Incompatible avec les droits et libertés reconnus par la Constitution
Kampala, 19 novembre 2011 (Apic) La Conférence épiscopale catholique d’Ouganda (UEC) a dénoncé un projet de loi du gouvernement de Kampala visant à donner plus de pouvoirs à la police pour contrôler les manifestations publiques.
Dans une déclaration publiée à l’issue de sa deuxième conférence annuelle, rapportée le 18 novembre par le quotidien national ougandais «The New Vision», les 19 évêques membres de l’UEC ont indiqué que plusieurs articles de ce projet de loi sont incompatibles avec les droits et libertés reconnus par la Constitution. Ce projet de loi, à leurs yeux, vise à restreindre les libertés d’expression et de réunions des citoyens.
Pour les évêques catholiques ougandais, si le projet de loi est adopté dans sa forme actuelle, par les députés, les activités des organisations de la société civile, des partis politiques et des individus seront limitées. «D’après notre évaluation, le projet de loi est contre une société libre et démocratique», a souligné Mgr John Baptist Odama, archevêque de Gulu (Nord), et président de l’UEC. Appuyé par Mgr John Baptist Kauta, secrétaire général de l’UEC, le président de la Conférence des évêques a lu la déclaration à la presse, au secrétariat catholique d’Ouganda à Nsambya, un quartier de la capitale Kampala.
En revanche, les dirigeants de l’Eglise catholique romaine d’Ouganda ont apporté leur soutien aux parlementaires dans leur décision de mener une enquête sur des allégations de corruption dans les domaines du pétrole et du gaz. Ils les appuient également dans leur volonté de mettre en place des structures politiques et un cadre de travail réglementaire, pour mieux gérer le secteur de l’industrie.
Par contre, ils ont rejeté une proposition du président Yoweri Museveni, tendant à augmenter les montants des cautions pour les personnes suspectées d’avoir commis des crimes. Les évêques ont rappelé, à ce sujet, que le paiement de la caution est «un droit humain fondamental». De plus, ils ont exprimé leur préoccupation face aux longues détentions provisoires, qui, dans certains cas, durent des années, contrairement aux dispositions légales en vigueur. Dans leur plaidoyer, ils ont réclamé le limogeage de tous les responsables, au sein du gouvernement et de l’administration, régulièrement cités dans des affaires de corruption, tout en invitant le président Museveni, à s’abstenir d’interférer dans le processus judiciaire.
Les évêques de l’UEC ont aussi condamné l’usage de la force comme moyens de résoudre les conflits politiques et sociaux dans le pays. A ce sujet, ils ont estimé que les mouvements de grèves des travailleurs sont «le symptôme d’un malaise plus large», lié à la perte des valeurs. Ce qui augmente la frustration et la violence. Ils se sont déclarés solidaires des grèves pacifiques des travailleurs, y compris des commerçants, des enseignants et des étudiants, en faisant observer que c’est un droit humain des travailleurs d’exprimer leur mécontentement s’ils ne sont pas satisfaits des conditions de travail.
Réclamant une augmentation des salaires pour les travailleurs mal payés et pour les enseignants, les évêques ont ajouté que cette revendication devrait être prioritaire dans la préparation du prochain budget de l’Etat. Ils appellent le gouvernement à continuer de dialoguer avec les enseignants et les autres groupes mécontents, «afin de trouver une solution durable et constructive» à leurs situations. (apic/ibc/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/incompatible-avec-les-droits-et-libertes-reconnus-par-la-constitution/