Berne: Approvisionnement très critique en Afrique de l’Est, selon Caritas suisse

Bilan intermédiaire de l’action de l’œuvre d’entraide dans la Corne de l’Afrique

Berne, 14 novembre 2011 (Apic) Caritas Suisse a tiré un bilan intermédiaire de son aide contre la famine dans la Corne de l’Afrique, lors d’une conférence de presse à Berne, le 14 novembre 2011. Actuellement, onze projets d’aide d’urgence de moyenne importance sont en cours, pour un montant de 16,4 millions de francs. La priorité est donnée aux projets assurant un accès à l’eau potable.

«L’aide est possible», rapporte Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse. Ce rapport intermédiaire montre ce que Caritas a fait et quels sont ses projets dans cette partie du monde à ne pas oublier.

L’aide de survie de Caritas touche aujourd’hui 237’780 personnes. Les priorités se portent sur les groupes de populations particulièrement vulnérables, petits enfants, femmes enceintes, mères allaitantes, personnes malades, personnes âgées et enfants en âge d’aller à l’école. Des projets sont réalisés dans les régions du Kenya, de l’Éthiopie, du Somaliland et de Somalie, les plus fortement touchées par la sécheresse.

Causes de la catastrophe actuelle dans la Corne de l’Afrique

Pour Bettina Bühler, responsable du Département Afrique à Caritas, la sécheresse n’explique pas tout dans les pays de l’Afrique de l’Est. Elle dégage cinq causes à la situation catastrophique actuelle. Les conséquences du changement climatique: ces dernières années, les moussons n’ont plus la régularité qu’elles avaient auparavant. De plus, lorsqu’il pleut, les sols ne sont pas à même d’absorber l’eau. Une deuxième cause réside dans les conflits armés, essentiellement en Somalie, où les bergers ne peuvent plus effectuer leurs transhumances traditionnelles. Une troisième raison de la crise alimentaire est que les sources d’eau sont exploitées sans contrôle. Les populations n’arrivent plus à subvenir à leur approvisionnement en denrées alimentaires. La croissance démographique est aussi un facteur de crise: moins de 10% des terres fertiles sont exploitables au Kenya. Ce qui engendre une surexploitation constante de la nature par des industriels au détriment de la population. «Un critère central de la crise actuelle» est dû à «l’inexistence d’investissements à long terme dans le but d’améliorer les conditions de vie dans les régions des nomades et à la politique agricole complètement lacunaire».

Sauver, apaiser, prévenir

Dans son «rapport pratique», Fred Lauener, consultant de Caritas et coordinateur de programme pour l’aide humanitaire en Corne d’Afrique, spécifie trois domaines d’urgence d’aide contre la faim: le manque d’eau, les revenus et l’alimentation, et l’hygiène et la santé. L’aide de Caritas a visé les personnes qui n’avaient jusqu’ici reçu aucun soutien.

Le manque d’eau se fait cruellement sentir et les puits permettant d’atteindre la nappe phréatique sont souvent taris, ou leur eau est polluée et inutilisable. Vivant de l’élevage, ces populations n’ont souvent plus de quoi nourri leur bétail. De nombreux troupeaux sont déjà décimés, et les bêtes qui survivent ne sont ni vendables ni productives.

Fred Lauener constate que la situation, aggravée par les conflits entre clans, a aussi de grandes répercussions sur l’hygiène et la santé des personnes. Les enfants, les femmes enceintes, les mères allaitantes, les personnes âgées et les gens malades sont les premières victimes de cet état de fait. Cela engendre des dépressions, des conflits au sein des familles et entre les clans.

Aide de Caritas au Kenya en quelque chiffres

A Wajir, grâce à Caritas, 20’000 personnes ont aujourd’hui de l’eau en suffisance et du fourrage pour le bétail. 80’000 personnes profitent indirectement des actions de Caritas en matière de sensibilisation dans le domaine de la santé et de l’hygiène.

Dans la région de Marsabit et Hurri Hills, Caritas distribue depuis l’été de l’eau à 25’000 personnes et du fourrage pour animaux. Les personnes âgées et les enfants reçoivent en plus des compléments alimentaires. Ce sont, au total, plus de 100’000 personnes qui profitent de l’aide d’urgence de Caritas.

Dans le nord du Kenya, à Turkana, 3’000 enfants sous-alimentés reçoivent pendant six mois des compléments alimentaires. Des programmes spéciaux d’accompagnement sont mis en place pour aider ces enfants à grandir.

Durant 60 jours, pendant les vacances de Noël et au printemps, quelque 12’000 enfants obtiendront un repas chaud quotidien.

Le camp de réfugiés de Kambioos, à Dadaab, a été doté de 1’500 stations hygiéniques, avec toilettes et possibilités de se laver et de se doucher. Ce sont environ 6’000 familles (24’000 personnes) qui sont concernées par ces mesures.

Après l’urgence, la réhabilitation

Dans un deuxième temps suivra une phase de réhabilitation. Caritas construira, dès le mois de février 2012, des puits, des réservoirs d’eau et de retenue, des digues et barrages. Il faudra également soutenir les familles paysannes et les bergers, en promouvant des méthodes de production agricole à la fois durables et offrant un meilleur rendement.

L’aide de Caritas Suisse contre la famine dans la Corne de l’Afrique

Caritas Suisse réalise onze projets d’aide d’urgence dans la Corne de l’Afrique, en Ethiopie, au Kenya, au Somaliland et en Somalie. Le coût de ces projets est de 7’428’660 francs. Quatre autres projets inclus dans la planification coûteront 1’740’000 francs.

La deuxième phase, la réhabilitation, planifie dix projets pour un montant de 7’238’000 francs. Au total l’aide de Caritas contre la famine dans la Corne de l’Afrique concerne 25 projets et un montant de 16’406’660 francs.

L’aide d’urgence de Caritas est financée par des dons propres, des contributions de la chaîne du Bonheur, de la Direction du développement et de la coopération (DDC), de l’aide humanitaire de l’ONU et des contributions et donations du réseau Caritas International. Avec 12’635’217 francs entrés, les trois quarts des projets réalisés ou planifiés sont ainsi déjà couverts.

La Chaîne du Bonheur participe au financement des projets de Caritas pour 4’103’823 francs. Caritas a reçu des dons pour 4’865’805 francs, un montant de 2’860’689 francs du Réseau Caritas International, de 505’000 francs de l’ONU et de 300’000 de la DDC.

Note aux médias: Des images de cette conférence peuvent être commandées à apic@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes. (apic/js)

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