Une provocation délibérée peu appréciée par les organisations musulmanes établies
Berne, 30 octobre 2011 (Apic) Plusieurs centaines de musulmans ont participé samedi après-midi 29 0ct0bre 2011, à la place fédérale à Berne, à une «Journée contre l’islamophobie et le racisme.» De nombreux manifestants portaient une étoile jaune avec le mot « musulman », rappelant l’étoile juive imposée par les nazis. Une provocation délibérée qui visait à déclencher un débat sur la discrimination des musulmans en Suisse, a affirmé le Conseil Central Islamique suisse CCIS), organisateur de la manifestation.
Les musulmans sont aujourd’hui traités en Suisse comme des citoyens de seconde classe, et la femme qui porte le foulard et qui cherche une place d’apprentissage ou un appartement, est grandement défavorisée, affirme le Conseil Central Islamique Suisse. L’islamophobie est un discours qui atteint la classe moyenne suisse, a déclaré le président du CCIS, Nicolas Blancho dans son discours sur la place fédérale.
Depuis l’interdiction de la construction de minarets en Suisse en 2009, la discrimination à l’égard des musulmans a été inscrite dans la Constitution fédérale, et c’est une véritable « tragédie », a tonné Nicolas Blancho. « Ma patrie, la Suisse, n’est plus celle de mon enfance », a encore poursuivi le converti à l’islam. L’interdiction des minarets n’a pas résolu un seul problème. Elle a été l’expression de « la majorité d’une société mécontente ».
La politique a échoué, mais les musulmans sont nécessaires à l’économie suisse. Il s’agit donc de lutter pour qu’aux caisses de la Migros ou d’Ikea, on puisse aussi voir des caissières portant le foulard, pour qu’à tous les degrés de l’enseignement des enseignantes puissent revêtir leur foulard. On doit aussi pouvoir rencontrer dans ce pays des femmes architectes revêtues selon leurs convictions. « Engageons-nous pour cela ! » « Le temps est venu de crier à la population suisse : « Apprenez à accepter que l’islam fait partie de la Suisse !»
La conférencière invitée, la britannique Lauren Booth, s’est convertie l’année passée à l’islam. Elle a pris pour objet de son discours en particulier les nombreux clichés colportés par de nombreux médias sur l’islam et les musulmans. Ces clichés ont souvent délibérément fomenté la peur, a affirmé la journaliste bien connue et belle-sœur de l’ancien premier ministre Tony Blair. Lorsque sa propre conversion à l’islam a été connue, elle a été surprise par l’ampleur des réactions haineuses à son égard.
Selon les organisateurs, 3’000 personnes ont participé à la «Journée contre l’islamophobie et le racisme» sur la place fédérale. D’autres estimations parlent de plusieurs centaines de personnes. De nombreux manifestants étaient manifestement des sympathisants du Conseil Central Islamique Suisse.
Outre les conférenciers, il y avait aussi des groupes de musique musulmane, dont le célèbre trio britannique «Labbayk» qui, avec ses chants de louanges à Allah, a figuré plusieurs fois aux hits parade internationaux.
Les diverses organisations musulmanes établies en Suisses ont critiqué à l’avance la manifestation du CCIS. S’il est vrai que la discrimination à l’égard des musulmans a réellement augmenté des dix dernières années, le dialogue et la coopération avec les autorités et la population sont toujours préférables à de telles démonstrations, ont-elles déclaré.
Le Conseil Central Islamique Suisse compte, selon ses propres statistiques, quelque 2’000 membres dans toute la Suisse. L’association, dont le siège est à Berne, a été fondée avant le vote sur les minarets en 2009. Elle dispose de structures professionnelles et utilise pour son travail de mobilisation des musulmans les nouveaux réseaux sociaux de communications, comme Twitter ou Facebook.
Le budget pour la manifestation de samedi était de 50’000 francs. Les participants ont cependant aussi été sollicités par SMS pour verser des dons visant à couvrir les frais. Des billets de loterie ont aussi été vendus pour obtenir de l’argent en vue de faire annuler la votation sur les minarets.
Le CCIS a, selon ses propres informations, traité en 2010 huit cas de conflits entre employeurs et employées musulmanes. Il s’agissait soit du fait que l’employeur ne voulait pas qu’elles portent le voile au travail, soit qu’il n’acceptait pas la prière, même durant les pauses imposées par la loi. En 2011, ce sont déjà 13 cas qui ont été traités.
Le rejet des musulmans se fait sentir le plus fortement dans la rue, déclare le CCIS. Des inconnus en viennent aux attaques verbales contre les femmes portant le voile, parfois aussi à des agressions physiques.
Remarques : Des photos sont disponibles pour cet article à kipa@kipa-apic.ch. (apic/job/js)
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