Un «projet durable» loin d’être durable

Suisse: Les investissements problématiques des banques de développement

Berne, 21 novembre 2011 (Apic) L’entreprise genevoise Addax Bioenergy a vendu son projet d’éthanol auprès des investisseurs, comme un «projet durable» au Sierra Leone. Elle a ainsi obtenu plus de la moitié des fonds de la part de banques de développement, dont la Banque Africaine de Développement (BAD). «Pain pour le Prochain» (PPP) dénonce ce projet loin d’être durable.

Les nombreuses exemptions fiscales, les impacts environnementaux négatifs, et l’utilisation d’énormes quantités d’eau durant la saison sèche jettent une lumière sombre sur ce projet. «Pain pour le Prochain» (PPP) exige que les banques de développement évaluent mieux les impacts et les risques de ce genre d’investissements, et qu’elles s’appuient sur des évaluations de tiers indépendants.

Aspects fiscaux

Le Gouvernement du Sierra Leone a accordé différentes exemptions et déductions fiscales. Elles empêcheront le pays de prélever une part équitable d’impôts sur l’entreprise, dénonce l’œuvre d’entraide protestante, dans un communiqué du 21 novembre. L’analyse de la répartition de la valeur ajoutée future du projet montre que l’entreprise encaissera les profits, alors que d’autres parties prenantes, comme la population locale, ne récolteront que des miettes.

Impact environnemental

L’analyse de la fondation PPP révèle que l’éthanol a un impact environnemental jusqu’à trois fois plus élevé que l’essence. Sa production pollue l’air, l’eau et les sols. Elle consomme de nombreuses ressources et demande l’application d’engrais et de pesticides.

La consommation d’eau n’est pas durable non plus. Le projet d’Addax va utiliser 26% du débit de la plus grande rivière du Sierra Leone, durant la saison sèche de février à avril. Ce chiffre n’est pas reconnu par l’entreprise, qui mentionne seulement une moyenne annuelle de prélèvement de 2% du débit.

Banques de développement coresponsables

Le projet d’Addax est financé à 52% par les banques de développement, dont la BAD qui est appuyée par la Suisse. Les banques de développement sont donc coresponsables des risques et des impacts de cet investissement, estime l’œuvre d’entraide. Or, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a refusé de financer ce projet, car il ne remplit pas les standards environnementaux.

L’accaparement des terres menace la sécurité alimentaire

Le Sierra Leone n’est pas en mesure de nourrir sa population. La sous-alimentation concerne un tiers de la population et le pays connaît un des plus hauts taux de mortalité infantile et maternelle au monde. Dans ce contexte, continuer à louer de grandes surfaces à des investisseurs est problématique. De plus, les contrats avec des investisseurs couvrent déjà un million d’hectares, soit 18% de toutes les terres cultivables au Sierra Leone!

Plus d’informations sur www.bfa-ppp.ch/addax. (apic/com/ggc)

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