Conférence d’Olivier Florant, sexologue et théologien
Delémont, 10 octobre 2011 (Apic) Savez-vous qu’il existe une hormone de la fidélité et que dormir nu contribue à la longévité du couple? Olivier Florant a donné une conférence sur le thème «vaincre les idées reçues qui détruisent le couple», le 8 octobre 2011 au Centre l’Avenir à Delémont. Le sexologue, conseiller conjugal et théologien était l’invité du Service de consultation conjugale et familiale du Jura pastoral, en collaboration avec l’association «Vivre et Aimer».
«L’amour pour la vie, ça existe, mais ça se construit comme une cathédrale. Il faut dix ans pour qu’un couple fonctionne, dix ans pour vivre une sexualité vraiment mature.» A l’aide d’images présentant des effets d’optique, Olivier Florant a démontré à la centaine de personnes de tout âge présente que leurs certitudes ne sont qu’illusions. «Notre cerveau nous trompe. Nous ne voyons jamais la réalité mais des représentations de la réalité. Toute perception, et par là tout interprétation, dépend toujours du contexte. Et ce principe se reproduit constamment dans notre vie et dans nos rapports de couple.»
Depuis plus de trente ans, Olivier Florant a choisi – avec son épouse Marie-Noël – de se consacrer aux couples en difficulté. Ce sexagénaire alerte a signé aux Presses de la Renaissance «Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré – Pour une liturgie de l’orgasme». La publication, en 2006, de cet ouvrage au titre provocateur a défrayé la chronique et permet toujours à son auteur d’exposer ses convictions dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision.
«Sur internet, on trouve les références et même la couverture d’un second ouvrage, intitulé ’Pour un nouvel art d’aimer – Vaincre les idées reçues qui détruisent le couple’. Mais celui-ci n’est toujours pas sorti et son titre change toutes les semaines.» En attendant, Olivier Florant donne des conférences dans lesquelles il compile les concepts de ses deux livres. Un exercice qu’il semble assumer avec beaucoup de plaisir. C’est en tout cas l’impression qu’il a donné au Centre l’Avenir à Delémont où, pendant plus de deux heures, le micro dans une main, une télécommande dans l’autre, il s’est déplacé avec aisance, ponctuant son discours d’anecdotes drôles et de traits d’humour.
«Qu’est-ce qu’aimer? En français, ’aimer’ est un verbe vague et galvaudé. On aime Dieu, son conjoint, la patrie, son travail, le foot, le chocolat ou son chien. En grec, il existe quatre mots différents pour parler d’amour: Eros; Agape; Philia et Storge (amour fraternel et familial).»
A entendre Olivier Florant la nature a doté toutes les créatures animales d’un instinct qui les pousse à se reproduire. Un système qui amène à des comportements parfois étonnants: «La mante religieuse dévore son mâle dès qu’elle a été fécondée. Et le lapin? (rires dans la salle) Il s’agit pour lui de survivre au renard, de toute évidence son appétit sexuel est une stratégie payante. Chez l’homme, la nature a également prévu un mécanisme particulier concernant sa reproduction: la passion amoureuse.»
Pour Olivier Florant, être amoureux n’est pas seulement aimer. Etre amoureux est éphémère, alors qu’aimer, ça se construit: «Tomber amoureux est effectivement le meilleur moyen d’avoir un enfant! Or toutes les études scientifiques démontrent que la durée de vie de ce ’moteur archaïque’ n’excède pas trois ans. Les procédures de divorce engagées après seulement trois ans de mariage ne cessent d’augmenter, plus encore dans les catégories sociales élevées. Pourquoi trois ans? Probablement parce qu’au début de l’humanité, il suffisait de trois ans pour qu’un enfant soit capable d’être autonome pour suivre sa horde, comme c’est encore le cas chez les singes. Aujourd’hui, en France comme en Suisse, les gosses sont toujours autonomes après trois ans… mais trois ans après le Bac!»
Selon Olivier Florant, afin de pouvoir éduquer et protéger ses enfants au-delà des fameux trois ans, l’espèce humaine s’est attachée à un principe «génial»: la fidélité conjugale. «C’est presque contre nature, voire surnaturel.» C’est à ce moment-là que le sexologue évoque l’un des composants essentiels – à ses yeux – pour prolonger une union à l’infini: l’ocytocine. «L’ocytocine est l’hormone de la fidélité conjugale. Si l’on injecte de l’ocytocine à des campagnols des montagnes, espèce connue pour multiplier naturellement les partenaires, ces rongeurs deviennent monogames, comme leurs cousins, les campagnols des vallées, dont le cerveau présente justement une forte concentration d’ocytocine.»
Pour l’instant, l’ocytocine n’est pas en vente en pharmacie, ni sur internet, mais Olivier Florant à un moyen simple pour s’en procurer naturellement: «Il suffit de dormir nu, sans aucun vêtement, même pas une nuisette et si possible en étant en contact épidermique avec son conjoint. La peau sert de lien entre les âmes, elle fonctionne comme un deuxième cerveau. Le moindre geste de tendresse, se toucher, se tenir la main, produit de l’ocytocine. Evidemment, pour l’homme, un rapport sexuel est un bon moyen de produire cette hormone. Pour la femme s’ajoutent la grossesse, l’allaitement, ou les soins aux bambins.»
Fort de ses trente ans d’expérience de sexologue et de conseiller conjugal, Olivier Florant a peaufiné sa «recette» du couple durable. Certes l’ocytocine et l’harmonie sexuelle sont des éléments incontournables pour entretenir le sentiment de confiance et de complicité entre les époux, mais d’autres «ingrédients» sont indispensables pour garantir une relation solide. «C’est un long processus. Mais il ne suffit pas de vivre de ses souvenirs! Un couple qui n’a pas de projets risque deux fois plus de se briser que celui qui a des buts.» Le conférencier a eu maintes fois l’occasion de constater que ce qui faisait les qualités de l’autre au début de la relation, durant la passion amoureuse, devenait des défauts au bout de trois ans: «Etre amoureux rend aveugle et fait perdre le sens critique. Pour durer au-delà de la période euphorique, les conjoints doivent apprendre à vivre ensemble. Dans ce processus, le désir est primordial. Pour être désirant(e), il faut se sentir soi-même désirable et désiré(e). L’homme a besoin de se sentir désiré plus encore que d’avoir un rapport sexuel! Les querelles sont la cause principale du non-désir. Il faut donc apprendre réciproquement à se demander pardon. C’est le meilleur moyen d’éviter les conflits à répétition. Les conjoints devraient aussi pouvoir se retrouver seuls durant une demi-heure par jour, sans enfant, ni télévision. Un moment propice pour – mutuellement – faire preuve de gratitude. La gratitude, c’est valoriser l’autre, le complimenter sur ce qu’il a fait pour vous. On devrait même tenir un cahier de gratitude.»
Avant de mettre un terme à son exposé, Olivier Florant a mis l’accent – animation à l’appui – sur les quatre poisons les plus mortels pour un couple, que John Gottman – le fondateur d’un laboratoire universitaire américain sur l’amour et le mariage – nomme «les quatre cavaliers de l’Apocalypse»: «ce sont les reproches continuels; la défensive perpétuelle, quand on ne fait plus les choses par plaisir, mais pour éviter les reproches; le mur du silence, l’arme masculine par excellence; et le mépris. Pour éviter d’empoisonner son couple, il est donc indispensable de vider ses poubelles tous les jours. Les sentiments qui ne s’expriment pas sur le moment, s’accumulent, jusqu’à la rupture.» (apic/pt)
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