Zurich: Le jésuite indien Alexis Prem Kumar raconte sa captivité en Afghanistan
Zurich, 9 juin 2015 (Apic) Le jésuite indien Alexis Prem Kumar a été retenu en otage pendant huit mois et vingt jours par les talibans, en Afghanistan. Le 4 juin dernier, il a raconté, à l’aumônerie universitaire catholique aki, à Zurich, les circonstances de sa détention, et comment il a malgré tout gardé confiance en Dieu.
Le 2 juin 2014, le jésuite rentrait serein, avec quelques professeurs, d’une visite dans une école de Sohadat, à l’ouest de l’Afghanistan, où le Service jésuite pour les réfugiés (JRS) aide depuis 2005 des déplacés à se nourrir, à se vêtir et à se former. C’est alors que quatre hommes armés ont sauté hors d’un véhicule tout-terrain, les ont poursuivis et se sont saisi du jésuite. «Nous avons couru pour sauver nos vies», affirme le Père Prem. «Je ne savais pas pourquoi ils m’avaient pris et où ils m’emmenaient. Je savais juste que c’était sérieux». Durant sa détention, il a été transféré dans neuf lieux différents. Ces séjours étaient de diverses longueurs, «les talibans faisaient en sorte que personne ne puisse savoir où je me trouvais».
Dans la bonne humeur, grâce à sa confiance en Dieu
Un an après, l’Indien apparaît décontracté dans les jardins de l’aki, à Zurich. Il parle de son expérience sans douleur, ni pathos, mais avec une immense confiance en Dieu. «En captivité, j’avais beaucoup de temps pour prier. Je priais chaque jour pendant trois heures. Je ressentais que Dieu était à mes côtés, plus présent que jamais». Le religieux veut maintenant partager avec les autres cette expérience spirituelle.
Dans le cercle où une vingtaine d’auditeurs sont assis, les gens sont impressionnés et surpris par la décontraction et la joie du Père Prem. Tous se demandent comment il est possible de conserver une si bonne humeur après une si terrible expérience? Le jésuite explique que c’est la confiance en Dieu et en sa congrégation qui lui a donné cette force. Il a toujours su que le JRS ferait tout ce qu’il pourrait pour le retrouver.
Quand la victime pardonne au bourreau
Les talibans ne savaient pas que l’Indien était un prêtre catholique. Ils lui ont demandé de nombreuses fois pour quoi il priait. «Je prie pour vous», répondait-il. Même si au début, il a été en colère, il a appris, au fil du temps, à appliquer un des aspects les plus importants de la doctrine chrétienne: le pardon. Le jésuite est persuadé que ces presque neuf mois de captivité ont été une façon pour Dieu de le mettre à l’épreuve. Si, au début, il ne priait que pour sa libération, il a fini par prier pour ses ravisseurs. Il souligne que si certains d’entre eux le rabaissaient, la plupart étaient plutôt gentils avec lui. Il y en avait un en particulier dont il se sentait particulièrement redevable. «Il m’a donné à manger, s’est occupé de mes blessures et m’a donné une petite radio. Dieu soit loué, la radio émettait les émissions du Vatican. Ainsi je ne me sentais pas seul». Il est persuadé que ce gardien était un cadeau de Dieu. A la fin de son récit, le jésuite veut encore une fois partager sa confiance en Dieu avec les participants: «Dieu est là, toujours et partout. Il n’y a qu’à l’appeler. Comme il est dit dans l’Evangile de Matthieu: Frappez, et l’on vous ouvrira!» (Mt 7,7). (apic/kath/rz)