Dans la capitale belge, on transforme des lieux de prière surdimensionnés
Bruxelles, 10 novembre 2011 (Apic) L’église Sainte-Catherine, située au cœur de la capitale belge, pourrait être prochainement désacralisée, parce qu’elle accueille trop peu de fidèles. L’édifice construit à la fin du XIXe siècle, en mauvais état, coûte cher à la fabrique d’église. La Ville de Bruxelles envisage de le transformer en marché aux fruits et légumes, au grand dam des fidèles.
Cette annonce a provoqué une mobilisation citoyenne œcuménique et la création de l’association «Les amis de Sainte-Catherine». Sa pétition sur internet comptait déjà, mercredi 9 novembre 2011, 1’245 signatures «on-line» et 120 signatures «papier» enregistrées. Selon les initiateurs de cette démarche, les arguments invoqués pour désacraliser cette église (comme pour d’autres, déjà dans le collimateur) sont connus: ces édifices sont désaffectés, devenus inutiles et coûtent trop cher à la collectivité.
Plus concrètement: la Ville de Bruxelles aimerait transformer cet édifice néogothique protégé – son classement interdit toute modification structurelle et a fortiori sa démolition – en hall de fruits et légumes. «Resterons-nous muets et passifs devant une telle aberration ? Abandonnerons–nous notre plus grande église du centre, à côté du métro, au cœur d’un quartier jeune et branché, commercial, professionnel et touristique au cœur du Marché de Noël (Plaisirs d’Hiver) qui draine 2.500.000 visiteurs!», peut-on lire sur le site internet de la pétition «Non à la désacralisation de l’église Sainte-Catherine de Bruxelles».
Les organisateurs de la pétition rappellent que cette église accueille quotidiennement une communauté catholique dynamique, environ 100 fidèles le dimanche, ainsi qu’une communauté orthodoxe roumaine tout aussi fervente et plus fournie encore (environ 250 fidèles le dimanche, 1’500 aux grandes fêtes), «dans une harmonieuse cohabitation œcuménique».
Cela, soulignent «Les amis de Sainte-Catherine», sans compter les autres célébrations liturgiques de chaque communauté (baptêmes, mariages, funérailles, etc…). En outre, des centaines de touristes, mais encore des priants catholiques et orthodoxes s’y succèdent tout au long du jour. «Qui pourra mesurer l’impact sur le plan humain et social de telles ’aires’ d’accueil, repos, consolation, pacification, méditation, ressourcement, rencontres conviviales, ’cohésion sociale’…, ouvertes en permanence et à tout public ? Y aurait-il pléthore d’espaces qui offrent un tel service public et gratuit ?»
Ils estiment qu’étant donné leur classement, restaurer ces églises pour qu’elles gardent leur vocation spirituelle et culturelle coûtera bien moins cher à la collectivité que de les «manipuler» pour les convertir en centres commerciaux ou autres. Les pétitionnaires demandent aux évêques «de prendre le temps d’associer les chrétiens ’de la base’ à une réflexion approfondie sur l’avenir de nos églises».
Mgr Jean Kockerols, évêque auxiliaire de l’archevêché de Malines-Bruxelles, est bien conscient de cette problématique, c’est pourquoi il a fait publier par son service de presse un communiqué sur l’avenir des églises en région bruxelloise. «L’Eglise catholique à Bruxelles, écrit-il, met tout en œuvre pour garder une audace d’évangélisation et faire vivre ses lieux de cultes en respectant leur destination et leur caractère sacré. (…)»
«L’Eglise dispose actuellement dans nos quartiers de lieux de prière qui, parfois, se révèlent surdimensionnés, avec des frais d’entretien et de restauration hors proportion pour les paroisses et les communes. Des contacts doivent donc être organisés avec les pouvoirs publics pour, au cas par cas, envisager pour ces lieux une autre fonction, à côté de leur fonction cultuelle».
«Cette réflexion, nouvelle dans notre pays, est menée avec et par ceux qui sont mandatés pour ce faire: autorités communales et régionales d’une part, évêques, doyens, fabriques d’église et responsables de la pastorale locale de l’autre. Le discernement est complexe; les questions sous-jacentes nombreuses».
L’option prise de réaffecter l’église Ste Catherine au centre de la ville de Bruxelles en marché couvert de fruits et légumes a été réfléchie, souligne-t-il. «Il est vrai qu’elle est, pour l’Eglise, difficile, délicate et ne se fait pas sans peine. Elle implique le maintien sur place d’un lieu de culte, certes plus modeste, mais permettant aux passants de se recueillir et d’y trouver un aire de repos, de silence et de ressourcement. L’avenir de Ste-Catherine s’intègre dans une réflexion globale pour l’ensemble des églises du Centre Ville». (apic/com/be)
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