Appel à la communauté internationale pour protéger la minorité chrétienne
Beyrouth/Le Caire, 11 octobre 2011 (Apic) Le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO) a condamné mardi 11 octobre les actes de violence dimanche dernier contre les coptes au Caire, les qualifiant «d’étrangers» à la nature du peuple égyptien.
Le Conseil a ainsi exhorté dans un communiqué les responsables à prendre des décisions radicales en vue de rétablir la paix et le calme et d’assurer l’équité entre les citoyens égyptiens. Les coptes se plaignent de subir des discriminations.
Les affrontements de dimanche 9 octobre dernier ont fait 25 morts et plus de 300 blessés au Caire, selon un dernier bilan, alors que la foule, dont des femmes et des enfants, manifestait pacifiquement dans le centre du Caire.
Ces violences ont relancé les craintes d’une aggravation des tensions religieuses et politiques dans un pays qui connaît une transition fragile depuis la chute du président Hosni Moubarak en février dernier. Le synode de l’Eglise copte orthodoxe, présidé par le pape Chénouda III, a décrété trois jours de prière et de jeune, du mercredi 12 au vendredi 14 octobre, après cette nouvelle agression contre la minorité copte d’Egypte, qui représente près de 10% des 82 millions d’Egyptiens.
Une foule estimée à 20’000 personnes a pris part lundi soir 10 octobre au Caire aux funérailles de 17 chrétiens coptes victimes des tirs des forces armées dimanche soir à Choubra, un quartier de la capitale égyptienne. Une dizaine d’entre eux ont été écrasés par des véhicules militaires qui ont foncé sur la foule des manifestants. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a pour sa part dénoncé «les efforts de certains pour détruire les piliers de l’Etat et semer le chaos». Le CSFA, qui dirige actuellement le pays, a annoncé une enquête sur les événements sanglants de dimanche.
Les participants aux funérailles ont marché depuis l’hôpital jusqu’à la cathédrale copte d’Abbassiya, appelant à l’unité entre musulmans et chrétiens, criant «musulmans et chrétiens sont un seul peuple!» Les prêtres chargés des obsèques ont qualifié les victimes de la répression de «martyrs qui ont sauvé l’Eglise».
Dimanche 9 octobre, des milliers de manifestants, essentiellement des chrétiens, rejoints par un certain nombre de musulmans, étaient partis du district de Choubra, au nord du Caire, pour rejoindre le bâtiment de la télévision d’Etat, au Square Maspero. Ils réclamaient notamment le limogeage du gouverneur de la province d’Assouan, en Haute-Egypte, après la destruction fin septembre d’une église copte dans le village de Merinab par des musulmans fanatisés. Ils scandaient «A bas le maréchal», visant Hussein Tantaoui, qui dirige le pays depuis le départ forcé du président Moubarak. Les protestataires visaient également la télévision d’Etat, accusée de mener une agitation anti-chrétienne et d’inciter les musulmans à défendre les valeurs de l’islam et du «printemps arabe»…
Après ces incidents sanglants visant les coptes – qui vivent dans la plus grande insécurité depuis la chute du dictateur Moubarak – la communauté internationale a invité le CSFA à faire la lumière sur ces graves incidents et à punir les responsables de ce nouveau massacre.
Les coptes d’Egypte accusent l’Europe et les Etats-Unis de ne rien faire pour les défendre, les incitant à faire pression sur le Conseil suprême des forces armées afin qu’il agisse pour protéger les minorités religieuses.
Lundi 10 octobre, le cheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb, grand imam d’Al Azhar, a invité les leaders tant chrétiens que musulmans à se rencontrer pour mettre fin aux incidents entre les deux communautés.
«La méfiance et le ressentiment des chrétiens égyptiens sont devenus plus forts ces dernières années, une situation qui doit être prise en charge», a déclaré à l’agence missionnaire MISNA à Rome le Père Luciano Verdoscia, missionnaire combonien qui vit à quelques centaines de mètres de l’épicentre des violentes manifestations du Caire de dimanche dernier.
«Les affrontements les plus graves – raconte le Père Verdoscia – ont eu lieu le long fleuve, près du siège de la télévision d’Etat et à environ 500 mètres du Musée égyptien». La dynamique des incidents doit être éclaircie, mais ce qui préoccupe surtout, ce sont les répercussions possibles sur la «transition» gérée par les militaires du CSFA. Le premier tour des élections législatives est prévu fin novembre, un processus qui devrait conduire à la création l’an prochain d’une assemblée constituante et à la rédaction d’une nouvelle Charte fondamentale.
D’après le Père Verdoscia, il est difficile de comprendre les affrontements de la nuit dernière, et les conséquences possibles. Certes, la minorité copte se sent souvent victime d’injustices. «Les chrétiens exagèrent parfois – dit le missionnaire – mais la discrimination existe réellement; et maintenant ce sont les déclarations des groupes extrémistes cherchant l’introduction de la charia, ou loi islamique, qui sont inquiétantes».
La réunion du gouvernement et la rencontre entre les représentants de l’Eglise copte et de l’Université sunnite d’Al-Azhar ce mardi devraient suivre de quelques heures le discours dans lequel le Premier ministre Essam Charaf a dénoncé un «complot» contre l’unité nationale et «le processus de transformation démocratique» lancé en février dernier. En attendant, les chrétiens égyptiens vivent dans une peur diffuse. Naguib Gébraïl, président de l’Union égyptienne des droits de l’Homme (UEDH), affirme que près de 100’000 coptes ont déjà quitté l’Egypte depuis mars 2011, craignant pour leur sécurité face à la montée des salafistes et autres intégristes musulmans. (apic/com/misna/asian/be)
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