Zimbabwe: Mugabe attaque les évêques qui «font de la politique»
Un président âgé et tenace
Harare, 4 mai 2007 (Apic) Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a fortement dénoncé l’attitude des évêques catholiques qui «font de la politique», après la publication d’une lettre ouverte très critique à l’égard de son régime, a rapporté vendredi la presse d’Etat.
La Conférence des évêques catholiques du Zimbabwe avait dressé un sombre tableau du régime de Mugabe, dans une lettre ouverte lue dans toutes les églises du pays le dimanche des Rameaux. Elle y dénonçait une répression «toujours plus dure» face aux «souffrances du peuple». Pour les évêques catholiques, la crise traversée par le pays est une «crise de gouvernance et une crise de leadership autant qu’une crise spirituelle et morale.»
Selon The Herald, R. Mugabe, lui-même catholique, aurait déclaré: «Si j’étais allé à l’église et que le prêtre avait lu cette soi-disant lettre pastorale, je me serais levé et j’aurais dit que c’était absurde». Il a reproché aux évêques de faire de la politique et de délaisser le côté spirituel et religieux de leur tâche. Il a mis en garde contre cette attitude qu’il considère comme dangereuse.
Robert Mugabe, 83 ans et au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1980, a précisé que cette lettre pastorale était une absurdité politique qui ne fait pas référence aux raisons pour lesquelles le pays se trouve dans la situation actuelle. Il s’est dit prêt à parler avec certains évêques, mais pas à Mgr Pius Ncube, archevêque de Bulawayo, l’un de ses plus virulents opposants. Le président zimbabwéen voit en cet évêque un homme qui implore Dieu contre lui.
L’archevêque de Bulawayo, quant à lui, qualifie R. Mugabe de «fou du pouvoir». Il revendique haut et fort une réelle implication dans la crise zimbabwéenne. «L’Eglise a un rôle prophétique et doit répandre la vérité quand personne d’autre n’ose le faire», a-t-il déclaré dans un entretien avec le quotidien britannique Daily Telegraph.
Très isolé sur la scène internationale depuis la réélection de R. Mugabe en 2002, le Zimbabwe connaît une véritable récession économique et un taux de chômage avoisinant les 80%. (apic/ag/js)