Jura: Trois jours de récollection pour les membres du Mouvement Chrétien des Retraités
Jura, 27 octobre 2011 (Apic) Afin d’accueillir tous ses membres, le Mouvement Chrétien des Retraités (MCR) du Jura pastoral étale sa récollection annuelle sur trois jours et dans trois lieux différents, soit à Courroux, Porrentruy et Bienne. Ces trois rendez-vous ont été animés par l’abbé Marc Donzé, vicaire épiscopal à Fribourg. A travers des textes de la Genèse, de l’Épître aux Galates ou de l’abbé Maurice Zundel, il s’est attaché à définir le terme «Devenir un homme debout».
C’est par la prière «Debout devant toi», de Charles Singer, que l’abbé Marc Donzé a entamé la journée de réflexion organisée par le Mouvement Chrétien des Retraités (MCR) du Jura pastoral. Mardi, près de 120 personnes se sont réunies au Centre des Sources à Porrentruy pour écouter ce prêtre fribourgeois, originaire des Breuleux. La veille, ils étaient 75 à la salle Trait d’Union à Courroux et plus de 80 personnes étaient inscrites à la séance du lendemain, à l’église St-Nicolas de Bienne.
Dans sa conférence intitulée «Devenir un homme debout», Marc Donzé citera maintes fois le nom de Maurice Zundel, sujet de sa thèse de doctorat. Ecrivain, poète, mystique et conférencier, ce prêtre neuchâtelois a publié une trentaine de livres. Décédé en 1975, son corps repose à la Basilique Notre-Dame de l’Assomption (l’église rouge) de Neuchâtel.
«On peut dire et je tiens à dire que le premier article du credo chrétien, c’est pratiquement: je crois en l’homme. C’est là, en effet, la chose la plus difficile. Je crois en Dieu peut n’engager à rien – c’est en prétendant défendre l’honneur de Dieu que les juges du Christ l’ont condamné au supplice de la croix –, mais croire en l’homme engage à tout.» C’est à partir de cet extrait d’un texte de Maurice Zundel que Marc Donzé va ’construire’ un exposé passionnant sur «l’homme debout», illustré par trois exemples.
L’histoire de Philippe Guénard, dit Tim. Abandonné par sa mère, battu par son père, Tim Guénard est devenu délinquant. Placé, déplacé et interné, il devient boxeur, mais son agressivité et ses larcins le conduisent plusieurs fois au tribunal. Selon Marc Donzé, Tim Guénard avait le désir de s’en sortir, de se relever: «Ce désir va être incarné par une assistante sociale qui va le pousser à suivre un apprentissage de tailleur de pierres. Elle lui a fait une ’avance de confiance’ et ça a marché. Plus tard, le hasard mènera Tim Guénard dans la Communauté de l’Arche, fondée par Jean Vanier, où un petit handicapé mental l’accueille en lui disant ’t’es gentil, toi!’. D’un mot, ce gamin retourne le boxeur comme une crêpe. Aujourd’hui, Tim Guénard a 53 ans. Marié et père de famille, il vit près de Lourdes où il s’occupe de jeunes en difficulté et donne des conférences. Mais que serait-il devenu si on ne lui avait pas fait une avance de confiance?»
Marc Donzé évoque aussi les mésaventures d’Oscar Wilde, exhibé en public comme un criminel pour une histoire de mœurs et qui voit dans la foule hostile un homme qui se découvre. «Oscar Wilde dira plus tard que ce geste, tout petit, ce signe de respect, d’avance de confiance, l’a aidé plus que tout autre chose à traverser cette épreuve.»
Autre exemple avec celui que l’on surnomme «le sadique de Romont»: «J’ai un copain qui le visite régulièrement en prison. Personne n’espère plus rien de ce garçon qui a violé et assassiné plusieurs femmes. Et pourtant, au gré des visites, il s’avère que cet homme change. Il manifeste l’envie de se remettre debout. Il n’est plus seulement le sadique de Romont.»
S’inspirant à nouveau du texte de Maurice Zundel, Marc Donzé ajoute: «Je découvre Dieu essentiellement à travers la relation que j’ai avec les hommes. Dieu transparaît à travers le visage des hommes. Chacun de nous est une transparence de Dieu. Finalement, pour découvrir qui est Dieu, il y a l’Evangile, l’Eglise, les sacrements et puis il y a les hommes et les femmes. C’est pour ça que j’aime beaucoup ces portraits du Christ réalisés avec des milliers de visages différents. Et ceci m’amène à reprendre une phrase de Paul Baudiquey, qui était prêtre dans le diocèse de Besançon: ’Les vrais, les seuls regards d’amour sont ceux qui nous espèrent, qui nous envisagent au lieu de nous dévisager…’ Ceux qui nous donnent un visage, qui nous considèrent comme un visage et non pas comme une étiquette ou un casier judiciaire. Si déjà, dans nos vies, nous faisons cela, autant que possible vis-à-vis de tout le monde…, que nous envisageons chaque personne, nous aurons vécu l’Evangile. Le visage est la partie essentielle du corps, de son expression, c’est la raison pour laquelle je pique des rages épouvantables, intérieurement, quand on cache le visage des femmes. Pour moi, la burqa est un crime pour la dignité de l’homme et surtout de la femme, car on ne lui permet pas d’être un visage.»
Avec aisance, Marc Donzé parle sans consulter la moindre note. Il poursuit son exposé – ponctué d’exemples et d’anecdotes –, en abordant la liberté: «il faut la construire pour la vivre», et la convoitise charnelle: «la possession, le pouvoir et le sexe sont des convoitises charnelles, des pentes savonneuses. Lutter contre les convoitises charnelles est un combat de tous les jours, même pour des choses qui peuvent paraître futiles.»
Marc Donzé a su captiver l’attention de son auditoire. Il est certain qu’il a offert à chacun une nouvelle voie de réflexion. (apic/sic/pt)
Comme chaque année depuis l’édition 2002-2003, le groupe romand du Mouvement Chrétien des Retraités – Vie Montante (MCR-VM), en collaboration avec l’équipe de la Belgique francophone, publie une plaquette destinée à orienter les rencontres de groupes (ou la réflexion de chacun) sur un thème commun. Pour l’année pastorale 2011-2012, ce livret s’intitule: «L’espérance têtue». Un thème divisé en six chapitre pour six rencontres: l’espérance mise à mal, l’espérance retrouvée, l’espérance partagée, l’espérance face aux défis, l’espérance face à la mort et l’espérance nourrie.
Dans la présentation du fascicule, on peut lire: «Cette année, nous sommes invités à nous dire les uns aux autres ce qu’est pour nous l’espérance. Livrer son vécu, lors d’une réunion, c’est non seulement exister, mais encore entrer en relation. Ce dialogue entre nous est important, car si jadis on procédait par enseignement, aujourd’hui c’est l’expérience personnelle qui fait passer le message évangélique.»
L’équipe de rédaction s’est inspirée de la parole de Saint Paul: «Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière» (Romains 12 v. 12).
Marie-Rose Laville, présidente du MCR du Jura pastoral, a rappelé qu’en juin prochain, le traditionnel voyage à Mariastein sera remplacé par un pèlerinage sur le littoral neuchâtelois: «Dans le but d’innover, nous abandonnons momentanément Mariastein pour nous rendre à la Basilique Notre-Dame de l’Assomption, plus connue sous le nom d’Eglise Rouge, à Neuchâtel. Le repas de midi sera servi sur des bateaux à quai au port. Ce sera à coup sûr une magnifique journée.»
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