Le spectacle "Aurorium" est projeté sur le plafond de l'église Saint-Jacques, à Zurich | © Vera Rüttimann
Suisse

Zurich: «Aurorium», ode multimédia à la création du monde

Le spectacle sons et lumières «Aurorium» illustre, dans l’église réformée Saint-Jacques à Zurich, les trois premiers jours de la création du monde. La manifestation, réalisée par un collectif d’artistes, est à voir jusqu’au 16 mars 2019.

Tous les soirs à 19 heures, le plafond de l’église Saint-Jacques disparaît pour laisser place à de multiples couleurs, motifs et objets, dans des variations toujours nouvelles. L’installation «Genesis», en l’espace de 30 minutes, emmène les visiteurs loin de la frénésie de la vie quotidienne. Pour assister aux trois premiers jours de la création en couleurs et en formes, il faut d’abord s’asseoir puis s’allonger sur le sol de l’édifice.

Sons et lumières

On peut alors admirer l’émergence du jour et de la nuit, la séparation des eaux et des cieux, l’apparition de la terre, de la mer et de la végétation. Le visionnement est accompagné des pièces «Urlicht» de Gustav Mahler et «Die Himmel erzählen die Ehrer Gottes», dans l’oratorio «Die Schöpfung» (La Création) de Joseph Haydn. Les morceaux classiques sont entrecoupés de musique contemporaine, avec les sons électroniques du groupe islandais Sigur Ros et du musicien américain Shigeto.

Les spectateurs peuvent s’allonger pour voir au mieux le spectacle | © Vera Rüttimann

Ce spectacle multimédia impressionnant est l’œuvre de l’équipe de «Projektil», menée par le Zurichois Philippe Trawnika. Le producteur exécutif du collectif d’artistes, composé d’animateurs 2-D/3-D, de musiciens, d’organisateurs d’événements et de programmateurs, s’est spécialisé dans la technique du «Videomapping», qui permet de saisir avec précision la structure et la forme d’un espace en trois dimensions. L’équipe de huit personnes de «Projektil» a travaillé sur ce projet pendant plus de huit mois.

Découvrir les bâtiments

Il a débuté lorsque Roman Beranek, directeur artistique du collectif, a eu l’idée de réaliser une œuvre dans un espace sacré, hors des parlements ou des musées habituels. Le choix s’est porté sur l’église Saint-Jacques, qui se prête bien aux projections en raison de sa configuration proche d’une salle de spectacle. Quand il a contacté Verena Mühlethaler, pasteure de l’église ouverte Saint-Jacques, il a trouvé fort bon accueil. «Il était important pour eux que nous nous accordions sur une thématique concernant aussi l’Eglise», souligne Philippe Trawnika. Le projet «Genesis Zurich» est ainsi né de cette coopération.

Le spectacle «Aurorium» représente les trois premiers jours de la Création | © Vera Rüttimann

Tous les collaborateurs de «Projektil» viennent d’un milieu chrétien. La religion joue un rôle important dans la vie de Philippe Trawnika, même s’il souligne que «Genesis Zurich» n’a pas de revendication religieuse. L’objectif du spectacle sons et lumières est plutôt d’inviter les personnes à redécouvrir, sous un angle nouveau, les bâtiments mis en valeur, avec tous leurs particularités architecturales. «Plus un bâtiment est naturellement poussiéreux, plus l’effet de notre art lumineux est réussi», ajoute-t-il.

Méditation visuelle

Philippe Trawnika a déjà constaté un effet particulier des premières séances dans l’église Saint-Jacques. «Le spectacle semble mettre beaucoup de personnes dans un mode différent. De moins en moins de gens ont peur de s’allonger sur le sol et de laisser les images et la musique produire un effet sur eux. Pour certains, après une journée stressante au bureau, c’est une sorte de méditation qui leur permet de se ressourcer physiquement et émotionnellement». Ils peuvent aussi profiter d’écouter ou de voir des artistes qui se produisent en direct, dont le groupe «More than Classic», l’organiste Sacha Rüegg, ou encore l’artiste visuel François Chalet.

Trip de drogue sans drogue

«Projektil» prévoit de reconduire le spectacle en 2020. Le collectif entend profiter de l’engouement actuel pour les festivals sons et lumières. «Ce genre de spectacles provoque des émotions intenses, assure Philippe Trawinka. Il y a quelque chose de magique à travailler avec la lumière. Cela vous touche directement au cœur.»

Beaucoup ressortent de l’église ouverte avec un large sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux. Verena Mühlethaler est également enthousiasmée par le spectacle: «Je trouve que c’est une représentation fantastique des trois premiers jours de la création, qui ne peut que surprendre. Je n’ai jusqu’à maintenant entendu que des réactions enthousiastes. Quelqu’un a dit que c’était comme un trip de drogue, mais sans la drogue». (cath.ch/kath/vr/rz)

Le spectacle «Aurorium» est projeté sur le plafond de l'église Saint-Jacques, à Zurich | © Vera Rüttimann
22 février 2019 | 10:36
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Art (132), Culture (115)
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