«500 ans de la Réforme»-»600 ans de Nicolas de Flüe»
Comment catholiques et réformés peuvent-ils encore mieux marcher ensemble? Les participants à une table-ronde, réunie le 1er avril 2017 à Zoug, ont émis diverses idées. Cette discussion, suivie par environ 350 personnes dans l’église réformée de la ville, était l’une des manifestations de la journée commémorative œcuménique organisée à l’occasion des 500 ans de la Réforme et des 600 ans de la naissance de Nicolas de Flüe, l’ermite du Ranft.
Pour la première fois depuis 500 ans, réformés et catholiques de Suisse fêtent ensemble la Réformation, s’est félicitée la professeure de théologie catholique Eva-Maria Faber dans son exposé d’ouverture intitulé: «Où nous (re)trouvons-nous sur le chemin vers le centre?” On peut s’étonner de ce tournant. Pour elle, il s’agit d’un événement de la grâce. Mais après les réflexions de la théologienne sur la manière de dessiner ensemble ce cheminement, il apparaît assez vite que la démarche ne sera pas gratuite pour les deux confessions.
L’unité est plus qu’une convivialité amicale dans laquelle chacun continuer à s’affirmer aux dépens de l’autre. Les réformés doivent s’efforcer d’établir un lien ferme, tandis que les catholiques doivent cesser de parler d’unité comme s’ils possédaient déjà un concept crédible. «Nous devons apprendre à faire des pas concrets, avant même de connaître exactement le but», lance-t-elle en guise d’encouragement à l’adresse des catholiques.
Pour Eva-Maria Faber, les deux confessions doivent enfin apprendre que leurs forces respectives sont aussi leurs faiblesses, si elles restent figées dans leur partialité. Peut-être peut-on apprendre de Nicolas de Flue comment atteindre le centre en sortant de sa particularité confessionnelle
Enfin la théologienne invite à réfléchir au fait que la grâce qui a conduit à ce tournant de l’œcuménisme pousse aussi les chrétiens à se positionner ensemble face aux défis actuels. Plutôt que de s’arrêter derrière les barrières.
Passer du diagnostic à la thérapie
Pour Gottfried Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) cette approche ne semble pas vraiment nouvelle. Le plus lancinant est que le diagnostic est tout à fait clair. «Mais comment passer du diagnostic à la thérapie? Que conseillez-vous?» interpelle-t-il directement la professeure de Coire.
Eva-Maria Faber plaide pour un début à petits pas, possibles à tous les niveaux. Se préoccuper des questions de structures est à ses yeux un signe de pauvreté. Dans l’Eglise catholique ces questions structurelles jouent précisément un grand rôle, critique-t-elle. Une proposition concrète serait qu’un délégué réformé prenne part aux séances de la Conférence des évêques suisses et qu’un représentant catholique participe aux réunions du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. Une idée quittancée par les applaudissements du public.
C’est le manque d’argent qui forcera l’œcuménisme
Gottfried Locher se défend. Il existe déjà des rencontres régulières entre réformés et catholiques. Il rejette l’idée de séances communes dans lesquelles des décisions seraient prises.
Pour le président de la FEPS, la thérapie viendra de l’extérieur: le manque d’argent! Si les Eglises ont moins d’argent, elles seront forcées de négocier ensemble. Il encourage à faire fructifier cette année de jubilé pour l’œcuménisme. Ainsi une paroisse catholique pourrait célébrer le dimanche de la Réformation et une communauté réformée vivre le mercredi des cendres. «Nous sous-estimons la signification de ce jubilé», conclut-il.
Vivre l’Evangile
Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, propose de reprendre la tradition de la dispute théologique pour faire progresser l’oecuménisme. «Je suis dominicain. Pour moi il y avait quelque chose de bon au Moyen-Age. Peut-être que pour notre thérapie, nous pourrions nous tourner vers la dispute théologique médiévale.»
Mais pour le président de la Conférence des évêques suisses, le témoignage commun des chrétiens revêt une grande importance. Les chrétiens doivent toujours monter ce que cela signifie être chrétiens. «Sinon nous ne sommes pas des disciples du Christ. Nous devons montrer que nous vivons l’Evangile.»
Le pasteur réformé Hansruedi Vetsch partage un avis analogue. «On nous mesurera à notre crédibilité. Et celle-ci ne vient pas de l’argent «, avertit le président de la fondation Bruder Klaus de Frauenfeld. Il regrette qu’aujourd’hui beaucoup de personnes cherchent leur centre mais ne le trouvent pas dans les Eglises. (cath.ch/kath.ch/bl/mp)