Fribourg: Le métropolite Hilarion Alfeyev au premier «Déjeuner-prière» de l’Université
Fribourg, 28 octobre 2011 (Apic) La «Maison des Pommiers», à deux pas des bâtiments universitaires de Miséricorde, a été inaugurée vendredi 28 octobre, à l’occasion d’un «Déjeuner-prière» organisé par l’Institut d’études œcuméniques de l’Université de Fribourg. Deux hôtes de prestige avaient fait le déplacement pour l’occasion: le métropolite Hilarion Alfeyev, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, et le nouveau nonce apostolique en Suisse, l’archevêque Diego Causero.
La maison – dont le nom sera changé – s’inscrit dans le cadre d’un projet de rencontre des traditions chrétiennes, a déclaré à l’Apic Barbara Hallensleben, professeur ordinaire de théologie dogmatique à l’Université de Fribourg. Depuis le mois de septembre, ce foyer accueille notamment les étudiants orthodoxes boursiers de la Conférence des évêques suisses (CES), financés par l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED). Au cours d’une brève cérémonie dans la chapelle, que présidait le métropolite Hilarion, les étudiants orthodoxes ont psalmodié des chants religieux en slavon, une langue liturgique utilisée par l’Eglise orthodoxe russe.
Professeur titulaire de la Faculté de théologie de Fribourg, théologien et musicien reconnu, le métropolite orthodoxe russe a évoqué les résultats et les perspectives du dialogue œcuménique suite à sa rencontre au Vatican avec le pape Benoît XVI le 29 septembre dernier. Il l’a fait devant la vingtaine de personnes présentes, dont le Père Guido Vergauwen, recteur de l’Université, et le professeur Mariano Delgado, doyen de la Faculté de théologie.
L’Institut d’études œcuméniques de l’Université de Fribourg renouait ce vendredi avec la tradition de certains ambassadeurs à Berne de se rencontrer pour un «Déjeuner-prière» (Prayer Breakfast), au cours duquel un invité d’honneur fait un exposé sur un thème d’actualité. Commentant sa récente visite au Vatican, le haut responsable du Patriarcat de Moscou s’est dit impressionné tant par la connaissance de la tradition orthodoxe dont fait montre le pape Benoît XVI que par son engagement pour la vie de l’Eglise au plan mondial. Saluant «l’homme de foi», le métropolite russe a estimé que l’attitude ouverte du primat de l’Eglise catholique allait favoriser grandement une meilleure compréhension mutuelle.
Questionné par l’Apic sur une éventuelle rencontre (dans un futur plus ou moins proche ?) du pape Benoît XVI avec le patriarche Cyrille de Moscou, Hilarion de Volokolamsk a été très clair: il ne faut pas se presser, car une telle rencontre doit être bien préparée. «Il n’y a encore rien de concret», a-t-il souligné vendredi.
«Lorsque nous nous serons mis d’accord sur le contenu, sur les sujets sur lesquels nous sommes encore en désaccord ou avons des opinions divergentes, alors je pense que nous pourrons avoir cette rencontre, mais cela demande une préparation très minutieuse», avait déjà prévenu le numéro deux du Patriarcat de Moscou le 29 septembre dernier sur les ondes de Radio Vatican. «Nous ne devrions pas nous précipiter ni être pressés de tenir cette rencontre à un moment donné en particulier», avait-il ajouté.
Si les relations sont en général bonnes avec l’Eglise catholique, les difficultés demeurent avec les grecs-catholiques (uniates) en Ukraine occidentale, où des tensions persistent avec l’Eglise orthodoxe. «C’est un héritage du passé, mais il faut régler ce conflit», a-t-il admis, en exprimant l’espoir d’une amélioration avec l’arrivée du nouveau primat de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, Mgr Sviatoslav Schevchuk. Sans vouloir entrer dans les détails des négociations, il a déclaré: «Nous avons mis des propositions sur la table pour améliorer la situation».
Le métropolite Hilarion a également relevé que pour les orthodoxes, le pape à Rome peut être accepté comme l’un des patriarches, à savoir le patriarche de l’Occident, mais qu’il ne devrait pas avoir de juridiction sur les Eglises orientales. Il a encore souligné que l’Eglise orthodoxe ne pouvait pas accepter la doctrine de l’infaillibilité du pape, car pour les orthodoxes, l’instance suprême reste le Concile. Le responsable du Patriarcat de Moscou est ensuite parti pour le Tessin, où il reçoit samedi 29 octobre le titre de «docteur honoris causa» de la Faculté de théologie de Lugano.
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