème de la contraception, on souligne l’importance d’un rapport respectueux et d’agissements responsables. «Bien entendu la responsabilité première revient aux parents», déclare-t-elle. Mais l’école doit soutenir les parents dans leur tâche éducative.
Bruno Wirthensohn, responsable des questions scolaires dans le canton de Schwytz, pense que les écoles ont le devoir de transmettre des connaissances élémentaires dans le domaine de l’éducation sexuelle. Il est faux que «l’utilisation du préservatif est conseillée de base dans les écoles. On met cependant en lumière l’utilité de ce dernier en lien avec la prévention du Sida, des maladies sexuellement transmissibles et de la contraception».
Pour l’ordinariat de Coire, Mgr Vitus Huonder ne relativise par les droits humains dans sa lettre. «Au contraire, il y fait lui-même référence en rappelant le droit des parents à l’éducation de leurs enfants», indique le communiqué diffusé le 6 décembre.
Les droits humains sont liés aux droits naturels. Ce dernier précède les droits humains. Au contraire, aucun droit humain n’existerait sans l’héritage judéo-chrétien. Le souligner, en tant qu’évêque, ce n’est pas relativiser les droits humains, mais au contraire leur donner un profond ancrage en faisant référence au droit naturel divin, déclare l’évêque.
Dans la «NZZ am Sonntag», l’évêque demande que les écoles transmettent du savoir et respectent le droit des parents à transmettre l’enseignement. Pour le prélat, le plus problématique, c’est que l’école conseille à l’enfant d’utiliser un préservatif. Il s’agit là d’une idéologie et par conséquent d’une intrusion de l’Etat dans la liberté religieuse et éducative des parents. Dans son message sur les droits humains, Mgr Huonder écrit: «Le droit divin prime toujours sur les droits humains». (apic/gs/amc)
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